11.6.04
Résultat des élections londoniennes
Il faut bien reconnaître que le système appliqué à l'élection du maire et de l'assemblée de 25 personnes qui gèrent l'agglomération du Grand Londres (33 communes ayant leurs propres autorités élues) n'est pas simple -- mais c'est un plaisir pour ceux comme moi que ce genre d'arithmétique passionne!
D'abord, le résultat de l'élection du maire selon le système majoritaire avec seconde préférence. Dans ce qui tient lieu de premier tour, Ken Livingstone (travailliste) obtient 36,8% des suffrages et Steve Norris (conservateur) 29,1%. Ensuite viennent le candidat libéral démocrate (15,3%), le candidat europhobe du UK Independance Party (6,2%), la candidate de l'extrême gauche islamofasciste de George Galloway (3,3%), le candidat de l'extrême droite xénophobe du British National Party (3,1%), le candidat écolo (3,1%) et trois autres candidats totalisant 3.1% (soit 10 candidats au total).
Personne n'ayant obtenu plus de de 50% des voix, on additionne pour les deux candidats arrivés en tête les suffrages de "seconde préférence" qu'ils ont recueillis sur les bulletins dont la première préférence allait aux huit autres candidats -- mais pas ceux qu'ont pu leur réserver des électeurs ayant préféré leur concurrent direct, car cela reviendrait à donner deux voix à ces électeurs. Cette opération effectuée, Livingstone est élu avec 828'380 voix (685'541 premières préférences + 142'839 secondes préférences) contre Norris 667'278 (542'423 + 124'755). A noter que l'élu pourrait parfaitement avoir moins de premières préférences, et l'emporter grâce aux secondes.
La BBC est tombée en début de soirée dans le piège d'ajouter aux deux finalistes le total de toutes les secondes préférences qu'ils ont recueillies, ce qui donnait Livingstone à 936'008 et Norris à 764'962 (en d'autres termes, 107'678 électeurs de Norris préféraient encore Livingstone si le candidat libéral avait relégué leur favori en troisième place; et 97'804 électeurs de Livingstone ont tenu le même raisonnement en faveur de Norris). A l'heure où j'écris, elle a rectifié le total mais pas encore le nombre de secondes préférences prises en compte...
Parmi les autres candidats, à noter que comme prévu le libéral démocrate est celui qui rassemble le plus de secondes préférences (24,25%), l'UKIP et le Vert en rassemblant aussi chacun 10%.
Passons ensuite à l'élection des 25 membres de l'Assemblée du Grand Londres. Le système appliqué est dérivé de de l'élection du Bundestag allemand: un bulletin avec une liste bloquée de candidats permet de calculer la répartition des sièges entre les listes selon le régime proportionnel, et un bulletin est destiné à l'élection directe dans des circonscriptions (scrutin majoritaire uninominal à un tour) d'un contingent des membres de l'assemblée.
Ici je me permets d'affirmer en toute immodestie que c'est le site officiel des élections londoniennes qui donne une présentation trompeuse des résultats! Selon une erreur que, lorsque j'étais étudiant en droit constitutionnel comparé à l'Université de Genève, nous croyions réservée aux commentateurs français lorsqu'ils parlent du "système allemand", les Britanniques pensent devoir privilégier les membres élus dans les 14 circonscriptions (9 conservateurs, 5 travaillistes). Le tableau de la répartition générale des suffrages pour le calcul de la proportionnelle est ensuite présenté de manière absurde:
- Conservateurs: 533'696 suffrages (27,84%) 0 élus
- Travaillistes: 468'247 suffrages (24,43%) 2 élus
- Libéraux démocrates: 316'218 suffrages (16,50%) 5 élus
- Verts: 160'445 suffrages (8,37%) 2 élus
- UK Independance Party: 156'780 suffrages (8,18%) 2 élus.
La présentation correcte est évidemment:
- Conservateurs: 533'696 suffrages (27,84%) = 9 sièges, soit les 9 élus dans les circonscriptions
- Travaillistes: 468'247 suffrages (24,43%) = 7 sièges, soit 5 élus dans les circonscriptions + 2 de la liste complémentaire
- Libéraux démocrates: 316'218 suffrages (16,50%) = 5 sièges, soit 5 élus de la liste complémentaire
- Verts: 160'445 suffrages (8,37%) = 2 sièges, soit 2 élus de la liste complémentaire
- UK Independance Party: 156'780 suffrages (8,18%) = 2 sièges, soit 2 élus de la liste complémentaire.
Je vous fais grâce de la méthode de calcul appliquée, qui est sauf erreur le système d'Hondt...
Ni l'extrême droite xénophobe (4,71%) ni l'extrême gauche islamofasciste (4,57%) n'obtiennent de siège. Je ne sais pas si le dispositif prévoit, comme en Allemagne, le cas où un parti gagne plus de circonscriptions que le nombre de sièges auxquels il a droit, ou celui où un parti qui n'a pas obtenu de siège selon la représentation proportionnelle gagne une circonscription (ces élus viennent en surnombre)...
Derniers détails: la participation s'est établie à 36,97% (1'921'702 électeurs pour 5'197'647 inscrits), ce qui serait assez ordinaire en Suisse... Il y a eu 56'862 suffrages de "première préférence" blancs ou nuls, et 329'090 pour la "seconde préférence"; ainsi que 118'535 bulletins blancs ou nuls pour le scrutin uninominal par circonscription et 48'536 bulletins blancs ou nuls pour la répartion proportionnelle (avec le parlement européen, cela faisait 4 bulletins par électeur!).
Ouf!
D'abord, le résultat de l'élection du maire selon le système majoritaire avec seconde préférence. Dans ce qui tient lieu de premier tour, Ken Livingstone (travailliste) obtient 36,8% des suffrages et Steve Norris (conservateur) 29,1%. Ensuite viennent le candidat libéral démocrate (15,3%), le candidat europhobe du UK Independance Party (6,2%), la candidate de l'extrême gauche islamofasciste de George Galloway (3,3%), le candidat de l'extrême droite xénophobe du British National Party (3,1%), le candidat écolo (3,1%) et trois autres candidats totalisant 3.1% (soit 10 candidats au total).
Personne n'ayant obtenu plus de de 50% des voix, on additionne pour les deux candidats arrivés en tête les suffrages de "seconde préférence" qu'ils ont recueillis sur les bulletins dont la première préférence allait aux huit autres candidats -- mais pas ceux qu'ont pu leur réserver des électeurs ayant préféré leur concurrent direct, car cela reviendrait à donner deux voix à ces électeurs. Cette opération effectuée, Livingstone est élu avec 828'380 voix (685'541 premières préférences + 142'839 secondes préférences) contre Norris 667'278 (542'423 + 124'755). A noter que l'élu pourrait parfaitement avoir moins de premières préférences, et l'emporter grâce aux secondes.
La BBC est tombée en début de soirée dans le piège d'ajouter aux deux finalistes le total de toutes les secondes préférences qu'ils ont recueillies, ce qui donnait Livingstone à 936'008 et Norris à 764'962 (en d'autres termes, 107'678 électeurs de Norris préféraient encore Livingstone si le candidat libéral avait relégué leur favori en troisième place; et 97'804 électeurs de Livingstone ont tenu le même raisonnement en faveur de Norris). A l'heure où j'écris, elle a rectifié le total mais pas encore le nombre de secondes préférences prises en compte...
Parmi les autres candidats, à noter que comme prévu le libéral démocrate est celui qui rassemble le plus de secondes préférences (24,25%), l'UKIP et le Vert en rassemblant aussi chacun 10%.
Passons ensuite à l'élection des 25 membres de l'Assemblée du Grand Londres. Le système appliqué est dérivé de de l'élection du Bundestag allemand: un bulletin avec une liste bloquée de candidats permet de calculer la répartition des sièges entre les listes selon le régime proportionnel, et un bulletin est destiné à l'élection directe dans des circonscriptions (scrutin majoritaire uninominal à un tour) d'un contingent des membres de l'assemblée.
Ici je me permets d'affirmer en toute immodestie que c'est le site officiel des élections londoniennes qui donne une présentation trompeuse des résultats! Selon une erreur que, lorsque j'étais étudiant en droit constitutionnel comparé à l'Université de Genève, nous croyions réservée aux commentateurs français lorsqu'ils parlent du "système allemand", les Britanniques pensent devoir privilégier les membres élus dans les 14 circonscriptions (9 conservateurs, 5 travaillistes). Le tableau de la répartition générale des suffrages pour le calcul de la proportionnelle est ensuite présenté de manière absurde:
- Conservateurs: 533'696 suffrages (27,84%) 0 élus
- Travaillistes: 468'247 suffrages (24,43%) 2 élus
- Libéraux démocrates: 316'218 suffrages (16,50%) 5 élus
- Verts: 160'445 suffrages (8,37%) 2 élus
- UK Independance Party: 156'780 suffrages (8,18%) 2 élus.
La présentation correcte est évidemment:
- Conservateurs: 533'696 suffrages (27,84%) = 9 sièges, soit les 9 élus dans les circonscriptions
- Travaillistes: 468'247 suffrages (24,43%) = 7 sièges, soit 5 élus dans les circonscriptions + 2 de la liste complémentaire
- Libéraux démocrates: 316'218 suffrages (16,50%) = 5 sièges, soit 5 élus de la liste complémentaire
- Verts: 160'445 suffrages (8,37%) = 2 sièges, soit 2 élus de la liste complémentaire
- UK Independance Party: 156'780 suffrages (8,18%) = 2 sièges, soit 2 élus de la liste complémentaire.
Je vous fais grâce de la méthode de calcul appliquée, qui est sauf erreur le système d'Hondt...
Ni l'extrême droite xénophobe (4,71%) ni l'extrême gauche islamofasciste (4,57%) n'obtiennent de siège. Je ne sais pas si le dispositif prévoit, comme en Allemagne, le cas où un parti gagne plus de circonscriptions que le nombre de sièges auxquels il a droit, ou celui où un parti qui n'a pas obtenu de siège selon la représentation proportionnelle gagne une circonscription (ces élus viennent en surnombre)...
Derniers détails: la participation s'est établie à 36,97% (1'921'702 électeurs pour 5'197'647 inscrits), ce qui serait assez ordinaire en Suisse... Il y a eu 56'862 suffrages de "première préférence" blancs ou nuls, et 329'090 pour la "seconde préférence"; ainsi que 118'535 bulletins blancs ou nuls pour le scrutin uninominal par circonscription et 48'536 bulletins blancs ou nuls pour la répartion proportionnelle (avec le parlement européen, cela faisait 4 bulletins par électeur!).
Ouf!