23.8.03
De Villepin (suite)
Le hasard veut que Le Monde de ce samedi publie justement une interview de Dominique de Villepin. Pas de question embarrassante sur le Hamas, bien sûr, ce n'est pas le genre du journalisme français, seulement l'occasion pour le fringuant ministre des affaires étrangères de prendre la pose, sabre au clair et la mèche au vent, donnant des leçons au monde entier. Son refrain:
"(...) il faut aller vite, car s'engage dans ces situations une course de vitesse entre des forces de déstabilisation et de démobilisation et l'exigence de recomposition. Et quand je dis qu'il faut aller vite en Irak, il faut aller beaucoup plus vite. D'une manière générale, je pense que la communauté internationale doit mieux prendre en compte les exigences de l'urgence."
Comme si ce n'était pas toujours la France qui avait freiné des quatre fers, d'abord pour la mise au point de la résolution 1441 du Conseil de sécurité, puis pour les conclusions à tirer de son non respect par Saddam Hussein, puis aujourd'hui.
De Villepin est la personnification de ce que la vie politique française a de plus détestable: le divorce entre la forme et le fond, la pureté des objectifs avancés et le cynisme des préoccupations réelles. "[I]l faut faire le choix de la volonté contre le chaos" ne peut que rappeler le mot de Michel Rocard (ou était-ce Pierre Mauroy?) à propos des début laborieux du socialisme de gouvernement: "Le volontarisme est le pire ennemi de la volonté"; mais il y a aussi une citation dans ce sens d'un gaulliste qui n'était pas, lui, d'opérette: "Le plus précieux et le plus rare, en politique, c'est de vouloir les conséquences de ce qu'on veut" (Maurice Schumann). Le panache ne masque pas la vacuité du bilan de Villepin, de l'Irak au Moyen-Orient, de la Côte d'Ivoire à l'affaire Betancourt. Avant d'être ministre, il n'était guère connu que des lecteurs du Canard Enchaîné comme le secrétaire général de l'Elysée, durant le premier mandat Chirac, qui a recommandé la dissolution de l'Assemblée nationale après deux ans, formidable auto-goal de la droite... Ce type a le mauvais oeil d'un flambeur de casino.
L'interview ayant paru hier soir à Paris, Le Temps de Genève répond ce matin dans un éditorial de Joëlle Kuntz:
"Après le massacre de l'ONU en Irak, ne faut-il pas regarder les choses autrement? Participer activement à la défaite des assassins afin de réinstaller l'organisation politique mondiale dans tous ses devoirs et fonctions, solennellement, à Bagdad? Car si l'ONU ne joue plus son rôle en Irak, elle n'en aura plus au Proche-Orient. Elle aura perdu, et nous avec elle, qui ne l'aurons pas défendue. Il ne servira à rien de protester en allant jeter des pierres contre les ambassades américaines."
"(...) il faut aller vite, car s'engage dans ces situations une course de vitesse entre des forces de déstabilisation et de démobilisation et l'exigence de recomposition. Et quand je dis qu'il faut aller vite en Irak, il faut aller beaucoup plus vite. D'une manière générale, je pense que la communauté internationale doit mieux prendre en compte les exigences de l'urgence."
Comme si ce n'était pas toujours la France qui avait freiné des quatre fers, d'abord pour la mise au point de la résolution 1441 du Conseil de sécurité, puis pour les conclusions à tirer de son non respect par Saddam Hussein, puis aujourd'hui.
De Villepin est la personnification de ce que la vie politique française a de plus détestable: le divorce entre la forme et le fond, la pureté des objectifs avancés et le cynisme des préoccupations réelles. "[I]l faut faire le choix de la volonté contre le chaos" ne peut que rappeler le mot de Michel Rocard (ou était-ce Pierre Mauroy?) à propos des début laborieux du socialisme de gouvernement: "Le volontarisme est le pire ennemi de la volonté"; mais il y a aussi une citation dans ce sens d'un gaulliste qui n'était pas, lui, d'opérette: "Le plus précieux et le plus rare, en politique, c'est de vouloir les conséquences de ce qu'on veut" (Maurice Schumann). Le panache ne masque pas la vacuité du bilan de Villepin, de l'Irak au Moyen-Orient, de la Côte d'Ivoire à l'affaire Betancourt. Avant d'être ministre, il n'était guère connu que des lecteurs du Canard Enchaîné comme le secrétaire général de l'Elysée, durant le premier mandat Chirac, qui a recommandé la dissolution de l'Assemblée nationale après deux ans, formidable auto-goal de la droite... Ce type a le mauvais oeil d'un flambeur de casino.
L'interview ayant paru hier soir à Paris, Le Temps de Genève répond ce matin dans un éditorial de Joëlle Kuntz:
"Après le massacre de l'ONU en Irak, ne faut-il pas regarder les choses autrement? Participer activement à la défaite des assassins afin de réinstaller l'organisation politique mondiale dans tous ses devoirs et fonctions, solennellement, à Bagdad? Car si l'ONU ne joue plus son rôle en Irak, elle n'en aura plus au Proche-Orient. Elle aura perdu, et nous avec elle, qui ne l'aurons pas défendue. Il ne servira à rien de protester en allant jeter des pierres contre les ambassades américaines."