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26.10.03

La France, l'Europe, les Etats-Unis et l'Irak

Tout le monde en France ne s'est pas aligné sur les positions anti-américaines. Quelques intellectuels qui ont su s'exprimer, après le 11 septembre 2001, en faveur de la lutte contre la terreur et du droit voire du devoir d'ingérence en Irak (les Jean-François Revel, André Glucksmann, Pascal Bruckner, ou Bernard-Henri Lévy), de même qu'un politicien de gauche comme Bernard Kouchner, ou de rares politiciens de droite qui ont su faire prévaloir les principes de solidarité avec les Etats-Unis (en particulier l'ancien conseiller diplomatique de Chirac, Pierre Lellouche).

Il est aussi quelques commentateurs qui prennent de la hauteur et cherchent la réconciliation. J'avais signalé dans ce sens un intéressant article du professeur Zaki Laïdi, Tirer les conséquences de la guerre en Irak. Dans Le Monde de vendredi, c'est sous un titre très voisin, Europe: solder les comptes de la crise irakienne, que Laurent Cohen-Tanugi présente une analyse sévère de la position française: elle divise non seulement l'alliance atlantique, en éveillant la méfiance à l'égard de l'Union européenne, mais également cette dernière, où la position franco-allemande est par ailleurs nettement minoritaire.

"La question du rapport aux Etats-Unis fait intervenir au sein de chaque nation des enjeux à fort contenu symbolique et émotionnel (sécurité, souveraineté, loyauté, mémoire, histoire...), tout en donnant lieu dans le discours européiste à un manichéisme inopportun, opposant les 'bons Européens', prêts à tenir tête à Washington, et les 'mauvais Européens', vassaux de l'Amérique.

La crise irakienne s'est en outre superposée à d'autres clivages et conflits anciens ou plus récents : les préventions d'une majorité d'Etats membres, petits et grands, à l'égard du couple franco-allemand ou de toute forme de directoire européen ; l'ambivalence française à l'égard de l'élargissement vers l'Est et le vieux rêve secret d'une 'Europe à deux vitesses'; l'opposition entre une Europe libérale aux bonnes performances économiques et une Europe du statu quo tant intérieur qu'extérieur, arrogante et peu respectueuse des disciplines communautaires.

Tout cela laissera des cicatrices durables, dont le projet de Constitution européenne risque de faire les frais. Une certitude s'impose déjà : le couple franco-allemand, ressoudé sur le tard dans le contexte de la crise irakienne, n'a aujourd'hui plus la capacité et une légitimité politique suffisante pour prétendre incarner et conduire la 'grande Europe'."


Cohen-Tanugi en appelle à une vision stratégique de l'UE comme allié et complément des Etats-Unis, pas comme concurrent:

"(...) la restauration d'un climat de confiance entre les Etats membres de l'aventure européenne semble passer par une clarification de la relation de l'Europe au reste du monde, et singulièrement à l'allié américain. S'il en est bien ainsi, il n'est pas trop tôt pour commencer à solder entre Européens les comptes de l'Irak, par un compromis historique entre l'Angleterre de Tony Blair - qui demeure le leader politique britannique le mieux disposé à l'endroit de l'Europe -, une Allemagne revenue à de meilleurs sentiments vis-à-vis des Etats-Unis, et une France qui aura changé de discours, sinon de politique ; pour réconcilier, en d'autres termes, les deux pôles de la vieille opposition gaullienne, et désormais européiste, entre construction d'une Europe-puissance et solidarité atlantique."

Malheureusement l'attitude de la France et de l'Allemagne, qui, après avoir voté la résolution 1511 du Conseil de sécurité, continuent de dénigrer les efforts en vue du rétablissement de l'Irak, auxquels ils persistent à ne guère contribuer, n'en montre pas le chemin.



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