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10.8.03

Eglise anglicane

Pour moi qui vis à Londres, la nomination d'un évêque ouvertement gay dans la branche américaine de la communion anglicane est venue s'inscrire dans une suite d'événéments qui ont marqué l'actualité quotidienne ces dernières années (l'Eglise anglicane est religion d'Etat, ici):
-- La décision d'autoriser les femmes à accéder à la prêtrise, prise il y a quelques années dans un grand tumulte avec menaces schismatiques: cela s'est soldé par quelques transferts à l'Eglise catholique romaine.
-- La désignation de Rowan Williams comme primat de l'Eglise anglicane (et par là-même chef de la communion anglicane dans le monde): l'un des principaux points contestés alors par ses adversaires était son attitude considérée comme ouverte, favorable aux gays.
-- Le suspense autour de la nomination, finalement avortée, de Jeffrey John comme évêque auxiliaire de Reading, en Angleterre.

Mgr Williams se trouve dans la position peu enviable du traître et de l'apparatchik: il avait approuvé préalablement la désignation par l'évêque d'Oxford de Jeffrey John, qui est un de ses amis personnels; mais soumis aux pressions que Guillaume Barry a rapportées, il a craqué; et plutôt que d'assumer en refusant, comme il en avait le pouvoir, la nomination qui lui était alors formellement soumise, il a obtenu le retrait "volontaire" de l'intéressé. On voit là aussi le défaut d'une procédure, en Angleterre, moins collective: dans l'Eglise épiscopalienne, c'est à trois reprises mais toujours par des collèges que la désignation de Gene Robinson comme évêque du New Hampshire a été approuvée.

Une autre distinction intéressante: en Angleterre on mettait en avant le fait que Jeffrey John n'était depuis plusieurs années plus un homosexuel "pratiquant", se conformant ainsi à une subtile distinction encore opérée par la communion anglicane dans son acceptation des gays et des lesbiennes; il vit pourtant toujours avec son partenaire et a quelque peu diminué la valeur du "sacrifice" consenti en observant que cette situation est aussi celle de bon nombre de couples hétéros après plus de 20 ans... Gene Robinson ne proclame rien de tel, bien au contraire: sa défense de la sexualité dans le couple est pour le moins robuste et paraît tirée tout droit du Cantique des cantiques (citée hier dans le Daily Telegraph reprenant une tribune de Mark Steyn -- qui paraît perdre de vue que le propos a une valeur plus générale, et que l'interdiction à l'ordination d'un prêtre gay ne pénalise pas seulement celui-ci, ou les gays, mais toutes celles et tous ceux pour qui il est le meilleur possible: pourquoi devraient-ils en avoir un moins bon, mais hétéro?)...

Ultime rappel: Gene Robinson est le premier évêque assumant ouvertement son homosexualité, mais il n'est pas le premier gay à exercer une telle fonction, et certainement pas même dans l'Eglise catholique romaine; dans la communion anglicane plusieurs évêques ont fait leur coming-out après avoir quitté leurs fonctions (pour l'Eglise épiscopalienne, l'ancien évêque de l'Utah en 1993).



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