31.8.03
Brun vert
Celui qui a donné naissance à la variante poujadiste du populisme est mort (nécrologie dans Libération et Le Monde). Une longue vie compliquée, marquée par l'extrémisme et l'antisémitisme. Mais sait-on que la dernière passion de Pierre Poujade était le carburant vert?
30.8.03
Sergio Vieira de Mello
La Tribune de Genève publie un reportage photos, un article, un autre, un autre et encore un autre à propos des obsèques dans cette ville du représentant spécial de l'ONU à Bagdad. Pas de fausse note du genre "c'est Bush qui l'a tué" ouf! Mais pas mal d'hypocrisie quand on pense à l'activisme déployé à Genève ou par la cheffe du département fédéral des affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey, dans le camp des défaitistes face à la terreur dont on pleure aujourd'hui les victimes.
25.8.03
Gettysburg en PowerPoint
Apparemment ce site a du succès déjà depuis quelques années... Mais moi c'est seulement aujourd'hui que j'en apprends l'existence, par une charge contre la pensée PowerPoint de Philippe Barraud dans Le Temps (oui, le même que Commentaires.com, la Suisse est petite et il faut bien qu'il vive...).
Donc voici la présentation PowerPoint effectuée par Abraham Lincoln le 19 novembre 1863 pour la dédicace du cimetière de Gettysburg... Et le récit complémentaire de son auteur, Peter Norvig. C'est encore en anglais, je m'en excuse, quelqu'un connaît-il un exercice équivalent en français?
Donc voici la présentation PowerPoint effectuée par Abraham Lincoln le 19 novembre 1863 pour la dédicace du cimetière de Gettysburg... Et le récit complémentaire de son auteur, Peter Norvig. C'est encore en anglais, je m'en excuse, quelqu'un connaît-il un exercice équivalent en français?
24.8.03
Action directe
J'ai beau me vouloir un homme de la gauche libérale et cérébrale, j'ai parfois des moments portés vers l'action directe, particulièrement comme piéton ou comme cycliste. De la même manière Melfrid a beau avoir plutôt l'air d'un altermondialiste trop sentimental pour mon goût, il n'en a pas moins des moments de réformisme constructif...
Sur son blog vous pouvez télécharger, pour les imprimer sur du papier autocollant ou non, des papillons à disposer sur les voitures garées sur les aménagements cyclables ou les places pour handicapés.
Sur son blog vous pouvez télécharger, pour les imprimer sur du papier autocollant ou non, des papillons à disposer sur les voitures garées sur les aménagements cyclables ou les places pour handicapés.
23.8.03
De Villepin (suite)
Le hasard veut que Le Monde de ce samedi publie justement une interview de Dominique de Villepin. Pas de question embarrassante sur le Hamas, bien sûr, ce n'est pas le genre du journalisme français, seulement l'occasion pour le fringuant ministre des affaires étrangères de prendre la pose, sabre au clair et la mèche au vent, donnant des leçons au monde entier. Son refrain:
"(...) il faut aller vite, car s'engage dans ces situations une course de vitesse entre des forces de déstabilisation et de démobilisation et l'exigence de recomposition. Et quand je dis qu'il faut aller vite en Irak, il faut aller beaucoup plus vite. D'une manière générale, je pense que la communauté internationale doit mieux prendre en compte les exigences de l'urgence."
Comme si ce n'était pas toujours la France qui avait freiné des quatre fers, d'abord pour la mise au point de la résolution 1441 du Conseil de sécurité, puis pour les conclusions à tirer de son non respect par Saddam Hussein, puis aujourd'hui.
De Villepin est la personnification de ce que la vie politique française a de plus détestable: le divorce entre la forme et le fond, la pureté des objectifs avancés et le cynisme des préoccupations réelles. "[I]l faut faire le choix de la volonté contre le chaos" ne peut que rappeler le mot de Michel Rocard (ou était-ce Pierre Mauroy?) à propos des début laborieux du socialisme de gouvernement: "Le volontarisme est le pire ennemi de la volonté"; mais il y a aussi une citation dans ce sens d'un gaulliste qui n'était pas, lui, d'opérette: "Le plus précieux et le plus rare, en politique, c'est de vouloir les conséquences de ce qu'on veut" (Maurice Schumann). Le panache ne masque pas la vacuité du bilan de Villepin, de l'Irak au Moyen-Orient, de la Côte d'Ivoire à l'affaire Betancourt. Avant d'être ministre, il n'était guère connu que des lecteurs du Canard Enchaîné comme le secrétaire général de l'Elysée, durant le premier mandat Chirac, qui a recommandé la dissolution de l'Assemblée nationale après deux ans, formidable auto-goal de la droite... Ce type a le mauvais oeil d'un flambeur de casino.
L'interview ayant paru hier soir à Paris, Le Temps de Genève répond ce matin dans un éditorial de Joëlle Kuntz:
"Après le massacre de l'ONU en Irak, ne faut-il pas regarder les choses autrement? Participer activement à la défaite des assassins afin de réinstaller l'organisation politique mondiale dans tous ses devoirs et fonctions, solennellement, à Bagdad? Car si l'ONU ne joue plus son rôle en Irak, elle n'en aura plus au Proche-Orient. Elle aura perdu, et nous avec elle, qui ne l'aurons pas défendue. Il ne servira à rien de protester en allant jeter des pierres contre les ambassades américaines."
"(...) il faut aller vite, car s'engage dans ces situations une course de vitesse entre des forces de déstabilisation et de démobilisation et l'exigence de recomposition. Et quand je dis qu'il faut aller vite en Irak, il faut aller beaucoup plus vite. D'une manière générale, je pense que la communauté internationale doit mieux prendre en compte les exigences de l'urgence."
Comme si ce n'était pas toujours la France qui avait freiné des quatre fers, d'abord pour la mise au point de la résolution 1441 du Conseil de sécurité, puis pour les conclusions à tirer de son non respect par Saddam Hussein, puis aujourd'hui.
De Villepin est la personnification de ce que la vie politique française a de plus détestable: le divorce entre la forme et le fond, la pureté des objectifs avancés et le cynisme des préoccupations réelles. "[I]l faut faire le choix de la volonté contre le chaos" ne peut que rappeler le mot de Michel Rocard (ou était-ce Pierre Mauroy?) à propos des début laborieux du socialisme de gouvernement: "Le volontarisme est le pire ennemi de la volonté"; mais il y a aussi une citation dans ce sens d'un gaulliste qui n'était pas, lui, d'opérette: "Le plus précieux et le plus rare, en politique, c'est de vouloir les conséquences de ce qu'on veut" (Maurice Schumann). Le panache ne masque pas la vacuité du bilan de Villepin, de l'Irak au Moyen-Orient, de la Côte d'Ivoire à l'affaire Betancourt. Avant d'être ministre, il n'était guère connu que des lecteurs du Canard Enchaîné comme le secrétaire général de l'Elysée, durant le premier mandat Chirac, qui a recommandé la dissolution de l'Assemblée nationale après deux ans, formidable auto-goal de la droite... Ce type a le mauvais oeil d'un flambeur de casino.
L'interview ayant paru hier soir à Paris, Le Temps de Genève répond ce matin dans un éditorial de Joëlle Kuntz:
"Après le massacre de l'ONU en Irak, ne faut-il pas regarder les choses autrement? Participer activement à la défaite des assassins afin de réinstaller l'organisation politique mondiale dans tous ses devoirs et fonctions, solennellement, à Bagdad? Car si l'ONU ne joue plus son rôle en Irak, elle n'en aura plus au Proche-Orient. Elle aura perdu, et nous avec elle, qui ne l'aurons pas défendue. Il ne servira à rien de protester en allant jeter des pierres contre les ambassades américaines."
22.8.03
Gérard Delaloye
Je me rends compte que je me suis trompé de cible en critiquant l'anti-américanisme complaisant d'un billet de Gérard Delaloye sur Schwarzenegger: c'était en réalité la manifestation d'un parti-pris systématique. Son papier d'aujourd'hui sur l'attentat de Bagdad exalte une "résistance" irakienne à l'"occupation" (Bush = Hitler, Saddam = de Gaulle?) et dénonce l'ONU comme laquais de l'impérialisme (est-ce par égard pour le lectorat branché de Largeur.com que l'expression n'est pas utilisée?). Et c'est bien dans la ligne de toute la production du bonhomme depuis le 11 septembre...
Salam Pax a répondu par avance depuis Bagdad (en anglais).
Salam Pax a répondu par avance depuis Bagdad (en anglais).
21.8.03
21 août
Il y a 35 ans, les troupes du Pacte de Varsovie mettaient fin au "Printemps de Prague". Il n'y avait pas de blogs à l'époque, seulement l'écoute fiévreuse des émissions en français de Radio Prague Libre...
Depuis lors, le communisme soviétique a été vaincu (reste encore la variante chinoise et les épiphénomènes de Cuba, de la Corée du Nord et de Vietnam). Et l'apartheid aussi a été vaincu.
En un jour où la situation paraît sombre en Irak et au Proche-Orient (pitoyable indignation du premier ministre palestinien à l'égard des représailles israéliennes contre le Hamas suite à l'attentat de Jérusalem, tentative grotesque de mettre sur Israël la responsabilité de la fin du "cessez-le-feu"), il est réconfortant de se rappeler le chemin parcouru. C'est désormais l'hydre terroriste qui surgit, mais elle peut aussi être vaincue, et d'autant plus rapidement que les démocraties seront résolues et unies (un article en anglais); reste à savoir si les gouvernements engourdis d'Europe continentale parviendront à se réveiller!
Depuis lors, le communisme soviétique a été vaincu (reste encore la variante chinoise et les épiphénomènes de Cuba, de la Corée du Nord et de Vietnam). Et l'apartheid aussi a été vaincu.
En un jour où la situation paraît sombre en Irak et au Proche-Orient (pitoyable indignation du premier ministre palestinien à l'égard des représailles israéliennes contre le Hamas suite à l'attentat de Jérusalem, tentative grotesque de mettre sur Israël la responsabilité de la fin du "cessez-le-feu"), il est réconfortant de se rappeler le chemin parcouru. C'est désormais l'hydre terroriste qui surgit, mais elle peut aussi être vaincue, et d'autant plus rapidement que les démocraties seront résolues et unies (un article en anglais); reste à savoir si les gouvernements engourdis d'Europe continentale parviendront à se réveiller!
18.8.03
Au nom du maire
Pouvez-vous citer le nom du maire de votre ville? 100% des Londoniens le connaissent, selon un sondage paru aujourd'hui dans le Daily Telegraph (le tableau est seulement dans la version papier). Bertrand Delanoë peut-il en dire autant à Paris... Cela témoigne de la forte personnalisation du pouvoir exécutif en Grande-Bretagne, même si une part de cette notoriété s'attache à la personne du maire actuel, ancien président du Conseil du Grand Londres tellement insupportable à Margaret Thatcher qu'elle fit abolir l'institution par le parlement, et enfant terrible du parti travailliste dont il a fini par être exclu lorsqu'il a maintenu sa candidature à la mairie contre le candidat officiel, qu'il a aisément battu; le successeur -- il finira quand même une fois par y en avoir un -- fera sûrement moins bien. Les blogs londoniens résonnent encore d'indignation à l'égard de l'annonce par la BBC que tel grand concert gratuit sera "payé par le maire" (en réalité par les contribuables de la ville). Vous avez trouvé? Sinon la réponse est ici.
17.8.03
Réforme de l'ONU et du droit international
"Entre une Amérique qui apporte de mauvaises solutions à de vrais problèmes et une Europe qui n'apporte pas de réponses, faute de poser les vraies questions, il y a peut-être moyen de tirer les bonnes leçons de la tragédie irakienne."
Dans Le Monde du 12 août (oui, je lis mes quotidiens avec un peu de retard), un intellectuel français pas complètement aligné sur la pensée unique, Zaki Laïdi, formule une proposition pour la nécessaire réforme du Conseil de sécurité:
"augmenter le nombre des membres permanents non détenteurs du droit de veto (Allemagne, Japon, Brésil, Inde, Afrique du Sud) et prévoir un moyen de contourner ce veto par une majorité des deux tiers".
Bon, dans le cas de la crise née du refus de membres du Conseil de sécurité de tirer les conséquences de l'application déficiente par le régime irakien de la résolution 1441, pourtant votée à l'unanimité, ça n'aurait rien changé, mais c'est un pas dans la bonne direction.
Une autre réflexion nouvelle pour la France:
"Le statu quo actuel, qui sanctifie la souveraineté [au détriment de la démocratie], n'est à l'évidence pas souhaitable. (...) Le Vieux Continent doit dire que le statu quo n'est plus acceptable dans les pays arabes où aucune élection vraiment libre n'a pu se tenir."
Lisez l'article (accessible seulement aux abonnés après quelques jours).
Dans Le Monde du 12 août (oui, je lis mes quotidiens avec un peu de retard), un intellectuel français pas complètement aligné sur la pensée unique, Zaki Laïdi, formule une proposition pour la nécessaire réforme du Conseil de sécurité:
"augmenter le nombre des membres permanents non détenteurs du droit de veto (Allemagne, Japon, Brésil, Inde, Afrique du Sud) et prévoir un moyen de contourner ce veto par une majorité des deux tiers".
Bon, dans le cas de la crise née du refus de membres du Conseil de sécurité de tirer les conséquences de l'application déficiente par le régime irakien de la résolution 1441, pourtant votée à l'unanimité, ça n'aurait rien changé, mais c'est un pas dans la bonne direction.
Une autre réflexion nouvelle pour la France:
"Le statu quo actuel, qui sanctifie la souveraineté [au détriment de la démocratie], n'est à l'évidence pas souhaitable. (...) Le Vieux Continent doit dire que le statu quo n'est plus acceptable dans les pays arabes où aucune élection vraiment libre n'a pu se tenir."
Lisez l'article (accessible seulement aux abonnés après quelques jours).
16.8.03
Antiaméricanisme primaire
J'ai souvent trouvé de l'intérêt aux articles de Gérard Delaloye, dans L'Hebdo puis maintenant sur le magazine en ligne Largeur.com: il apporte une profondeur historique qui fait trop souvent défaut à l'information sur l'actualité (il se présente comme "journaliste et historien"). Mais son dernier papier, mis en ligne aujourd'hui sur Largeur.com, est pitoyable. Un billet estival se voulant sage et distancié, mais dont il sait parfaitement que le point de départ est fallacieux: s'indignant du "carnaval" de l'élection californienne et de la perpective de voir "Terminator" élu gouverneur, il rappelle que la démocratie est le pire des systèmes... après tous les autres et que l'Europe n'a pas vraiment de leçons à donner, des dictatures auxquelles elle a donné naissance jusqu'à Berlusconi. Ce que je trouve complaisant, c'est de jouer avec le préjugé anti-américain (tous des grands enfants) qui conduit à voir en Arnold Schwarzenegger, acteur de profession, le personnage qu'il incarne au cinéma: dira-t-on de Deneuve qu'elle est une pute à cause de son rôle dans Belle de jour? Delaloye ne peut ignorer (c'est son métier à lui) que Schwarzenegger est de longue date un Républicain modéré, déjà associé à l'administration de Bush père, et qui s'est signalé depuis 8 ans par une fondation en faveur du développement éducatif d'enfants des milieux défavorisés; il a été l'un des piliers d'une initiative populaire en faveur des activités extra-scolaires, la proposition 49, approuvée l'an dernier en Californie. Tout cela n'en fait pas vraiment un monstre de foire en politique.
Troisième sexe
Une de ces histoires dont l'actualité britannique est friande dans le Daily Telegraph d'hier (en anglais; lecture gratuite mais il faut s'enregistrer): un juge a donné raison au propriétaire d'un pub qui a expulsé un groupe de 5 transexuelles parce que l'une d'elles avait utilisé les toilettes pour femmes (en réalité, il s'agissait donc d'hommes en voie de changer de sexe mais sans avoir encore achevé le processus, ce qui me paraît clairement les assimiler à des travestis). Soutenues par la commission officielle pour l'égalité, qui craint sans doute rien tant que de paraître bégueule, elles l'ont poursuivi pour discrimination sexuelle et ont donc perdu. Le fait que le propriétaire du pub ait précisé qu'il était gay et n'avait rien contre les transexuel-le-s n'a nullement diminué leur indignation devant une telle étroitesse d'esprit... Je me demande si elles n'ont pas surtout été vexées de ne pas avoir été plus convaincantes: il n'y aurait pas eu d'incident s'il n'avait pas été évident pour tout le monde qu'elles (qu'ils) étaient des hommes habillés en femmes.
D'un autre côté, je ne sais pas ce qu'auraient pensé les clients mâles en train d'uriner leur bière en voyant l'une de ces dames s'approcher et soulever l'avant de sa jupe -- ou même s'enfermer dans le cabinet côté hommes!
D'un autre côté, je ne sais pas ce qu'auraient pensé les clients mâles en train d'uriner leur bière en voyant l'une de ces dames s'approcher et soulever l'avant de sa jupe -- ou même s'enfermer dans le cabinet côté hommes!
15.8.03
Constitution de l'Union européenne
On n'en parle plus beaucoup... Le Monde avait publié le 18 juin une version encore non définitive et surtout incomplète (il y manquait la partie III sur "Les politiques et le fonctionnement de l'Union"). Mais on trouve sur le site de la Convention européenne le texte intégral et définitif (la postérité doit elle vraiment retenir la note de transmission du secrétariat de la Convention à ses membres?), du Projet de traité établissant une Constitution pour l'Europe, du 18 juillet 2003. Un pavé de 263 pages, disponible en 11 langues.
J'avoue des sentiments mélangés: pas mal de déception (la place excessive du Conseil européen et de l'intergouvernemental, l'égalité géométrique des Etats à la commission), une inquiétude (une Constitution beaucoup trop bavarde, imprécise et détaillée, et de surcroît dépourvue d'un mécanisme de révision: ce n'est pas le Traité qui met fin à tous les traités, mais bien un Traité qui en demandera un autre, donc l'unanimité, pour la moindre modification). Et pourtant c'est un pas en avant, faire la fine bouche en s'y opposant serait la politique du pire en rejoignant ultra-nationalistes et altermondialistes (qu'on a vu manifester violemment contre le Conseil européen de Thessalonique en juin dernier)...
J'avoue des sentiments mélangés: pas mal de déception (la place excessive du Conseil européen et de l'intergouvernemental, l'égalité géométrique des Etats à la commission), une inquiétude (une Constitution beaucoup trop bavarde, imprécise et détaillée, et de surcroît dépourvue d'un mécanisme de révision: ce n'est pas le Traité qui met fin à tous les traités, mais bien un Traité qui en demandera un autre, donc l'unanimité, pour la moindre modification). Et pourtant c'est un pas en avant, faire la fine bouche en s'y opposant serait la politique du pire en rejoignant ultra-nationalistes et altermondialistes (qu'on a vu manifester violemment contre le Conseil européen de Thessalonique en juin dernier)...
14.8.03
Cuisine interne
Pas d'entrée de ma part hier... Mais j'ai ajouté, en suivant l'exemple d'Oliver Kamm, un module (gratuit, comme l'outil principal proposé par Blogger) qui permet à nos éventuel-le-s lecteurs et lectrices de laisser des commentaires à la suite de nos entrées dans le blog.
Et les lecteurs anglophones, déjà, commencent d'arriver: rien moins que Norman Geras signale l'existence de ce blog-notes dans le cadre de son tour du monde des voix de gauche pour l'intervention en Irak. Merci! Et Swissroll ce serait un bon titre...
MISE A JOUR: changement de nom adopté! Nous passons de "Un blog-notes à quatre main - Commentaire de l'actualité..." à "Un swissroll - Blog-notes de l'actualité..."
Et les lecteurs anglophones, déjà, commencent d'arriver: rien moins que Norman Geras signale l'existence de ce blog-notes dans le cadre de son tour du monde des voix de gauche pour l'intervention en Irak. Merci! Et Swissroll ce serait un bon titre...
MISE A JOUR: changement de nom adopté! Nous passons de "Un blog-notes à quatre main - Commentaire de l'actualité..." à "Un swissroll - Blog-notes de l'actualité..."
12.8.03
Droits populaires: révocation
L'aboutissement de l'initiative en vue de la révocation du gouverneur de la Californie excite l'imagination, et pas seulement à cause de la candidature de Schwarzenegger. Mais la procédure paraît vraiment mal conçue: l'élection du successeur a lieu le même jour, sur le même bulletin, comme question éventuelle en cas de réponse positive à la question principale (Voulez-vous révoquer le gouverneur Gray Davis?). Même si le "oui" l'emporte par 60% à 40%, cela peut donner plus de partisans de Davis que de son futur successeur, à voir la dispersion des candidatures et des intentions de vote: Arnie mène actuellement dans les sondages, avec 25%.
A ce train là, il serait plus correct de prévoir que l'aboutissement de l'initiative (qui n'était pas aisé) entraîne ipso facto une nouvelle élection (comme l'hypothèse toujours évoquée mais jamais concrétisée, en France, du président qui démissionnerait pour se représenter), à laquelle le gouverneur sortant serait certainement candidat (dans le système actuel, Davis est l'un des rares citoyens à qui il est interdit de se présenter). Plus de détails sur les arcanes de ce scrutin (en anglais) ici et ici.
L'autre vice du système, c'est de court-circuiter la spécificité américaine de la sélection des candidatures à travers le processus de l'élection primaire...
A ce train là, il serait plus correct de prévoir que l'aboutissement de l'initiative (qui n'était pas aisé) entraîne ipso facto une nouvelle élection (comme l'hypothèse toujours évoquée mais jamais concrétisée, en France, du président qui démissionnerait pour se représenter), à laquelle le gouverneur sortant serait certainement candidat (dans le système actuel, Davis est l'un des rares citoyens à qui il est interdit de se présenter). Plus de détails sur les arcanes de ce scrutin (en anglais) ici et ici.
L'autre vice du système, c'est de court-circuiter la spécificité américaine de la sélection des candidatures à travers le processus de l'élection primaire...
11.8.03
Situation en Irak: contre-information
(...) les fidèles de Saddam et les djihadistes arabes ne sont pas parvenus à infliger des pertes substantielles, alors même que leurs rangs ne cessent de s'éclaircir. Le bilan de la 4e division d'infanterie (DI), depuis le 1er mai, est ainsi sans appel : pour 4 soldats tués, ses formations ont éliminé entre 100 et 200 combattants ennemis. De plus, les raids incessants que ceux-ci subissent multiplient les prisonniers, alors que le nombre de patrouilles et de contrôles limite leurs mouvements et réduit la coordination entre leurs différents groupes. Les apparitions rituelles de combattants masqués sur la télévision Al Arabiya et le ciblage de plus en plus fréquent de civils irakiens ne sont que l'expression d'une situation désespérée.
(...) chaque formation dispose d'un budget propre pour mener à bien des projets de reconstruction dans son secteur, et ainsi améliorer les conditions de vie locales tout en fournissant du travail aux entrepreneurs. La task force Scorpion des Marines, qui compte un millier d'hommes, a par exemple dépensé 350'000 $ dans la province de Babil. La 101e division aéromobile a investi 11 millions de dollars pour 1398 projets distincts dans le nord du pays, dont la remise en service d'un train reliant Mossoul à la Syrie et interrompu depuis plus d'une année. La 3e DI a injecté 2 millions à Fallujah pour la rénovation des services publics. La 4e DI a réparé 27 hôpitaux et 174 cliniques, reconstruit 11 écoles, alors que 35 autres sont en cours de reconstruction - tout comme 5 installations de purification d'eau.
(...) Les 324'000 enseignants irakiens sont tous retournés au travail, et leur salaire a été multiplié par 7. De plus, 1000 nouvelles écoles sont construites et 13'000 sont en cours de réparation. En tout, le 95% des écoles fonctionnent normalement et 5,5 millions d'écoliers ont pu effectuer les examens de fin d'année, tout comme la presque totalité des étudiants. Les 22 facultés universitaires de Bagdad avaient toutes réouvert à la mi-juillet. La disparition des informateurs de la police secrète d'Etat et la mise au rebut des manuels vantant la grandeur du dictateur déchu ont d'ailleurs complètement transformé la vie des étudiants et les pratiques pédagogiques.
(...) A la mi-juillet, un sondage très complet effectué à Bagdad par une société britannique - avec des enquêteurs irakiens - a fourni des résultats on ne peut plus intéressants. Parmi les 798 personnes interrogées, 50% d'entre elles approuvent en effet la guerre menée par les coalisés contre le régime de Saddam Hussein, contre 27% qui s'y opposent. Alors que les deux principaux motifs pour cette guerre leur semblent le pétrole irakien et la sécurité d'Israël, ce qui montre bien leur suspicion à l'endroit des Américains, 76% des sondés estiment néanmoins que ceux-ci doivent rester au moins 12 mois. Par ailleurs, 47% jugent que leur vie est pire aujourd'hui qu'un an auparavant contre 32% qui voient une amélioration, mais 52% pensent qu'elle sera meilleure dans 5 ans contre 11% qui prévoient une détérioration.
Lisez-vous même l'ensemble du texte, sur un site qui contient bien d'autres informations et analyses stimulantes.
(...) chaque formation dispose d'un budget propre pour mener à bien des projets de reconstruction dans son secteur, et ainsi améliorer les conditions de vie locales tout en fournissant du travail aux entrepreneurs. La task force Scorpion des Marines, qui compte un millier d'hommes, a par exemple dépensé 350'000 $ dans la province de Babil. La 101e division aéromobile a investi 11 millions de dollars pour 1398 projets distincts dans le nord du pays, dont la remise en service d'un train reliant Mossoul à la Syrie et interrompu depuis plus d'une année. La 3e DI a injecté 2 millions à Fallujah pour la rénovation des services publics. La 4e DI a réparé 27 hôpitaux et 174 cliniques, reconstruit 11 écoles, alors que 35 autres sont en cours de reconstruction - tout comme 5 installations de purification d'eau.
(...) Les 324'000 enseignants irakiens sont tous retournés au travail, et leur salaire a été multiplié par 7. De plus, 1000 nouvelles écoles sont construites et 13'000 sont en cours de réparation. En tout, le 95% des écoles fonctionnent normalement et 5,5 millions d'écoliers ont pu effectuer les examens de fin d'année, tout comme la presque totalité des étudiants. Les 22 facultés universitaires de Bagdad avaient toutes réouvert à la mi-juillet. La disparition des informateurs de la police secrète d'Etat et la mise au rebut des manuels vantant la grandeur du dictateur déchu ont d'ailleurs complètement transformé la vie des étudiants et les pratiques pédagogiques.
(...) A la mi-juillet, un sondage très complet effectué à Bagdad par une société britannique - avec des enquêteurs irakiens - a fourni des résultats on ne peut plus intéressants. Parmi les 798 personnes interrogées, 50% d'entre elles approuvent en effet la guerre menée par les coalisés contre le régime de Saddam Hussein, contre 27% qui s'y opposent. Alors que les deux principaux motifs pour cette guerre leur semblent le pétrole irakien et la sécurité d'Israël, ce qui montre bien leur suspicion à l'endroit des Américains, 76% des sondés estiment néanmoins que ceux-ci doivent rester au moins 12 mois. Par ailleurs, 47% jugent que leur vie est pire aujourd'hui qu'un an auparavant contre 32% qui voient une amélioration, mais 52% pensent qu'elle sera meilleure dans 5 ans contre 11% qui prévoient une détérioration.
Lisez-vous même l'ensemble du texte, sur un site qui contient bien d'autres informations et analyses stimulantes.
10.8.03
Eglise anglicane
Pour moi qui vis à Londres, la nomination d'un évêque ouvertement gay dans la branche américaine de la communion anglicane est venue s'inscrire dans une suite d'événéments qui ont marqué l'actualité quotidienne ces dernières années (l'Eglise anglicane est religion d'Etat, ici):
-- La décision d'autoriser les femmes à accéder à la prêtrise, prise il y a quelques années dans un grand tumulte avec menaces schismatiques: cela s'est soldé par quelques transferts à l'Eglise catholique romaine.
-- La désignation de Rowan Williams comme primat de l'Eglise anglicane (et par là-même chef de la communion anglicane dans le monde): l'un des principaux points contestés alors par ses adversaires était son attitude considérée comme ouverte, favorable aux gays.
-- Le suspense autour de la nomination, finalement avortée, de Jeffrey John comme évêque auxiliaire de Reading, en Angleterre.
Mgr Williams se trouve dans la position peu enviable du traître et de l'apparatchik: il avait approuvé préalablement la désignation par l'évêque d'Oxford de Jeffrey John, qui est un de ses amis personnels; mais soumis aux pressions que Guillaume Barry a rapportées, il a craqué; et plutôt que d'assumer en refusant, comme il en avait le pouvoir, la nomination qui lui était alors formellement soumise, il a obtenu le retrait "volontaire" de l'intéressé. On voit là aussi le défaut d'une procédure, en Angleterre, moins collective: dans l'Eglise épiscopalienne, c'est à trois reprises mais toujours par des collèges que la désignation de Gene Robinson comme évêque du New Hampshire a été approuvée.
Une autre distinction intéressante: en Angleterre on mettait en avant le fait que Jeffrey John n'était depuis plusieurs années plus un homosexuel "pratiquant", se conformant ainsi à une subtile distinction encore opérée par la communion anglicane dans son acceptation des gays et des lesbiennes; il vit pourtant toujours avec son partenaire et a quelque peu diminué la valeur du "sacrifice" consenti en observant que cette situation est aussi celle de bon nombre de couples hétéros après plus de 20 ans... Gene Robinson ne proclame rien de tel, bien au contraire: sa défense de la sexualité dans le couple est pour le moins robuste et paraît tirée tout droit du Cantique des cantiques (citée hier dans le Daily Telegraph reprenant une tribune de Mark Steyn -- qui paraît perdre de vue que le propos a une valeur plus générale, et que l'interdiction à l'ordination d'un prêtre gay ne pénalise pas seulement celui-ci, ou les gays, mais toutes celles et tous ceux pour qui il est le meilleur possible: pourquoi devraient-ils en avoir un moins bon, mais hétéro?)...
Ultime rappel: Gene Robinson est le premier évêque assumant ouvertement son homosexualité, mais il n'est pas le premier gay à exercer une telle fonction, et certainement pas même dans l'Eglise catholique romaine; dans la communion anglicane plusieurs évêques ont fait leur coming-out après avoir quitté leurs fonctions (pour l'Eglise épiscopalienne, l'ancien évêque de l'Utah en 1993).
-- La décision d'autoriser les femmes à accéder à la prêtrise, prise il y a quelques années dans un grand tumulte avec menaces schismatiques: cela s'est soldé par quelques transferts à l'Eglise catholique romaine.
-- La désignation de Rowan Williams comme primat de l'Eglise anglicane (et par là-même chef de la communion anglicane dans le monde): l'un des principaux points contestés alors par ses adversaires était son attitude considérée comme ouverte, favorable aux gays.
-- Le suspense autour de la nomination, finalement avortée, de Jeffrey John comme évêque auxiliaire de Reading, en Angleterre.
Mgr Williams se trouve dans la position peu enviable du traître et de l'apparatchik: il avait approuvé préalablement la désignation par l'évêque d'Oxford de Jeffrey John, qui est un de ses amis personnels; mais soumis aux pressions que Guillaume Barry a rapportées, il a craqué; et plutôt que d'assumer en refusant, comme il en avait le pouvoir, la nomination qui lui était alors formellement soumise, il a obtenu le retrait "volontaire" de l'intéressé. On voit là aussi le défaut d'une procédure, en Angleterre, moins collective: dans l'Eglise épiscopalienne, c'est à trois reprises mais toujours par des collèges que la désignation de Gene Robinson comme évêque du New Hampshire a été approuvée.
Une autre distinction intéressante: en Angleterre on mettait en avant le fait que Jeffrey John n'était depuis plusieurs années plus un homosexuel "pratiquant", se conformant ainsi à une subtile distinction encore opérée par la communion anglicane dans son acceptation des gays et des lesbiennes; il vit pourtant toujours avec son partenaire et a quelque peu diminué la valeur du "sacrifice" consenti en observant que cette situation est aussi celle de bon nombre de couples hétéros après plus de 20 ans... Gene Robinson ne proclame rien de tel, bien au contraire: sa défense de la sexualité dans le couple est pour le moins robuste et paraît tirée tout droit du Cantique des cantiques (citée hier dans le Daily Telegraph reprenant une tribune de Mark Steyn -- qui paraît perdre de vue que le propos a une valeur plus générale, et que l'interdiction à l'ordination d'un prêtre gay ne pénalise pas seulement celui-ci, ou les gays, mais toutes celles et tous ceux pour qui il est le meilleur possible: pourquoi devraient-ils en avoir un moins bon, mais hétéro?)...
Ultime rappel: Gene Robinson est le premier évêque assumant ouvertement son homosexualité, mais il n'est pas le premier gay à exercer une telle fonction, et certainement pas même dans l'Eglise catholique romaine; dans la communion anglicane plusieurs évêques ont fait leur coming-out après avoir quitté leurs fonctions (pour l'Eglise épiscopalienne, l'ancien évêque de l'Utah en 1993).
Sevrage
De retour après trois jours de vacances (dans le Dorset, côte sud ouest de l'Angleterre: une immense plage, très peu fréquentée: idéal par ces canicules). Je ne l'avais pas annoncé car je pensais trouver peut-être un café Internet là-bas, mais non. C'était l'occasion de vérifier si ma dépendance à l'Internet en général (et à la blogosphère en particulier) avait atteint un stade toxique: j'y ai bien pensé, mais sans plus, et j'ai survécu sans dommage, j'en suis moi-même surpris!
7.8.03
Henri Tachan
Il serait improbable que ce blog ne mentionne pas Henri Tachan, un chanteur français dans la ligne de Brel, Brassens ou Ferré -- mais toujours vivant, et moins connu! Je lui consacre un site qui m'a permis de rencontrer une autre communauté virtuelle (dont je crains qu'elle ne comprenne pas beaucoup de partisans de l'intervention en Irak...). Et depuis lundi je me repasse une émission de France-Inter [lien rompu]: Tachan y dévoile les ressorts de la passion pour la musique classique qu'il marie à ses chansons à texte. Si vous ne pouvez pas l'écouter, lisez le programme.
6.8.03
Off the record: Kelly II
Après le Dr David Kelly, c'est Tom Kelly, l'un des deux porte-paroles de Blair, qui a cru pouvoir impunément parler off the record à un journaliste... qui s'est empressé de trahir son anonymat en violation de tous les usages, comme le révèle le Daily Telegraph (la lecture est gratuite, mais il faut s'enregistrer). Je ne suis pas encore suffisamment familier de la culture anglo-saxonne pour apprécier l'injure que représente la comparaison du scientifique qui s'est donné la mort avec Walter Mitty, personnage de fiction caractérisé par sa mythomanie, mais je ne peux m'empêcher d'avoir une certaine sympathie pour l'homme qui s'est fait piéger.
Il y aura certainement bien des occasions de revenir sur le scandale de la campagne menée par le journaliste Andrew Gilligan et la BBC contre l'intervention internationale en Irak, notamment avec l'enquête publique que conduit un juge, Lord Hutton, sur les circonstances qui ont conduit à la mort de celui que Gilligan présente comme la source de son scoop sur la soi-disant manipulation du dossier émanant des services spéciaux sur la menace que représentait le régime irakien. Mais il est inévitable que cela éclabousse également le Dr Kelly: par exemple il a déclaré à une commission parlementaire "ne pas se souvenir" d'avoir également parlé à un autre journaliste de la BBC... Il est bien sûr maladroit pour le porte-parole de Blair d'être celui qui attire l'attention sur ces questions, mais c'est le même Telegraph, dans un éditorial et dans un article de Matthew d'Ancona, tous deux du 27 juillet, qui a publié la mise en cause la plus ferme de celui que sa mort devait rendre intouchable. Un suicide intervenu, je ne l'ai vu relevé nulle part, le jour même où, de manière inattendue, Gilligan était appelé à témoigner une seconde fois devant la commission parlementaire.
Il est donc inévitable que les raisons qui ont pu amener le scientifique à se prêter aux questions du journaliste soient l'un des éléments de l'enquête, et Tom Kelly n'a apparemment rien dit d'autre. Personnellement, j'aurais plutôt invoqué le Le Carré de la grande époque pour comprendre et décrire la psychologie des deux personnages, Gilligan et le Dr Kelly...
Il y aura certainement bien des occasions de revenir sur le scandale de la campagne menée par le journaliste Andrew Gilligan et la BBC contre l'intervention internationale en Irak, notamment avec l'enquête publique que conduit un juge, Lord Hutton, sur les circonstances qui ont conduit à la mort de celui que Gilligan présente comme la source de son scoop sur la soi-disant manipulation du dossier émanant des services spéciaux sur la menace que représentait le régime irakien. Mais il est inévitable que cela éclabousse également le Dr Kelly: par exemple il a déclaré à une commission parlementaire "ne pas se souvenir" d'avoir également parlé à un autre journaliste de la BBC... Il est bien sûr maladroit pour le porte-parole de Blair d'être celui qui attire l'attention sur ces questions, mais c'est le même Telegraph, dans un éditorial et dans un article de Matthew d'Ancona, tous deux du 27 juillet, qui a publié la mise en cause la plus ferme de celui que sa mort devait rendre intouchable. Un suicide intervenu, je ne l'ai vu relevé nulle part, le jour même où, de manière inattendue, Gilligan était appelé à témoigner une seconde fois devant la commission parlementaire.
Il est donc inévitable que les raisons qui ont pu amener le scientifique à se prêter aux questions du journaliste soient l'un des éléments de l'enquête, et Tom Kelly n'a apparemment rien dit d'autre. Personnellement, j'aurais plutôt invoqué le Le Carré de la grande époque pour comprendre et décrire la psychologie des deux personnages, Gilligan et le Dr Kelly...
Blog francophone
Peut-être que je m'y prends mal... mais comment se fait-il qu'en anglais je navigue de blog en blog, entre euphorie et humilité d'être autorisé à entrer dans l'esprit de Norman Geras, Oliver Kamm ou Andrew Sullivan, pour n'en citer que trois, et qu'en français je ne trouve que des blogs d'informaticiens boutonneux? Où sont les blogs de BHL, Pascal Bruckner ou même Henri Lepage? Les "intellectuels" autoproclamés dont la France est friande craindraient-ils de s'exposer à la populace? Je promets de publier les démentis / compléments (je les appelle de mes voeux!).
Une autre chose qui me fascine, dans ma courte immersion dans la blogosphère, c'est que le blog s'inscrit en somme contre la pensée unique: c'est ce qui nous donne cette galaxie des blogs anglo-saxons de gauche pour la guerre et pour Bush (contre la nullité présente des démocrates américains, des libéraux britanniques et de la majorité silencieuse des travaillistes qui subissent un Blair admirable) et en France ces blogs libéraux / libertaires, contre la gauche mais aussi la droite étatiste de Chirac / Raffarin; mais quel sectarisme...
Une autre chose qui me fascine, dans ma courte immersion dans la blogosphère, c'est que le blog s'inscrit en somme contre la pensée unique: c'est ce qui nous donne cette galaxie des blogs anglo-saxons de gauche pour la guerre et pour Bush (contre la nullité présente des démocrates américains, des libéraux britanniques et de la majorité silencieuse des travaillistes qui subissent un Blair admirable) et en France ces blogs libéraux / libertaires, contre la gauche mais aussi la droite étatiste de Chirac / Raffarin; mais quel sectarisme...
Les voies du blog...
Sur le blog Biased BBC, Nathalie Solent donne suite à un courriel que je lui avais adressé: c'était à propos d'un message mis en ligne le 29 juillet sur le blog de Jane Galt selon lequel la fiche-pays consacrée à la Corée du Nord, sur BBC online, ne mentionnerait même pas qu'il s'agit d'un régime communiste / stalinien / totalitaire. Publiées à la suite du message, 18 réactions allant de l'indignation partagée à l'accusation de paranoïa (parce que tout le monde le sait, ou que la fiche mentionne quand même un "rigide système de contrôle étatique"). Le 19e ne voit pas où est le problème: la deuxième phrase du chapeau en gras est "C'est l'un des derniers régimes communistes au monde". Le 20e, votre serviteur, signale que la page de BBC online a été actualisée le 1er août: la phrase serait-elle nouvelle?
Nathalie répond hier qu'elle n'en sait rien, qu'il est possible qu'une correction soit intervenue mais aussi que l'on peut se laisser emporter dans la dénonciation et ne pas prêter assez attention au chapeau... Douglas C. apporte ce matin le fin de mot de l'histoire en renvoyant au cache de la page en question sur Google: dans la version du 24 mai, la phrase en question ne figurait pas! Elle a donc bien été ajoutée pour faire taire les critiques du blog...
Nathalie répond hier qu'elle n'en sait rien, qu'il est possible qu'une correction soit intervenue mais aussi que l'on peut se laisser emporter dans la dénonciation et ne pas prêter assez attention au chapeau... Douglas C. apporte ce matin le fin de mot de l'histoire en renvoyant au cache de la page en question sur Google: dans la version du 24 mai, la phrase en question ne figurait pas! Elle a donc bien été ajoutée pour faire taire les critiques du blog...
5.8.03
L'Irak de Vargas Llosa dans Le Monde
Depuis hier, Le Monde publie une série de six articles de l'écrivain péruvien libéral Mario Vargas Llosa de retour d'Irak. Ca console un peu du parti-pris rédactionnel hostile à l'intervention de la communauté internationale (qui continue avec les "mensonges" de Bush ou Blair assenés comme des faits avérés): avantage des grands journaux, ils sont en quelque sorte contraints au pluralisme et c'est quand même aussi dans Le Monde que j'ai pu trouver bon nombre d'informations intéressantes et de positions à contre-courant.
C'est un peu comme si l'attaque dont la direction du journal est victime au travers du livre de Pierre Péan et Philippe Cohen, La face cachée du Monde, avait amené le journal à opérer une régression infantile: retrouver le temps bienheureux de l'antiaméricanisme et de l'admiration pour les Khmers rouges? Les auteurs s'indignent que Le Monde ait changé: mais c'était pour le meilleur! A-t-on assez reproché à Jean-Marie Colombani d'avoir titré, le 13 septembre 2001, "Nous sommes tous Américains"...
C'est un peu comme si l'attaque dont la direction du journal est victime au travers du livre de Pierre Péan et Philippe Cohen, La face cachée du Monde, avait amené le journal à opérer une régression infantile: retrouver le temps bienheureux de l'antiaméricanisme et de l'admiration pour les Khmers rouges? Les auteurs s'indignent que Le Monde ait changé: mais c'était pour le meilleur! A-t-on assez reproché à Jean-Marie Colombani d'avoir titré, le 13 septembre 2001, "Nous sommes tous Américains"...
4.8.03
La gauche pour l'intervention en Irak
Instapundit signale la reprise, sur un site dérivé du Wall Street Journal, d'un texte que Norman Geras avait publié dans son blog et qui a immédiatement été largement répercuté. Norman Geras est un marxiste, spécialiste de Rosa Luxembourg, professeur à l'Université de Manchester. Son texte, Une défaite morale -- Pourquoi cette gauche qui manifeste pour Saddam Hussein?, est une adaptation d'une conférence prononcée à un séminaire trotskyste en juin dernier... Geras est probablement le représentant le plus éminent de de ces orphelins de la gauche réunis par la blogsphère, qui ont la naïveté de penser qu'il est juste de renverser un tyran, et que le 11 septembre 2001 est une attaque contre la liberté qui demande une riposte aussi longue et décisive que nécessaire.
Si vous ne lisez pas l'anglais, je ne peux que vous renvoyer aux modestes contributions que je suis pour ma part fier d'avoir apportées dans ce sens en Suisse: un article dans l'hebdomadaire indépendant de gauche Domaine Public, un débat dans la Tribune de Genève et une tribune dans le quotidien Le Temps.
Si vous ne lisez pas l'anglais, je ne peux que vous renvoyer aux modestes contributions que je suis pour ma part fier d'avoir apportées dans ce sens en Suisse: un article dans l'hebdomadaire indépendant de gauche Domaine Public, un débat dans la Tribune de Genève et une tribune dans le quotidien Le Temps.
Bonnes vacances Andrew -- et bon anniversaire!
Nous serons privés pour un petit mois de notre pitance quotidienne ("daily dish", titre de son blog). L'occasion ou jamais, si vous ne connaissez pas Andrew Sullivan mais lisez l'anglais, de vous y plonger. Catholique, conservateur et gay, Anglais vivant aux Etats-Unis, Sullivan tire de ces diverses facettes de son identité la matière d'un blog fascinant (outre des publications abondantes sous forme de livres ou d'articles).
Qui saura nous dire la date précise de son anniversaire? Nous disposons de deux indices: c'est avant Labor Day (le 1er septembre) et, preuve irréfutable du complot dont il est cette fois l'instrument et non le dénonciateur patenté, c'est précisément le jour choisi par Chomsky pour venir donner une conférence sur le lieu de villégiature de Sullivan...
Qui saura nous dire la date précise de son anniversaire? Nous disposons de deux indices: c'est avant Labor Day (le 1er septembre) et, preuve irréfutable du complot dont il est cette fois l'instrument et non le dénonciateur patenté, c'est précisément le jour choisi par Chomsky pour venir donner une conférence sur le lieu de villégiature de Sullivan...
"Altermondialistes"
Sur son site pré-blog, l'indépendant de droite Philippe Barraud laisse non sans raison courir son indignation sur la pantalonade d'un participant aux manifestations qui ont créé passablement de dégâts à Genève à l'occasion du sommet du G8 à Evian en juin dernier: protestation de vertu outragée (complaisamment répercutée par les médias) lorsqu'il apprend qu'il est recherché par la police, qui se termine en piteux ergotage sur la nature de sa participation aux faits, une fois confronté à une vidéo...
Droits populaires: naturalisations
La décision du Tribunal fédéral de déclarer inconstitutionnel l'octroi de la nationalité suisse par votation populaire (communiqué en français -- tant qu'il n'est pas remplacé puisque le site du TF n'a pas l'air de les archiver) continue de faire du bruit (Pierre-André Stauffer dans L'Hebdo de cette semaine), et probablement pas seulement parce que c'est l'été. Quand j'en ai pris connaissance, de Londres sur le web, j'ai personnellement été choqué: jugement "politiquement correct" qui marque une tentation vers le pouvoir politique des juges (encore moins acceptable en Suisse que dans d'autres pays parce qu'elle peut mettre le pouvoir judiciaire en conflit non pas seulement avec d'autres pouvoirs de l'Etat, mais avec le peuple lui-même), formalisme dogmatique de traiter la naturalisation comme un acte administratif de la même nature, en somme, qu'un permis de conduire, tendance à voir de la discrimination partout...
Je m'empresse de préciser que je ne suis pas partisan des naturalisations par votation, et que j'accueillerais avec faveur une dépolitisation du processus d'acquisition de la nationalité: à Genève, cette décision fait intervenir le conseil municipal de la commune concernée (ou l'exécutif communal) et est du ressort du Conseil d'Etat (gouvernement cantonal) in corpore; en cas de refus, la personne concernée peut solliciter une décision du Grand Conseil (parlement cantonal)!
J'ai eu un peu plus de compréhension pour les juges fédéraux en réalisant qu'ils ont statué simultanément sur deux affaires: une demande de déclarer nulle la fameuse votation intervenue dans la ville d'Emmen qui a vu certains étrangers naturalisés, les Italiens, mais pas d'autres, les ex-Yougoslaves (texte de l'arrêt, en allemand); et une initiative populaire de l'UDC qui voulait introduire la naturalisation par le peuple plutôt que par les autorités en ville de Zurich (texte de l'arrêt, en allemand). Pour prendre une analogie avec le droit de vote des femmes: si le TF, alors, a su résister à la tentation d'octroyer par voie judiciaire les droits politiques aux femmes, il est néanmoins clair qu'une initiative populaire qui aurait tenté de les supprimer dans un canton où ils avaient été acquis aurait dû être déclarée contraire aux droits fondamentaux garantis par la Constitution fédérale. Dans le cas précis, il était donc difficile de déclarer l'initiative zurichoise inconstitutionnelle tout en prenant une mesure ménageant mieux la susceptibilité des collectivités mises en cause.
Il me semble que ces arrêts du TF marquent symboliquement l'achèvement d'un cycle de 50 ans: celui de l'apothéose des droits populaires, ramenés aujourd'hui au rang d'instrument contingent. Le cycle a commencé dans les années 50 avec les arrêts Rheinau et Savary: les juges fédéraux faisaient alors preuve de la plus grande largeur de vue pour "sauver" des initiatives que les autorités tentaient d'annuler (pour cause de remise en cause d'un ouvrage déjà construit, par exemple). Depuis la doctrine dominante et la pratique ont toujours cherché la protection ou l'extension maximale des droits populaires (in dubio pro populo, le doute doit profiter aux droits populaires, selon l'adage forgé en latin par le professeur Jean-François Aubert, application non seulement à des normes mais à des décisions concrètes telles qu'autoroutes et centrales nucléaires).
Aujourd'hui le vent a tourné: la même élite libérale (au sens étymologique) qui a porté ce mouvement n'y voit plus d'intérêt, médias et universitaires qui auparavant louaient la capacité des droits populaires de faire évoluer la société suisse ne voient plus que blocages et populisme. Il y a peu d'années, le TF n'a pas cherché à "sauver" l'initiative qui voulait remettre en cause le stade (et surtout centre commercial) de Genève, et maintenant il ne prend pas de gants pour décréter que, même là où elle existe sans problème depuis longtemps, la naturalisation par votation est intolérable. La boucle est bouclée: dans la Tribune de Genève, la semaine dernière (mais l'interview n'est pas en ligne), le professeur Andreas Auer, naguère à l'avant-garde des droits populaires et toujours directeur du Centre d'études et de documentation sur la démocratie directe de l'Université de Genève, confirme que le réexamen devrait aussi concerner d'autres objets régulièrement soumis en votation (référendum financier, traditionnellement défendu par la droite) tout en niant encore que cela aura aussi des répercussions sur les décisions en matière d'aménagement du territoire (au détriment de la gauche et des Verts).
Je m'empresse de préciser que je ne suis pas partisan des naturalisations par votation, et que j'accueillerais avec faveur une dépolitisation du processus d'acquisition de la nationalité: à Genève, cette décision fait intervenir le conseil municipal de la commune concernée (ou l'exécutif communal) et est du ressort du Conseil d'Etat (gouvernement cantonal) in corpore; en cas de refus, la personne concernée peut solliciter une décision du Grand Conseil (parlement cantonal)!
J'ai eu un peu plus de compréhension pour les juges fédéraux en réalisant qu'ils ont statué simultanément sur deux affaires: une demande de déclarer nulle la fameuse votation intervenue dans la ville d'Emmen qui a vu certains étrangers naturalisés, les Italiens, mais pas d'autres, les ex-Yougoslaves (texte de l'arrêt, en allemand); et une initiative populaire de l'UDC qui voulait introduire la naturalisation par le peuple plutôt que par les autorités en ville de Zurich (texte de l'arrêt, en allemand). Pour prendre une analogie avec le droit de vote des femmes: si le TF, alors, a su résister à la tentation d'octroyer par voie judiciaire les droits politiques aux femmes, il est néanmoins clair qu'une initiative populaire qui aurait tenté de les supprimer dans un canton où ils avaient été acquis aurait dû être déclarée contraire aux droits fondamentaux garantis par la Constitution fédérale. Dans le cas précis, il était donc difficile de déclarer l'initiative zurichoise inconstitutionnelle tout en prenant une mesure ménageant mieux la susceptibilité des collectivités mises en cause.
Il me semble que ces arrêts du TF marquent symboliquement l'achèvement d'un cycle de 50 ans: celui de l'apothéose des droits populaires, ramenés aujourd'hui au rang d'instrument contingent. Le cycle a commencé dans les années 50 avec les arrêts Rheinau et Savary: les juges fédéraux faisaient alors preuve de la plus grande largeur de vue pour "sauver" des initiatives que les autorités tentaient d'annuler (pour cause de remise en cause d'un ouvrage déjà construit, par exemple). Depuis la doctrine dominante et la pratique ont toujours cherché la protection ou l'extension maximale des droits populaires (in dubio pro populo, le doute doit profiter aux droits populaires, selon l'adage forgé en latin par le professeur Jean-François Aubert, application non seulement à des normes mais à des décisions concrètes telles qu'autoroutes et centrales nucléaires).
Aujourd'hui le vent a tourné: la même élite libérale (au sens étymologique) qui a porté ce mouvement n'y voit plus d'intérêt, médias et universitaires qui auparavant louaient la capacité des droits populaires de faire évoluer la société suisse ne voient plus que blocages et populisme. Il y a peu d'années, le TF n'a pas cherché à "sauver" l'initiative qui voulait remettre en cause le stade (et surtout centre commercial) de Genève, et maintenant il ne prend pas de gants pour décréter que, même là où elle existe sans problème depuis longtemps, la naturalisation par votation est intolérable. La boucle est bouclée: dans la Tribune de Genève, la semaine dernière (mais l'interview n'est pas en ligne), le professeur Andreas Auer, naguère à l'avant-garde des droits populaires et toujours directeur du Centre d'études et de documentation sur la démocratie directe de l'Université de Genève, confirme que le réexamen devrait aussi concerner d'autres objets régulièrement soumis en votation (référendum financier, traditionnellement défendu par la droite) tout en niant encore que cela aura aussi des répercussions sur les décisions en matière d'aménagement du territoire (au détriment de la gauche et des Verts).
3.8.03
A l'eau!
C'est parti pour le plongeon dans la blogosphère!