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23.12.03

Laïcité... ou athéisme intolérant?

La République (qui s'oppose volontiers à la démocratie, chez un Chevènement ou un Debray, par exemple, ce qui ne laisse jamais de me fasciner) est-elle un Etat athée, anti-religieux militant, et pas seulement neutre et indépendant vis-à-vis de toutes les religions (et particulièrement la dominante dans une société donnée)? C'est l'impression que donne le débat sur le voile.

L'athéisme est cette religion anti-religieuse (dont la Révolution française a aussi été une expression, avec son culte de l'Etre Suprême), appelée aussi rationalisme en français et "humanism" en anglais. En vérité je m'y reconnais assez, même si je me considère comme sociologiquement ou culturellement protestant -- sauf justement sur l'aspect prosélyte, militant.

La hantise du communautarisme, que les laïcards opposent à l'intégration (alors qu'il n'y a probablement pas de société dans laquelle l'intégration dans le modèle national se réalise plus rapidement et plus complètement que cette patrie honnie de tous les communautarismes, les Etats-Unis) conduit par exemple en France à vouloir interdire les heures réservées aux femmes dans les piscines! Outre les religions, la laïcité militante paraît avoir un problème avec la diversité ou même (pour faire dégoûtant, comme disait Françoise Giroud à propos du mot "profit") le marché: c'est la simple attention à des besoins différents qui peut conduire une piscine à réserver certaines plages horaires aux femmes désireuses d'échapper à la concupiscence masculine, à ceux qui veulent pouvoir faire des longueurs sans être dérangés par les plongeurs et autres jeux voire à ceux qui aiment se baigner nus (en épargnant cette vue à ceux que cela embarrasse).

Un Etat neutre et indépendant est utile pour assurer occasionnellement la balance entre des intérêts et des valeurs opposées: pas de problème avec le voile, mais pas de compromis sur la scolarisation des filles. Mais cela requiert du pragmatisme, pas un ukase présidentiel qui rassemble la France bien pensante de la gauche à la droite.

21.12.03

Découverte

Allez faire un tour sur Gene Expression, le blog d'un biochimiste programmeur originaire du Bengladesh qui vit en Oregon. Moi je suis entré dedans par ce billet hilarant signalé pas Laurent le Polyscopique, mais il y a plein d'autres choses intéressantes à lire.

Libye: justesse d'une stratégie

Ceux qui croyaient que la prolifération d'armes de destruction massive dans des Etats qui (contrairement à Israël, mais c'est évidemment une distinction trop subtile) ont rompu avec la communauté internationale et sont prêts à s'allier avec tous les terrorismes n'était qu'une invention de Bush et Blair pour jouer aux cow-boys ont dû être surpris de l'annonce du colonel Kadhafi: aveu dûment documenté suivi d'actes de contrition tangibles. Voir en anglais la déclaration de la Libye, celle de Tony Blair et celle de George Bush.

On ne peut que rester pantois devant certains commentaires. Dans une référence à peine voilée à l'intervention en Irak, le Haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, Javier Solana, déclare: "Cela prouve à l'évidence que la diplomatie peut l'emporter en matière de prolifération des armes nucléaires, biologiques et chimiques".

Depuis quand la diplomatie peut-elle exister sans s'appuyer sur la menace du recours à la force (et cette menace être crédible sans qu'elle soit réellement susceptible d'être mise en oeuvre)? Si la France, l'Allemagne, la Russie, la Chine et Solana l'avaient emporté, la belle résolution 1441 adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité serait restée lettre morte (et Saddam serait toujours président). Croient-ils réellement qu'il n'y a pas pas un lien de cause à effet si c'est en mars 2003 que Kadhafi a entamé ses démarches avec les diplomaties britannique et américaine (et elles seules)?

Comme l'a fort bien dit le président Bush: "Notre accord avec la Libye a abouti par la diplomatie discrète, mais il est le résultat de politiques et de principes annoncés à tous".

Kadhafi y gagne certes une consolidation de son pouvoir, qui est à n'en pas douter au détriment de son peuple. Mais il faut espérer que l'ouverture du pays qu'il engage, si elle est évidemment différente de la thérapie de choc pour sortir du totalitarisme que connaît l'Irak, produira aussi, à terme, des effets intérieurs. En Arabie saoudite, ce sont des élections locales qui s'annoncent...

19.12.03

Constitution européenne

La joie de la capture de Saddam Hussein m'a fait oublier le billet que je prévoyais de rédiger dimanche, et la question européenne est un des sujets sur lesquels je voudrais assurer une certaine continuité: je suis à vrai dire soulagé que la Conférence intergouvernementale ait renvoyé à des temps meilleurs ses travaux sur le projet de traité établissant une Constitution pour l'Europe. D'abord parce que les membres du Conseil européen, rentrés dans leurs foyers dès samedi après-midi au lieu de passer une nuit blanche jusqu'au dimanche, ont bien su dédramatiser la situation. Mais surtout parce qu'ils ont évité le piège de Nice: un accord à tout prix, qui se révèle nuisible à tête reposée. Le projet de la Convention était déjà à la limite du praticable, mais les exigences des uns et des autres menaçaient de rendre vraiment l'exercice désastreux.

Il est salutaire pour l'avenir de l'Union que le forcing de la France et de l'Allemagne ait été mis en échec. Peut-être est-il d'ailleurs préférable que les nouveaux pays membres fassent eux-mêmes l'expérience du besoin d'améliorer le fonctionnement des institutions de l'Union européenne. Et pourquoi ne pas renoncer à la symbolique d'une Constitution (passablement artificielle tant que le traité qui l'institue ne contient pas des modalités d'adoption et de révision propres qui ne relèvent plus, ensuite, du droit international) et viser déjà un traité unique et cohérent?

Légalisation des drogues: sortir des impasses de la prohibition

Un intéressant texte de Vincent Bénard, sous forme de questions / réponses, pour l'Institut Hayek à Bruxelles ("libéral et atlantiste"), que j'aurais déjà dû signaler ici depuis longtemps. C'était le thème de mon tout premier article dans l'hebdomadaire indépendant de gauche suisse romand Domaine Public, à la fin des années 70...

Sur son blog, Liberté, Vincent renvoie également à un complément de Laurent le Polyscopique.

L'Irak place l'ONU devant ses responsabilités

Comme de juste, Le Temps n'en a soufflé mot (après résistance et collabos, le vocabulaire appliqué par ce journal pour traiter de la situation en Irak s'est enrichi aujourd'hui de délateur: celui qui a permis la capture de Saddam). Le Monde, lui, y a consacré un article dans son édition datée de jeudi (sortie mercredi midi, donc). De quoi s'agit-il? D'une intervention marquante du ministre des affaires étrangères irakien, Hoshyar Zebari, devant le Conseil de sécurité, mardi 16 décembre (dans un débat organisé à l'initiative de la France et de l'Allemagne!):

"Dans son discours public, M. Zebari a eu des mots très critiques pour les Nations unies. 'L'ONU n'a pas réussi à aider à sauver le peuple irakien d'une tyrannie meurtrière qui a duré plus de trente-cinq ans. Aujourd'hui, les milliers de victimes que nous déterrons sont comme l'horrible testament de cet échec', a-t-il dit, avant d'ajouter: 'L'ONU ne doit pas échouer de nouveau avec le peuple irakien.' Une même volée de bois vert a été administrée aux pays qui s'étaient opposés à la guerre, rangés dans la catégorie des 'pays qui voulaient apaiser Saddam Hussein', par opposition à 'ceux qui voulaient le mettre devant ses responsabilités'. 'Régler ses comptes avec les Etats-Unis ne devrait pas se faire au détriment de l'aide à apporter aux Irakiens pour assurer la stabilité du pays', a-t-il dit."

Et le représentant du Conseil intérimaire de gouvernement irakien a poursuivi sur sa lancée en flétrissant l'attitude de l'Organisation, qui évacué l'Irak après l'attentat dont elle a été victime et prétend désormais agir depuis Chypre.

Ce n'était pas dans Le Monde, mais dans la presse anglo-saxonne: à la sortie, Kofi Annan était plutôt secoué et a assez faiblement déclaré que ce n'était pas le moment de faire ce genre de déclaration. Il est vrai qu'il porte déjà la croix de l'évacuation de l'ONU au Rwanda avant le massacre.

Dogme

Saddam Hussein a donc été rayé de la liste des descendants de Mahomet...

Cela me rappelle ce gag entendu à la BBC: un pirate s'est introduit dans la base de données du Vatican; le Christ est désormais mort d'empoisonnement alimentaire à l'âge de 29 ans.

15.12.03

Pour mémoire

Le grand reporter du Daily Telegraph, David Blair, publie aujourd'hui un portrait de Saddam Hussein. Il mérite la lecture surtout pour le rappel glaçant de combien le dictateur est arrivé près de son but: s'imposer comme le leader du monde arabe et dominer l'ensemble du Proche-Orient. Car Saddam n'était pas un tyran seulement pour la consommation intérieure, à l'image de Mobutu ou de Mugabe, il avait un dessein géopolitique nourri de références à Saladin. Et c'est sa précipitation (envahir le Koweit avant d'avoir maîtrisé l'arme atomique) et sa présomption (ne pas évacuer ce qui, à l'époque, aurait suffit à éviter la première guerre du Golfe) qui ont précipité sa perte autant, sinon plus, que la capacité des démocraties (ou du moins de certaines d'entre elles!) à mieux résister à la menace totalitaire que par le passé.

14.12.03

Fins de tyrans

Ainsi donc Saddam Hussein ne sera pas mort dans son lit, comme son modèle Joseph Staline. Ni en exil doré, comme Idi Amin Dada. Il ne s'est pas donné la mort, en une ultime pirouette, comme Adolf Hitler (certains témoignages selon lesquels, en d'autres circonstances, il avait ordonné à son garde du corps de ne pas le laisser capturer vivant témoignent d'une incapacité caractéristique à aller jusqu'au bout des conséquences de ses actes). Il a échappé à l'exécution sommaire d'un Nicolae Ceaucescu, grâce au fait qu'il n'a pas été capturé seulement par des Irakiens (dont nombre seraient trop heureux de lui faire subir le traitement qu'il a infligé à tant de leurs proches) mais aussi par des Américains: il est donc vivant, sous bonne garde, il sera jugé puis, vraisemblablement, exécuté ou détenu à vie.

L'occasion d'aller voir ce qu'en diront les bloggers irakiens, en particulier Alaa The Mesopotamian et Zeyad de Healing Irak. Jetez aussi un coup d'oeil aux récits de ce dernier (avec photos) sur les grandes manifestations anti-terrorisme du 10 décembre dans les villes d'Irak: confirmant sa partialité délibérée, Le Temps n'en a pas touché un mot (et les lendemains d'élection du Conseil fédéral n'excusent pas tout), alors que Le Monde, au moins, y a consacré un article.

12.12.03

Reconstruction en Irak

Je ne sais pas ce que vaut l'argument tiré, si, je comprends bien, de l'égalité de traitement devant l'accès aux marchés publics. Mais le cynisme de la France et de l'Allemagne, relayées par l'Union européenne, pour exiger leur part du Plan Marshall pour l'Irak voté par le Congrès avec l'argent des contribuables américains (et d'eux seuls), est sidérant.

La raison invoquée par les Américains pour limiter le marché aux 63 pays de la Coalition, la sécurité, ne me paraît pourtant pas dénué de fondement: non pas tant que l'on puisse craindre une activité subversive d'entreprises françaises ou allemandes, mais simplement parce que des entreprises extérieures aux pays de la Coalition représenteraient, pour leur protection, un fardeau politico-psychologique dont la Coalition et les nouvelles autorités irakiennes peuvent se passer; on se souvient des accusations à l'égard des Américains qui avaient mal protégé l'ONU à Bagdad, avant d'apprendre que c'est par incompétence et calcul politique que l'ONU avait refusé cette protection.

Mais les Américains auront toujours tort quoi qu'ils fassent. C'est la méthode de Villepin: d'abord on fait tout pour retarder et compliquer la décision; ensuite on refuse néanmoins sa participation; on ne s'abstient pas pour autant de donner des leçons, voire de souffler sur la braise si l'on peut; et on réclame autant de droit que ceux qui ont, concrètement, assuré la destruction d'un régime tyrannique, aux bénéfices du développement et à la reconnaissance générale -- voire sans doute davantage puisque l'on ne s'est pas compromis par l'action...

11.12.03

Politique fiction

Il y a eu des petites manifs spontanées, hier, dans quelques villes de Suisse pour protester contre la composition du nouveau Conseil fédéral (en particulier l'éviction de deux femmes). Et les commentaires vont bon train sur ce gouvernement masculin, âgé et très orienté à droite:

- 2 socialistes: Moritz Leuenberger (ZH) et Micheline Calmy-Rey (GE); ironiquement, la droite ne leur a pas mesuré ses voix...

- 2 Schweizerische Volkspartei (en français, par anti-phrase, l'Union démocratique du centre): Samuel Schmid (BE), agrarien, et Christoph Blocher (ZH), populiste

- 2 radicaux: Pascal Couchepin (VS), droite intelligente mais sans complexe, et Hans-Rudolf Merz (AR), droite dure

- 1 PDC: Joseph Deiss (FR), pratiquement hermaphrodite politiquement et linguistiquement

Certains auraient voulu non plus un gouvernement de concordance mais une orientation majoritaire sur un programme, rejetant dans une opposition totale soit l'UDC, soit le PS. Le premier scénario a été sérieusement caressé à gauche: il installait un Conseil fédéral progressiste, pro-européen et féminisé (mais bonne chance avec le parlement et le peuple!):

- 2 socialistes: Moritz Leuenberger et Micheline Calmy-Rey

- 2 radicaux: Pascal Couchepin et Christine Beerli (BE)

- 2 PDC: Ruth Metzler (AI) et Joseph Deiss

- 1 Vert: Ruth Genner (ZH)

Le deuxième scénario n'a pas vraiment été précisé, on peut penser qu'il aurait compris:

- 2 UDC: Samuel Schmid et Christoph Blocher

- 2 radicaux: Pascal Couchepin et Hans-Rudolf Merz

- 2 PDC: Ruth Metzler et Joseph Deiss

- 1 libérale: Martine Brunschwig Graf (GE)

Dans la représentation partisane retenue par les Chambres fédérales hier, on aurait pu espérer une composition différente:

- 2 socialistes: Moritz Leuenberger et Micheline Calmy-Rey

- 2 UDC: Samuel Schmid et Christoph Blocher

- 2 radicaux: Pascal Couchepin et Christine Beerli

- 1 PDC: Ruth Meztler

Mais ce sont aussi des calculs pas toujours francs qui ont conduit des PDC, des socialistes et bien sûr l'extrême gauche à préférer la politique du pire en faisant élire Merz plutôt que Beerli, et ce sont les PDC qui ont sacrifié Metzler à Deiss...

Personnellement, j'aurais vu quelque chose de légèrement différent:

- 2 socialistes: Moritz Leunberger et Micheline Calmy-Rey

- 2 UDC: Samuel Schmid et Christoph Blocher

- 2 PDC: Ruth Metzler et Joseph Deiss

- 1 radical: Pacal Couchepin

Ruth Metzler étant appelée à la présidence du Conseil fédéral, on aurait pu imaginer qu'elle démissionne à la fin de l'année prochaine et que son siège soit alors repourvu par un ou une radical-e. Manifestement, ma croyance dans les égards dus aux magistrats sortants relève d'une époque révolue...

COMPLEMENT DU 14.12.03: Il y a eu une manifestation nationale samedi, pour protester contre la sous-représentation des femmes à l'exécutif. Ce type de préoccupations doit surprendre à l'étranger... Mais cela tient probablement au fait que les droits politiques des femmes ont été chèrement acquis, votations d'hommes après votations d'hommes, et remontent sur le plan fédéral à 1971 seulement! C'est un sujet sur lequel j'ai un point de vue particulièrement tranché: seule la parité intégrale du législatif est acceptable, car il s'agit de représenter la société dans son identité irréductible d'êtres qui sont homme ou femme. Et il ferait alors beau voir que le parlement élise un gouverment composé d'un seul membre sur sept de l'autre sexe.

10.12.03

Election du Conseil fédéral

Ah! Quand même... Depuis ce matin impossible de me connecter à Blogger; ce n'est pas la première fois que ça arrive (et Norman Geras, qui avait prévenu les prosélytes de la concurrence, au lancement de son blog, qu'il n'était pas un Movable Type, a fini par craquer pour Type Pad qui l'héberge dorénavant).

Or donc Christoph Blocher a été élu l'un des sept membres du Conseil fédéral, l'organe qui en Suisse cumule le rôle de chef de l'Etat (collectif) et de gouvernement (chacun des sept préside un département ministériel). Il n'a pas pris la place vacante du radical démissionnaire, comme je l'aurais trouvé élégant, mais l'un des deux sièges démocrate-chrétiens: le plus petit et le plus hétéroclite des trois partis bourgeois (comme on dit dans le vocabulaire politique suisse pour désigner la droite gouvernementale). Les deux socialistes et le radical sortants qui se représentaient ont été réélus brillamment, le démocrate-chrétien rescapé moins bien, et des deux candidatures radicales en lice pour le siège à pourvoir c'est l'homme, probablement plus à droite, plutôt que la femme, probablement plus centriste, qui a été élu.

La perdante de la journée, c'est Ruth Metzler qui a néanmoins réussi sa sortie: un discours simple, direct, sans pathos ni acrimonie, pour prendre congé après 5 ans au Conseil fédéral au moment précis où, selon la tradition, elle devait en devenir pour une année la présidente... Elue à la magistrature suprême à 34 ans, elle a toujours su qu'il y aurait une vie après le gouvernement même si elle n'imaginait pas se retrouver retraitée à 39 ans! Une suggestion: qu'elle prenne, le moment venu, la tête du comité de soutien à la loi fédérale sur le partenariat enregistré pour les couples de même sexe qu'elle n'a pas peu contribué à faire avancer et qui viendra en votation populaire en 2005, 2006 ou 2007...

Sa consolation, et une leçon de choses sur les institutions politiques suisses: si Blocher reprend le département fédéral de justice et police, il devra défendre devant le Conseil des Etats cette loi fédérale (contre laquelle il a voté comme conseiller national), puis il mènera la campagne en vue de son approbation par le peuple en votation (contre tout ou partie de ses troupes).

A cet égard, la matinée a été riche en interprétations grotesques, du socialiste Franco Cavalli se lamentant que Blocher avait été élu premier ministre jusqu'à ce parlementaire du parti de Blocher proclamant que son élection allait remettre en cause la libéralisation du cannabis (à défaut de faire marcher les paralytiques). La réalité est moins spectaculaire: traditionnellement plus ouvert, plus à gauche que le parlement, qui l'est lui-même davantage que le peuple, le nouveau Conseil fédéral réduit l'écart dans cet ajustement systémique perpétuel aux évolutions de la société.

Blocher a bien manoeuvré pour arriver à ses fins face à l'affolement et à la dispersion des partenaires gouvernementaux mis sous pression par des médias avides de spectacle. Aux socialistes de ne pas se retrouver dans les cordes, maintenant; mais la droite dure n'a pas non plus intérêt à une polarisation excessive...

7.12.03

Le professeur boute-en-train

Norman Geras fait partager aux lecteurs et lectrices de son blog une réflexion intellectuelle d'un haut niveau, qu'il s'agisse de marxisme, de droit international ou d'éthique, largement liée à son activité de professeur (désormais honoraire, ça lui laisse probablement plus de temps...) à l'Université de Manchester. Il est certainement la voix la plus articulée de cette gauche en faveur de l'intervention en Irak qui sauve l'honneur.

Mais son blog est bien davantage et reflète de nombreuses facettes de ce Juif né en Rhodésie (aujourd'hui le Zimbabwe), passionné de cricket, de foot et de folk-song. Et il n'hésite pas à se muer en "gentil organisateur" pour lancer les hit-parades les plus divers et animer la blogosphère. C'est à ce titre qu'il publie, le vendredi, un portrait en forme de questionnaire de Proust (comme on dit en français) d'autres blogeurs... L'autre jour c'était mon tour. Thank you, Norman!

Ces altermondialistes qui prolongent le sida

Stephen Pollard publie, sur son blog et dans The Times d'hier, un papier provocateur mais bien envoyé: les groupes d'activistes qui prennent pour cible l'industrie pharmaceutique par anticapitalisme primaire ne font que retarder l'apport d'une solution pour les 42 millions de personnes touchées par le virus dans le monde. C'est un thème également récurrent chez Andrew Sullivan.

Cela ne veut sans doute pas dire que le capitalisme sans frein est la mère de toute les vertus: si l'industrie pharmaceutique a donné 2 milliards à l'Afrique, comme l'en crédite Pollard, c'est aussi le résultat d'une saine dialectique entre intérêt à court et à long terme. Le travail de la Fondation Clinton, par exemple, est admirable. Mais il n'en demeure pas moins que l'absence de sens économique (ou de sens pratique tout court) de certains militants poussés par leurs seuls bons sentiments est désespérant.

4.12.03

Blog sans fil?

Avec un peu de retard, je signale un supplément du Monde sur la Toile sans fil (les articles ne sont toutefois en ligne qu'individuellement et contre paiement).

Pour l'occasion, je voulais composer et mettre en ligne ce billet depuis mon nouveau jouet: un Tréo 600 (agenda électronique Palm + téléphone portable avec accès GPRS à l'Internet + appareil photo digital rudimentaire), mais ça n'a pas marché: quelque chose ne joue pas entre le navigateur web et le programme de publication du blog...

3.12.03

Partenariat enregistré: tout est sur le web!

Je ne m'étais pas encore rendu compte de toute la richesse et l'étendue de l'info disponible sur le site du parlement (en français, allemand et italien, ainsi que partiellement en anglais).

Bien sûr on peut y retrouver tous les documents. Mais il y a plus:

-- on peut suivre l'intégralité du débat en direct

-- le débat est également disponible de manière permanente sans délai, à la fois sous forme de texte (le débat de ce matin est déjà en ligne!) et sous forme vidéo, avec le choix entre Real Player et Windows Media Player (déjà le débat d'hier, très bientôt celui d'aujourd'hui).

Les liens:
-- séance du 2 décembre
-- séance du 3 décembre (première partie)
-- séance du 3 décembre (deuxième partie).

Loi sur le partenariat enregistré en Suisse (fin de l'épisode)

Voilà, c'est fini pour le Conseil national qui a transmis le projet au Conseil des Etats (chambre haute) par 118 voix contre 50. Ni la suppression de la clause interdisant l'adoption aux couples de partenaires, ni une proposition relative à l'adoption de l'enfant biologique de l'un-e des partenaires par l'autre n'ont passé la rampe. De mon point de vue, c'est mieux ainsi: cela concentre la discussion sur l'essentiel (un statut pour les couples de même sexe), et je suis optimiste sur le fait que, une fois la problématique de l'adoption examinée pour elle-même et dans son ensemble, une modification de la loi fédérale sur le partenariat enregistré interviendra tout naturellement. Sur un autre point, le Conseil national a rétabli la version du gouvernement, refusant de suivre la commission qui, de peu, voulait conserver pour les lesbiennes l'avantage que les femmes connaissent sur les hommes en matière de rente de veuve.

La suite en juin 2004. Après il y aura encore la demande de référendum, d'ores et déjà annoncée par les milieux chrétiens fondamentalistes, puis la votation populaire... Il n'y a pas de doute que le partenariat britannique, qui débute seulement maintenant sa phase parlementaire, aura lui été adopté depuis belle lurette.

2.12.03

Partenariat gay en Suisse

Après le rapport favorable de la commission, premier jour de débat au Conseil national (chambre basse du parlement fédéral) sur le projet de loi sur le partenariat enregistré pour les couples de même sexe: l'entrée en matière a été confortablement votée, par 125 voix contre 55 (sur 200).

On trouve ici un compte rendu en anglais, et une analyse en allemand, avec le détail du vote des parlementaires. Guillaume Barry est sur place et nous dira peut-être s'il a pu humer quelque chose de spécial dans l'atmosphère du lieu, mais pour le moment la seule surprise c'est la rapidité avec laquelle le projet prend l'allure de l'évidence. Proposé par le Conseil fédéral lui-même, largement approuvé en commission, ils recueille la voix favorable de parlementaires de la droite traditionnelle qui, depuis le lancement de la pétition nationale "Les mêmes droits pour les couples de même sexe" et encore tout récemment, s'y affirmaient opposés... On ne leur jettera pas la pierre! Une nette majorité des démocrates-chrétiens ont ainsi suivi leur ministre de la justice, Ruth Metzler-Arnold: auraient-ils enfin pris conscience qu'un statut de partenariat pour les couples de gays et de lesbiennes ne menace nullement le mariage hétéro?

Demain la discussion continue avec le vote article par article, et quelques barouds d'honneur...

1.12.03

Journée mondiale du sida

A vrai dire, je ne pensais pas en parler. Mais il y a un texte de Laurent, sur Embruns justement, à lire absolument.

Navire essuie les embruns

Laurent Gloagen met fin à son blog navire.net... pour repartir de plus belle avec Embruns, carnet web. Allez y faire un tour.

"Initiative de Genève"

On annonçait Bill Clinton, ce fut Jimmy Carter qui vint en personne porter sur les fonts baptismaux le projet de traité négocié par des personnalités israéliennes et palestiniennes. Son originalité: mettre les points sur les i, écrire noir sur blanc et dessiner sur des cartes les modalités de la coexistence entre l'Etat d'Israël et le futur Etat de Palestine telles qu'elles ont, de fait, été dégagées lors des négociations Barak - Arafat à Camp David et à Taba, sans plus tourner autour du pot. Après la Constitution par traité international (pour l'Union européenne) ce texte pourrait bien donner lieu lui aussi à une nouveauté dans les formes juridiques: le traité virtuel qui finira par être imposé aux parties par la communauté internationale, avec occupation militaire pour en garantir l'exécution tout en rétablissant l'ordre et la sécurité que tant les Israéliens que les Palestiniens sont dans l'incapacité d'assurer. Reste à savoir si l'Etat de Palestine sera le Hong Kong du monde arabe, ou si l'Etat d'Israël est condamné à être son Taïwan.

La Suisse a eu ici une occasion de renouer avec un rôle de facilitateur, de lieu de rencontre, que la disparition de l'affrontement est-ouest lui avait fait perdre, et la ministre des affaires étrangères, la socialiste genevoise Micheline Calmy-Rey, par tempérament pragmatique et médiatique, entend bien en tirer le maximum. Tant la Télévision suisse romande que SwissInfo ont mis les grands moyens pour couvrir l'événement, non sans quelques embarrassants cocoricos, tel ce titre: "Genève offre son plan de paix au monde".

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