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1.2.04

Gauche: ce que je crois (ébauche)

Quand j'ai besoin de me rassurer sur mon positionnement idéologique, le commentaire quotidien du Cato Institute (un think tank américain de droite) m'est parfois bien utile. J'avais déjà une fois signalé, à l'intention de ces gens qui croient sincèrement être de gauche en s'opposant à l'intervention en Irak, ce qu'était vraiment une position de droite sur la question. Le billet d'aujourd'hui me permet, par réaction, de mieux comprendre et exprimer où je me situe.

Gene Healy dénonce le "Plus d'Etat conservateur" comme le fait aussi régulièrement Andrew Sullivan, en s'en prenant avec truculence à la politique intérieure de Bush qui creuse les déficits et multiplie les initiatives étatiques pour faire avancer les idées conservatrices (1,5 milliard de dollars pour des consultations conjugales fédérales, alors que le mariage est aux USA une compétence des Etats!), aux antipodes de ce que le commentateur appelle l'aile Goldwater-Reagan du parti républicain -- et de Bill Clinton qui a, lui, proclamé dans un discours sur l'Etat de l'Union "la fin du plus d'Etat".

De même qu'il y a ainsi deux droites, celle traditionnellement identifiée au "moins d'Etat" (Thatcher), et celle qui est à l'aise dans l'Etat (Bush, et bien sûr la droite en France, où Madelin incarne pratiquement seul la variété libérale), il y a deux gauches. On assimile immédiatement celle-ci à des impôts plus élevés (à des fins redistributrices autant que pour financer d'ambitieux programmes en tous genre), à l'appel à l'Etat pour imposer des solutions générales et uniformes à tous problèmes, mais il y a aussi ce que l'on a appelé en France la deuxième gauche (Michel Rocard), aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne la troisième voie (Clinton, Blair) et que j'appelle simplement la gauche libérale: une gauche qui croit que c'est le contenu de la dépense qui distingue la gauche de la droite, pas son montant plus ou moins élevé, une gauche décentralisatrice qui cherche d'abord à donner aux individus les moyens de leur autonomie (et ce qui la distingue de la droite anti-étatiste, avec laquelle je ne doute néanmoins pas que des convergences sont possibles sur certains points, c'est la conviction qu'il y a des inégalités de nature à compenser, et que l'individu est plus fort dans la solidarité avec d'autres que seul contre tous) plutôt que de les enchaîner dans des systèmes clientélistes (comme la droite et la gauche étatiste). C'est la gauche qui a créé les mouvements d'éducation populaire ou les coopératives, une capacité d'auto-organisation bien plus importante que la meilleure des solutions étatiques.

Oui, une autre gauche est possible, du moins je veux le croire.



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