18.7.04
Pression médiatique, rumeur et crédulité
Le Monde de dimanche-lundi revient avec une réflexion intéressante de Piotr Smolar sur l'affaire de l'agression antisémite (inventée) dans le RER et l'émotion qu'elle a suscitée, en mettant l'accent sur l'urgence dans laquelle vit le monde médiatique et politique, incompatible avec le temps nécessaire à une enquête: "les journalistes et les responsables politiques, eux, ne craignent rien tant que de passer à côté d'un événement, de ne pas en prendre la juste mesure" -- avec les risques de dérapage que cela comporte (voir aussi ce précédent billet).
Et ils continuent: le même numéro consacre deux colonnes, annoncées en une (curieusement, ou est-ce un remord? le site web du Monde n'en fait pas état) à la "révélation" par le Sydney Morning Herald du 17 juillet qu'Iyad Allaoui, entre sa désignation comm premier ministre et le retour de la souveraineté irakienne, aurait abattu de sa main 6 suspects, pour l'exemple et encourager les troupes, alors qu'il visitait un poste de police en compagnie du ministre de l'intérieur. Voir aussi ce qu'en dit sur place (en Australie, je veux dire) Arthur Chrenkoff.
En réalité le blogeur irakien Zeyad avait déjà parlé le 1er juillet sur Healing Irak de cette rumeur largement répandue et ridicule, absurde ("widespread and preposterous"); je n'y avais pas vu autre chose que l'expression métaphorique du ras-le-bol de l'opinion irakienne à l'égard des terroristes et délinquants et des attentes excessives à l'égard du nouvel homme fort auquel on prête des pouvoirs illimités dans les régimes autoritaires (et de ce point de vue ce n'était pas encourageant). Mais il s'est trouvé un journaliste australien pour lui donner de l'ampleur, faisant état de "témoignages" et du nom de certaines des victimes alléguées, sans pouvoir même citer la date de l'événement; et Le Monde ne demande évidemment qu'à y croire sans attendre que l'on en sache plus, quand bien même la rumeur collective est un phénomène social dont on sait devoir se méfier encore davantage que de la mythomanie individuelle...
Mise à jour du 19 juillet: la version initiale du texte ci-dessus a été corrigée et précisée.
Et ils continuent: le même numéro consacre deux colonnes, annoncées en une (curieusement, ou est-ce un remord? le site web du Monde n'en fait pas état) à la "révélation" par le Sydney Morning Herald du 17 juillet qu'Iyad Allaoui, entre sa désignation comm premier ministre et le retour de la souveraineté irakienne, aurait abattu de sa main 6 suspects, pour l'exemple et encourager les troupes, alors qu'il visitait un poste de police en compagnie du ministre de l'intérieur. Voir aussi ce qu'en dit sur place (en Australie, je veux dire) Arthur Chrenkoff.
En réalité le blogeur irakien Zeyad avait déjà parlé le 1er juillet sur Healing Irak de cette rumeur largement répandue et ridicule, absurde ("widespread and preposterous"); je n'y avais pas vu autre chose que l'expression métaphorique du ras-le-bol de l'opinion irakienne à l'égard des terroristes et délinquants et des attentes excessives à l'égard du nouvel homme fort auquel on prête des pouvoirs illimités dans les régimes autoritaires (et de ce point de vue ce n'était pas encourageant). Mais il s'est trouvé un journaliste australien pour lui donner de l'ampleur, faisant état de "témoignages" et du nom de certaines des victimes alléguées, sans pouvoir même citer la date de l'événement; et Le Monde ne demande évidemment qu'à y croire sans attendre que l'on en sache plus, quand bien même la rumeur collective est un phénomène social dont on sait devoir se méfier encore davantage que de la mythomanie individuelle...
Mise à jour du 19 juillet: la version initiale du texte ci-dessus a été corrigée et précisée.