3.10.03
Le Monde est la BBC française
L'un des charmes de la vie qui est la mienne, à cheval sur deux cultures, la francophone et l'anglophone, c'est l'observation des parallélismes, correspondances et simultanéités, autant sinon plus significatifs que les différences, contrastes et antagonismes.
C'est le cas aujourd'hui avec la crise que traverse, en Grande-Bretagne comme en France, l'institution phare de l'information: la BBC, opérateur audio-visuel (dont ce n'est, à vrai dire, qu'un volet), et le quotidien Le Monde. Si ce dernier est purement privé, alors que la BBC (comme France Télévisions ou la SSR en Suisse) a un statut de droit public financé principalement par une redevance, il se veut comme la BBC différent des autres, pur, "au-dessus des partis". La BBC a longtemps été reconnue comme une référence impartiale: en aucun cas la voix du gouvernement (comme l'était l'ORTF, de sorte que l'audiovisuel public français n'a jamais eu une réputation considérable), mais pas non plus, comme c'est le cas aujourd'hui sur l'Irak et l'affaire Gilligan-Kelly, son opposition officielle; la radio suisse-romande a naguère joui d'un statut comparable, par exemple au cours de la Seconde guerre mondiale.
Mais la BBC comme Le Monde ne se satisfont pas d'un tel statut: ils ne veulent pas seulement informer et analyser, ils veulent créer l'actualité par la chasse au scoop (le plus souvent une annonce anticipée) et le "journalisme d'intervention" dont le prophète est, en Suisse, un Jacques Pilet passé de la télévision à la presse écrite (L'Hebdo, Le Nouveau Quotidien qui est l'un des ascendants du Temps). Ce faisant, ils deviennent des médias comme les autres, quand ils ne se substituent pas aux partis: car le rôle de la presse doit être de tenir à l'oeil le pouvoir, pas de chercher à l'exercer.
ADJONCTION DU 4.10: Cette analogie ne veut pas dire que j'ai le même point de vue sur les deux situations. Il est absolument légitime d'exiger que l'information de la BBC se recentre sur sa mission de service public pour prix de son statut et de son mode de financement. Pour Le Monde, je ne crois pas que la crise soit si grave: le journal s'est en réalité nettement amélioré sous Colombani dans son pluralisme et sa réponse à une diversité d'attentes (et non seulement celles des étudiants et des politiciens); à l'exception des "coups" de première page, la ligne politique actuelle vaut mieux que le neutralisme du Monde de Beuve-Méry et le tiers-mondisme culpabilisé du Monde de Fauvet qui allait jusqu'aux Khmers rouges... Tant que le médiateur, Robert Solé, ne démissionne pas, il y a de l'espoir; sa dernière chronique a vigoureusement épinglé le comportement du journal dans l'affaire Allègre / Baudis.
C'est le cas aujourd'hui avec la crise que traverse, en Grande-Bretagne comme en France, l'institution phare de l'information: la BBC, opérateur audio-visuel (dont ce n'est, à vrai dire, qu'un volet), et le quotidien Le Monde. Si ce dernier est purement privé, alors que la BBC (comme France Télévisions ou la SSR en Suisse) a un statut de droit public financé principalement par une redevance, il se veut comme la BBC différent des autres, pur, "au-dessus des partis". La BBC a longtemps été reconnue comme une référence impartiale: en aucun cas la voix du gouvernement (comme l'était l'ORTF, de sorte que l'audiovisuel public français n'a jamais eu une réputation considérable), mais pas non plus, comme c'est le cas aujourd'hui sur l'Irak et l'affaire Gilligan-Kelly, son opposition officielle; la radio suisse-romande a naguère joui d'un statut comparable, par exemple au cours de la Seconde guerre mondiale.
Mais la BBC comme Le Monde ne se satisfont pas d'un tel statut: ils ne veulent pas seulement informer et analyser, ils veulent créer l'actualité par la chasse au scoop (le plus souvent une annonce anticipée) et le "journalisme d'intervention" dont le prophète est, en Suisse, un Jacques Pilet passé de la télévision à la presse écrite (L'Hebdo, Le Nouveau Quotidien qui est l'un des ascendants du Temps). Ce faisant, ils deviennent des médias comme les autres, quand ils ne se substituent pas aux partis: car le rôle de la presse doit être de tenir à l'oeil le pouvoir, pas de chercher à l'exercer.
ADJONCTION DU 4.10: Cette analogie ne veut pas dire que j'ai le même point de vue sur les deux situations. Il est absolument légitime d'exiger que l'information de la BBC se recentre sur sa mission de service public pour prix de son statut et de son mode de financement. Pour Le Monde, je ne crois pas que la crise soit si grave: le journal s'est en réalité nettement amélioré sous Colombani dans son pluralisme et sa réponse à une diversité d'attentes (et non seulement celles des étudiants et des politiciens); à l'exception des "coups" de première page, la ligne politique actuelle vaut mieux que le neutralisme du Monde de Beuve-Méry et le tiers-mondisme culpabilisé du Monde de Fauvet qui allait jusqu'aux Khmers rouges... Tant que le médiateur, Robert Solé, ne démissionne pas, il y a de l'espoir; sa dernière chronique a vigoureusement épinglé le comportement du journal dans l'affaire Allègre / Baudis.