12.7.04
L'Europe anesthésiée
A partir du lâche soulagement unanimiste qui, en Europe, a accueilli l'avis consultatif de la Cour internationale de justice de La Haye condamnant le mur de protection israélien, Ludovic Monnerat brosse un saisissant tableau de la torpeur défaitiste en Europe sur le site d'information militaire suisse CheckPoint. Un extrait, pour vous encourager à aller lire le tout:
"(...) les Européens s’accrochent encore au monde parallèle qu’ils ont créé de toutes pièces à la fin de la guerre froide. Dans cette réalité alternative, la barrière de séparation israélienne devient un mur de l’apartheid, mais l’interdiction faite aux Juifs de fouler des terres musulmanes n’indigne personne; le camp de Guantanamo et ses 600 détenus souvent capturés l’arme à la main incarnent l’injustice suprême, et non les goulags nord-coréens où 200'000 personnes crèvent en silence; le procès de Saddam Hussein n’est qu’une mascarade de justice, mais le laisser au pouvoir ne troublait guère les chancelleries; les sévices infligés à Abu Ghraib sont une barbarie absolue, et non les décapitations rituelles des islamistes; et ainsi de suite au fil des distorsions et des opinions transformées en faits, avec les "documentaires" de Michael Moore, le "massacre" de Jénine ou encore la "résistance acharnée" de la population irakienne.
Contrairement à ce que l’on affirme souvent, les Européens ne sont pas rebutés par le simplisme consistant à séparer le Bien du Mal; il se trouve simplement que le Mal est incarné à leurs yeux par l’Amérique de Bush et l’Israël de Sharon, car ceux-ci ne respectent plus les règles acceptées par leurs prédécesseurs et sanctifiées sur le continent. Le vrai crime de Bush et de Sharon, c’est qu’ils osent agir sans passer sous les fourches caudines des institutions internationales et des élites dénationalisées que celles-ci ont générées; agir face au terrorisme fondamentaliste et montrer son vrai visage au lieu d’expliquer son existence par des disparités économiques toujours plus imaginaires; agir de manière décisive en utilisant des Forces armées que ces élites méprisent et refusent d’engager, fut-ce pour sauver des vies.
Au-delà de tous les louanges pour la concertation, la négociation ou la prévention, il demeure le triste fait que l’Europe n’agit pas et réprouve ceux qui ne suivent pas son exemple. On ne fait rien pour arrêter le nettoyage ethnique au Darfour, bien qu’il ait déjà fait plus de 10'000 morts, et la France s’est même opposée à sanctionner le régime de Khartoum. On ne fait rien pour empêcher le nettoyage ethnique inversé et progressif que connaît aujourd’hui le Kosovo, où les soldats de la KFOR n’ont aucune marge de manœuvre. On ne fait rien pour aider la population irakienne malgré deux résolutions unanimes du Conseil de sécurité. De toute manière, on n’a rien fait pour le Rwanda ou la Bosnie. Comment des pays qui ont laissé crever 11'700 civils – dont 1500 enfants – à Sarajevo pendant un siège de 4 ans peuvent encore parler de morale reste d’ailleurs un mystère."
"(...) les Européens s’accrochent encore au monde parallèle qu’ils ont créé de toutes pièces à la fin de la guerre froide. Dans cette réalité alternative, la barrière de séparation israélienne devient un mur de l’apartheid, mais l’interdiction faite aux Juifs de fouler des terres musulmanes n’indigne personne; le camp de Guantanamo et ses 600 détenus souvent capturés l’arme à la main incarnent l’injustice suprême, et non les goulags nord-coréens où 200'000 personnes crèvent en silence; le procès de Saddam Hussein n’est qu’une mascarade de justice, mais le laisser au pouvoir ne troublait guère les chancelleries; les sévices infligés à Abu Ghraib sont une barbarie absolue, et non les décapitations rituelles des islamistes; et ainsi de suite au fil des distorsions et des opinions transformées en faits, avec les "documentaires" de Michael Moore, le "massacre" de Jénine ou encore la "résistance acharnée" de la population irakienne.
Contrairement à ce que l’on affirme souvent, les Européens ne sont pas rebutés par le simplisme consistant à séparer le Bien du Mal; il se trouve simplement que le Mal est incarné à leurs yeux par l’Amérique de Bush et l’Israël de Sharon, car ceux-ci ne respectent plus les règles acceptées par leurs prédécesseurs et sanctifiées sur le continent. Le vrai crime de Bush et de Sharon, c’est qu’ils osent agir sans passer sous les fourches caudines des institutions internationales et des élites dénationalisées que celles-ci ont générées; agir face au terrorisme fondamentaliste et montrer son vrai visage au lieu d’expliquer son existence par des disparités économiques toujours plus imaginaires; agir de manière décisive en utilisant des Forces armées que ces élites méprisent et refusent d’engager, fut-ce pour sauver des vies.
Au-delà de tous les louanges pour la concertation, la négociation ou la prévention, il demeure le triste fait que l’Europe n’agit pas et réprouve ceux qui ne suivent pas son exemple. On ne fait rien pour arrêter le nettoyage ethnique au Darfour, bien qu’il ait déjà fait plus de 10'000 morts, et la France s’est même opposée à sanctionner le régime de Khartoum. On ne fait rien pour empêcher le nettoyage ethnique inversé et progressif que connaît aujourd’hui le Kosovo, où les soldats de la KFOR n’ont aucune marge de manœuvre. On ne fait rien pour aider la population irakienne malgré deux résolutions unanimes du Conseil de sécurité. De toute manière, on n’a rien fait pour le Rwanda ou la Bosnie. Comment des pays qui ont laissé crever 11'700 civils – dont 1500 enfants – à Sarajevo pendant un siège de 4 ans peuvent encore parler de morale reste d’ailleurs un mystère."