23.10.03
Europes à géométrie variable?
L'accord sur le nucléaire iranien obtenu par Joschka Fischer, Jack Straw et Dominique de Villepin (j'ai pris l'ordre alphabétique des noms...) est certainement une bonne chose; reste évidemment à espérer que ses promoteurs assureront la garantie et le service après-vente mieux que le Conseil de sécurité après avoir voté la résolution 1441...
Mais voyons plutôt le côté people: en quoi les ministres des affaires étrangères allemand, britannique et français représentaient-ils l'Europe (l'UE)? Car c'est ce qui est dit, et on ne voit pas très bien en quoi ils auraient davantage été délégués par le G8 ou l'AIEA. Pour ne pas dire simplement: les trois principales puissances européennes actives dans l'industrie nucléaire et intéressées à de bonnes relations commerciales avec Téhéran? Mais je m'égare.
Selon les traités en vigueur, c'est le pays qui préside l'Union pour un semestre qui assure sa représentation extérieure: le ministre des affaires étrangères italien, donc, Franco Frattini. Pour faire plus solennel, on l'entoure parfois de son homologue de la présidence précédente (la Grèce) et de la présidence suivante (l'Irlande). S'il s'agissait de trouver une porte de sortie permettant au régime iranien de sauver la face tout en répondant à la légitime inquiétude américaine (qui est aussi celle de l'UE), il faut bien reconnaître que ça aurait manqué de panache.
Pour une telle affaire de politique internationale, on pouvait aussi songer au tandem formé de Chris Patten, membre de la Commission européenne chargé des relations extérieures, et de Javier Solana, haut représentant de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité commune. Selon la future Constitution, réjouissons-nous, il y aura un vrai ministre des affaires étrangères de l'UE (puisé dans le même vivier que les Prodi, Patten et Solana: politiciens de haut vol en reconversion ou quête d'un nouveau défi, comme on dit). Est-ce lui qui serait allé négocier à Téhéran? J'en doute.
Tout cela pour dire la force considérable des pesanteurs traditionnelles: l'histoire des nations, la notoriété des personnalités. Même si certainement tous les pays de l'Union pouvaient être d'accord sur la mission, et si tous peuvent être satisfaits du résultat, le fait que certains joueurs sont toujours sur le terrain et les autres le plus souvent sur le banc créé un malaise -- surtout quand on n'est pas au football mais dans une problématique de représentativité politique démocratique.
En matière de haute diplomatie, on peut encore s'en accomoder. Mais quand cela concerne aussi, de manière plus concrète, la défense (groupe formé récemment par l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et la France) ou les questions de police (sommet de La Baule entre les ministres de l'intérieur d'Allemagne, d'Espagne, de France, de Grande-Bretagne et d'Italie), cela devient plus inquiétant.
Les coopérations renforcées entre un nombre restreint de pays de l'UE me paraissent soulever deux types de problèmes:
-- Quid des procédures démocratiques communautaires: quel rôle pour la Commission? Quel rôle pour le Parlement européen (après tout, il pourrait siéger en composition restreinte)? Quel rôle pour les Parlements nationaux?
-- Au moins les gouvernements des pays qui y participent ont-ils un rôle actif. Mais, si ces coopérations renforcées ont vocation de précurseur (et non de sous-groupe régional), elles sont donc appelées à s'élargir. Et là ce sera comme "l'acquis communautaire" pour un pays qui adhère à l'Union: les retardataires devront rattraper le train là où les initiateurs auront posé les voies.
Mais voyons plutôt le côté people: en quoi les ministres des affaires étrangères allemand, britannique et français représentaient-ils l'Europe (l'UE)? Car c'est ce qui est dit, et on ne voit pas très bien en quoi ils auraient davantage été délégués par le G8 ou l'AIEA. Pour ne pas dire simplement: les trois principales puissances européennes actives dans l'industrie nucléaire et intéressées à de bonnes relations commerciales avec Téhéran? Mais je m'égare.
Selon les traités en vigueur, c'est le pays qui préside l'Union pour un semestre qui assure sa représentation extérieure: le ministre des affaires étrangères italien, donc, Franco Frattini. Pour faire plus solennel, on l'entoure parfois de son homologue de la présidence précédente (la Grèce) et de la présidence suivante (l'Irlande). S'il s'agissait de trouver une porte de sortie permettant au régime iranien de sauver la face tout en répondant à la légitime inquiétude américaine (qui est aussi celle de l'UE), il faut bien reconnaître que ça aurait manqué de panache.
Pour une telle affaire de politique internationale, on pouvait aussi songer au tandem formé de Chris Patten, membre de la Commission européenne chargé des relations extérieures, et de Javier Solana, haut représentant de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité commune. Selon la future Constitution, réjouissons-nous, il y aura un vrai ministre des affaires étrangères de l'UE (puisé dans le même vivier que les Prodi, Patten et Solana: politiciens de haut vol en reconversion ou quête d'un nouveau défi, comme on dit). Est-ce lui qui serait allé négocier à Téhéran? J'en doute.
Tout cela pour dire la force considérable des pesanteurs traditionnelles: l'histoire des nations, la notoriété des personnalités. Même si certainement tous les pays de l'Union pouvaient être d'accord sur la mission, et si tous peuvent être satisfaits du résultat, le fait que certains joueurs sont toujours sur le terrain et les autres le plus souvent sur le banc créé un malaise -- surtout quand on n'est pas au football mais dans une problématique de représentativité politique démocratique.
En matière de haute diplomatie, on peut encore s'en accomoder. Mais quand cela concerne aussi, de manière plus concrète, la défense (groupe formé récemment par l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et la France) ou les questions de police (sommet de La Baule entre les ministres de l'intérieur d'Allemagne, d'Espagne, de France, de Grande-Bretagne et d'Italie), cela devient plus inquiétant.
Les coopérations renforcées entre un nombre restreint de pays de l'UE me paraissent soulever deux types de problèmes:
-- Quid des procédures démocratiques communautaires: quel rôle pour la Commission? Quel rôle pour le Parlement européen (après tout, il pourrait siéger en composition restreinte)? Quel rôle pour les Parlements nationaux?
-- Au moins les gouvernements des pays qui y participent ont-ils un rôle actif. Mais, si ces coopérations renforcées ont vocation de précurseur (et non de sous-groupe régional), elles sont donc appelées à s'élargir. Et là ce sera comme "l'acquis communautaire" pour un pays qui adhère à l'Union: les retardataires devront rattraper le train là où les initiateurs auront posé les voies.