10.12.03
Election du Conseil fédéral
Ah! Quand même... Depuis ce matin impossible de me connecter à Blogger; ce n'est pas la première fois que ça arrive (et Norman Geras, qui avait prévenu les prosélytes de la concurrence, au lancement de son blog, qu'il n'était pas un Movable Type, a fini par craquer pour Type Pad qui l'héberge dorénavant).
Or donc Christoph Blocher a été élu l'un des sept membres du Conseil fédéral, l'organe qui en Suisse cumule le rôle de chef de l'Etat (collectif) et de gouvernement (chacun des sept préside un département ministériel). Il n'a pas pris la place vacante du radical démissionnaire, comme je l'aurais trouvé élégant, mais l'un des deux sièges démocrate-chrétiens: le plus petit et le plus hétéroclite des trois partis bourgeois (comme on dit dans le vocabulaire politique suisse pour désigner la droite gouvernementale). Les deux socialistes et le radical sortants qui se représentaient ont été réélus brillamment, le démocrate-chrétien rescapé moins bien, et des deux candidatures radicales en lice pour le siège à pourvoir c'est l'homme, probablement plus à droite, plutôt que la femme, probablement plus centriste, qui a été élu.
La perdante de la journée, c'est Ruth Metzler qui a néanmoins réussi sa sortie: un discours simple, direct, sans pathos ni acrimonie, pour prendre congé après 5 ans au Conseil fédéral au moment précis où, selon la tradition, elle devait en devenir pour une année la présidente... Elue à la magistrature suprême à 34 ans, elle a toujours su qu'il y aurait une vie après le gouvernement même si elle n'imaginait pas se retrouver retraitée à 39 ans! Une suggestion: qu'elle prenne, le moment venu, la tête du comité de soutien à la loi fédérale sur le partenariat enregistré pour les couples de même sexe qu'elle n'a pas peu contribué à faire avancer et qui viendra en votation populaire en 2005, 2006 ou 2007...
Sa consolation, et une leçon de choses sur les institutions politiques suisses: si Blocher reprend le département fédéral de justice et police, il devra défendre devant le Conseil des Etats cette loi fédérale (contre laquelle il a voté comme conseiller national), puis il mènera la campagne en vue de son approbation par le peuple en votation (contre tout ou partie de ses troupes).
A cet égard, la matinée a été riche en interprétations grotesques, du socialiste Franco Cavalli se lamentant que Blocher avait été élu premier ministre jusqu'à ce parlementaire du parti de Blocher proclamant que son élection allait remettre en cause la libéralisation du cannabis (à défaut de faire marcher les paralytiques). La réalité est moins spectaculaire: traditionnellement plus ouvert, plus à gauche que le parlement, qui l'est lui-même davantage que le peuple, le nouveau Conseil fédéral réduit l'écart dans cet ajustement systémique perpétuel aux évolutions de la société.
Blocher a bien manoeuvré pour arriver à ses fins face à l'affolement et à la dispersion des partenaires gouvernementaux mis sous pression par des médias avides de spectacle. Aux socialistes de ne pas se retrouver dans les cordes, maintenant; mais la droite dure n'a pas non plus intérêt à une polarisation excessive...
Or donc Christoph Blocher a été élu l'un des sept membres du Conseil fédéral, l'organe qui en Suisse cumule le rôle de chef de l'Etat (collectif) et de gouvernement (chacun des sept préside un département ministériel). Il n'a pas pris la place vacante du radical démissionnaire, comme je l'aurais trouvé élégant, mais l'un des deux sièges démocrate-chrétiens: le plus petit et le plus hétéroclite des trois partis bourgeois (comme on dit dans le vocabulaire politique suisse pour désigner la droite gouvernementale). Les deux socialistes et le radical sortants qui se représentaient ont été réélus brillamment, le démocrate-chrétien rescapé moins bien, et des deux candidatures radicales en lice pour le siège à pourvoir c'est l'homme, probablement plus à droite, plutôt que la femme, probablement plus centriste, qui a été élu.
La perdante de la journée, c'est Ruth Metzler qui a néanmoins réussi sa sortie: un discours simple, direct, sans pathos ni acrimonie, pour prendre congé après 5 ans au Conseil fédéral au moment précis où, selon la tradition, elle devait en devenir pour une année la présidente... Elue à la magistrature suprême à 34 ans, elle a toujours su qu'il y aurait une vie après le gouvernement même si elle n'imaginait pas se retrouver retraitée à 39 ans! Une suggestion: qu'elle prenne, le moment venu, la tête du comité de soutien à la loi fédérale sur le partenariat enregistré pour les couples de même sexe qu'elle n'a pas peu contribué à faire avancer et qui viendra en votation populaire en 2005, 2006 ou 2007...
Sa consolation, et une leçon de choses sur les institutions politiques suisses: si Blocher reprend le département fédéral de justice et police, il devra défendre devant le Conseil des Etats cette loi fédérale (contre laquelle il a voté comme conseiller national), puis il mènera la campagne en vue de son approbation par le peuple en votation (contre tout ou partie de ses troupes).
A cet égard, la matinée a été riche en interprétations grotesques, du socialiste Franco Cavalli se lamentant que Blocher avait été élu premier ministre jusqu'à ce parlementaire du parti de Blocher proclamant que son élection allait remettre en cause la libéralisation du cannabis (à défaut de faire marcher les paralytiques). La réalité est moins spectaculaire: traditionnellement plus ouvert, plus à gauche que le parlement, qui l'est lui-même davantage que le peuple, le nouveau Conseil fédéral réduit l'écart dans cet ajustement systémique perpétuel aux évolutions de la société.
Blocher a bien manoeuvré pour arriver à ses fins face à l'affolement et à la dispersion des partenaires gouvernementaux mis sous pression par des médias avides de spectacle. Aux socialistes de ne pas se retrouver dans les cordes, maintenant; mais la droite dure n'a pas non plus intérêt à une polarisation excessive...