25.1.04
Armes de destructions massives en Irak (et Hutton J - 3)
Manchette du Monde d'aujourd'hui, à la suite de la démission de David Kay, chef des inspecteurs de la coalition:
"Irak: il n'y avait pas d'armes de destruction massive"
A la suite, un bouquet d'articles illustrant le sens du mot Schadenfreude.
Il serait plus exacte de dire qu'il n'y en avait plus! Seule une intéressante combinaison d'amnésie, de false memory syndrom et d'autosuggestion politiquement orientée nourrit ce révisionnisme qui voudrait que Bush et Blair aient inventé la menace des armes de destruction massive afin de pouvoir monter une intervention en Irak (ils allaient la nuit modifier les données de leurs services de renseignement, sans doute?).
C'est en effet oublier qu'elles ont été utilisées à plusieurs reprises par Saddam Hussein, et que l'effort pour les développer n'a jamais cessé. C'est oublier aussi qu'avant la résolution 1441, leur existence était tenue pour certaine par tous, de Jacques Chirac à Hans Blix, et que l'attitude du régime à l'égard des inspections de l'ONU n'avait rigoureusement rien à voir avec, par exemple, celle de la Lybie aujourd'hui.
Alors qu'en est-il? La discordance entre l'état réel de la menace et sa réalité est-elle à chercher dans une conjonction d'intox entre les services irakiens (vis-à-vis de Saddam Hussein), Saddam (vis-à-vis de l'extérieur) et les services de renseignement occidentaux (vis-à-vis des autorités)? Ou faut-il chercher ailleurs (en Syrie, comme le déclare aujourd'hui... David Kay au Sunday Telegraph [gratuit, mais il faut s'enregistrer])? Mais on ne saurait repprocher à aux leaders de la coalition d'avoir pris leurs responsabilités sur la base des informations dont ils disposaient -- sans oublier que ce volet n'était pas le seul, comme on veut nous le faire croire.
En Grande-Bretagne, en tout cas, l'attente de la publication, mercredi, du rapport de Lord Hutton sur "les circonstances ayant entouré la mort du Dr David Kelly" donne lieu à un crescendo hystérique:
- Mercredi 21, Panorama a apparemment (j'étais à Genève...) présenté sur la BBC une émission particulièrement embarrassante pour cette dernière, notamment Andrew Gilligan (qui a qualifié l'émission de "saloperie") et sa hiérarchie, avec une interview inédite du Dr Kelly affirmant sa conviction de la réalité d'une menace chimique et bactériologique irakienne. Au moins l'honneur de la BBC est sauf si quelques têtes roulent en fin de semaine...
- Je viens d'éclater de rire en voyant la manchette d'un tabloïd du dimanche: "Ce n'était pas un suicide", selon la "très belle" traductrice de l'armée américaine qui était la "confidente" du Dr Kelly, sa "plus proche amie". Diana, David Kelly, même combat!
Le rapport ayant été envoyé à l'imprimerie lundi 19 pour être remis au gouvernement mardi 27 (et à l'opposition 6 heures avant la déclaration gouvernementale inscrite à l'ordre du jour de la Chambre des Communes mercredi en milieu de journée, prélude à un débat complet la semaine suivante), chacun s'ingénie à tourner en bourrique le pauvre Lord Hutton...
"Irak: il n'y avait pas d'armes de destruction massive"
A la suite, un bouquet d'articles illustrant le sens du mot Schadenfreude.
Il serait plus exacte de dire qu'il n'y en avait plus! Seule une intéressante combinaison d'amnésie, de false memory syndrom et d'autosuggestion politiquement orientée nourrit ce révisionnisme qui voudrait que Bush et Blair aient inventé la menace des armes de destruction massive afin de pouvoir monter une intervention en Irak (ils allaient la nuit modifier les données de leurs services de renseignement, sans doute?).
C'est en effet oublier qu'elles ont été utilisées à plusieurs reprises par Saddam Hussein, et que l'effort pour les développer n'a jamais cessé. C'est oublier aussi qu'avant la résolution 1441, leur existence était tenue pour certaine par tous, de Jacques Chirac à Hans Blix, et que l'attitude du régime à l'égard des inspections de l'ONU n'avait rigoureusement rien à voir avec, par exemple, celle de la Lybie aujourd'hui.
Alors qu'en est-il? La discordance entre l'état réel de la menace et sa réalité est-elle à chercher dans une conjonction d'intox entre les services irakiens (vis-à-vis de Saddam Hussein), Saddam (vis-à-vis de l'extérieur) et les services de renseignement occidentaux (vis-à-vis des autorités)? Ou faut-il chercher ailleurs (en Syrie, comme le déclare aujourd'hui... David Kay au Sunday Telegraph [gratuit, mais il faut s'enregistrer])? Mais on ne saurait repprocher à aux leaders de la coalition d'avoir pris leurs responsabilités sur la base des informations dont ils disposaient -- sans oublier que ce volet n'était pas le seul, comme on veut nous le faire croire.
En Grande-Bretagne, en tout cas, l'attente de la publication, mercredi, du rapport de Lord Hutton sur "les circonstances ayant entouré la mort du Dr David Kelly" donne lieu à un crescendo hystérique:
- Mercredi 21, Panorama a apparemment (j'étais à Genève...) présenté sur la BBC une émission particulièrement embarrassante pour cette dernière, notamment Andrew Gilligan (qui a qualifié l'émission de "saloperie") et sa hiérarchie, avec une interview inédite du Dr Kelly affirmant sa conviction de la réalité d'une menace chimique et bactériologique irakienne. Au moins l'honneur de la BBC est sauf si quelques têtes roulent en fin de semaine...
- Je viens d'éclater de rire en voyant la manchette d'un tabloïd du dimanche: "Ce n'était pas un suicide", selon la "très belle" traductrice de l'armée américaine qui était la "confidente" du Dr Kelly, sa "plus proche amie". Diana, David Kelly, même combat!
Le rapport ayant été envoyé à l'imprimerie lundi 19 pour être remis au gouvernement mardi 27 (et à l'opposition 6 heures avant la déclaration gouvernementale inscrite à l'ordre du jour de la Chambre des Communes mercredi en milieu de journée, prélude à un débat complet la semaine suivante), chacun s'ingénie à tourner en bourrique le pauvre Lord Hutton...