7.10.04
Rapport de l'Iraq Survey Group: et alors?
D'une certaine façon, je suis sidéré de la place que prend depuis deux jours, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis (et sans doute aussi en Australie, pour la même raison), le enième rapport confirmant qu'il n'y avait en définitive par de stocks d'armes de destruction massive prêtes à l'emploi en Irak: c'est évidemment le contraire seulement qui mériterait les gros titres. Mais dans ces trois pays les médias bien pensants et les partis d'opposition tentent de faire mousser au maximum leur interprétation du rapport Duelfer pour embarrasser le pouvoir en période (pré)électorale.
Cela signifie-t-il que Blair, Bush ou Howard ont menti ont invoquant la menace irakienne? Evidemment non: tout le monde à l'époque (y compris Chirac ou les dirigeants arabes) était convaincu de la réalité du danger, et encore après le début de l'intervention les militaires irakiens eux-mêmes étaient persuadés de l'existence de telles armes (dans le régiment d'à côté) et de leur emploi imminent.
Cela signifie-t-il que l'intervention internationale était inutile? Evidemment non: le rapport confirme que Saddam n'attendait que l'occasion de reconstituer sa capacité offensive. Il faut rappeler sans se lasser à ceux qui ont la mémoire courte que de telles armes ont effectivement existé et été utilisées dans le passé, tant dans la guerre contre l'Iran que contre le peuple irakien lui-même. De même la volonté de se doter de l'arme nucléaire était une réalité dont la France et Chirac personnellement porteraient une lourde responsabilité si l'aviation israélienne n'avait pas détruit l'installation d'Osirak. Depuis lors, la Lybie, elle, a admis avoir des armes de destruction massive et y a renoncé de manière crédible; et je doute que le rapport de l'ISG ait pu porter sur ce qui a pu passer en Syrie et en Iran...
Il faut se souvenir que la résolution 1441 adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité ne comportait pas seulement un élément en quelque sorte objectif (maintenant seulement véritablement établi), l'inexistence d'armes de destruction massive, mais aussi un élément subjectif qui lui n'a jamais été établi, l'ouverture du pays à une collaboration pleine et entière avec l'ONU. La crédibilité même du système international dont l'ONU est la clé de voûte était ébranlée par l'incapacité du Conseil de sécurité à tirer les conséquences de l'obstruction de Saddam, ç'aurait été encore bien pire s'il avait fini par l'emporter faute d'intervention de la coalition internationale.
Mais les leaders de la coalition devraient-ils se repentir, et regretter de ne pas s'être contenté d'une politique d'isolement de l'Irak et de poursuite des inspections engagées sous les auspices de l'ONU? Bien sûr que non, car le désarmement de l'Irak s'inscrit dans une stratégie plus large de libération démocratique et de reconstruction économique de l'Afghanistan et de l'Irak afin de contrer l'islamofascisme de manière effective, et sur ses terres. Ceux qui prônent a posteriori la politique des sanctions qui a été appliquée pendant 10 ans oublient qu'à l'époque ils s'indignaient des souffrances endurées par le peuple irakien et militaient pour les lever... Leur poursuite aurait signifié la continuation du détournement par Saddam (et semble-t-il de larges complicités occidentales dont je voudrais être certain qu'elles n'ont pas joué un rôle dans l'opposition de certains gouvernements à l'intervention) du programme de l'ONU "pétrole contre nourriture", détournement qui était, on le sait maintenant, la véritable cause et de l'ineffectivité des sanctions sur le régime et de leur effet sur le peuple irakien.
En fin de compte, la désinformation n'est pas où les médias veulent la voir mais bien chez Saddam, qui est parvenu à faire illusion, tant que le 11 septembre 2001 n'a pas rendu obsolète et insupportable l'attentisme face à son régime. Il pouvait éviter l'intervention en reconnaissant son bluff, ce qui aurait entraîné sa chute et permis alors une transition plus pacifique pour laquelle l'appui de la communauté internationale n'aurait alors pas soulevé autant d'opposition... On ne refait pas l'histoire, mais il ne faut pas non plus inverser les responsabilités.
COMPLEMENT DE 18H: Décidément c'est pire que je le pensais. Que Pasqua ait touché ne surprendra personne, mais le janséniste (s'il n'était calviniste) Pierre Joxe! Ultérieurement premier président de la Cour des comptes, actuellement membre du Conseil constitutionnel, il aurait reçu en 1992, alors qu'il était ministre de la défense de Mitterrand, un million de dollars à l'intention du PS de la part de l'ambassadeur irakien à Paris, selon des documents des services secrets irakiens inclus dans le rapport de l'ISG (Daily Telegraph, gratuit mais il faut s'inscrire).
MISE A JOUR: "La France dément les accusations de corruption du rapport Duelfer" (Le Monde daté du 9.10, mais je ne trouve pas de lien), Pasqua et Joxe démentent pour ce qui les concerne. Mais c'est un peu court.
Cela signifie-t-il que Blair, Bush ou Howard ont menti ont invoquant la menace irakienne? Evidemment non: tout le monde à l'époque (y compris Chirac ou les dirigeants arabes) était convaincu de la réalité du danger, et encore après le début de l'intervention les militaires irakiens eux-mêmes étaient persuadés de l'existence de telles armes (dans le régiment d'à côté) et de leur emploi imminent.
Cela signifie-t-il que l'intervention internationale était inutile? Evidemment non: le rapport confirme que Saddam n'attendait que l'occasion de reconstituer sa capacité offensive. Il faut rappeler sans se lasser à ceux qui ont la mémoire courte que de telles armes ont effectivement existé et été utilisées dans le passé, tant dans la guerre contre l'Iran que contre le peuple irakien lui-même. De même la volonté de se doter de l'arme nucléaire était une réalité dont la France et Chirac personnellement porteraient une lourde responsabilité si l'aviation israélienne n'avait pas détruit l'installation d'Osirak. Depuis lors, la Lybie, elle, a admis avoir des armes de destruction massive et y a renoncé de manière crédible; et je doute que le rapport de l'ISG ait pu porter sur ce qui a pu passer en Syrie et en Iran...
Il faut se souvenir que la résolution 1441 adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité ne comportait pas seulement un élément en quelque sorte objectif (maintenant seulement véritablement établi), l'inexistence d'armes de destruction massive, mais aussi un élément subjectif qui lui n'a jamais été établi, l'ouverture du pays à une collaboration pleine et entière avec l'ONU. La crédibilité même du système international dont l'ONU est la clé de voûte était ébranlée par l'incapacité du Conseil de sécurité à tirer les conséquences de l'obstruction de Saddam, ç'aurait été encore bien pire s'il avait fini par l'emporter faute d'intervention de la coalition internationale.
Mais les leaders de la coalition devraient-ils se repentir, et regretter de ne pas s'être contenté d'une politique d'isolement de l'Irak et de poursuite des inspections engagées sous les auspices de l'ONU? Bien sûr que non, car le désarmement de l'Irak s'inscrit dans une stratégie plus large de libération démocratique et de reconstruction économique de l'Afghanistan et de l'Irak afin de contrer l'islamofascisme de manière effective, et sur ses terres. Ceux qui prônent a posteriori la politique des sanctions qui a été appliquée pendant 10 ans oublient qu'à l'époque ils s'indignaient des souffrances endurées par le peuple irakien et militaient pour les lever... Leur poursuite aurait signifié la continuation du détournement par Saddam (et semble-t-il de larges complicités occidentales dont je voudrais être certain qu'elles n'ont pas joué un rôle dans l'opposition de certains gouvernements à l'intervention) du programme de l'ONU "pétrole contre nourriture", détournement qui était, on le sait maintenant, la véritable cause et de l'ineffectivité des sanctions sur le régime et de leur effet sur le peuple irakien.
En fin de compte, la désinformation n'est pas où les médias veulent la voir mais bien chez Saddam, qui est parvenu à faire illusion, tant que le 11 septembre 2001 n'a pas rendu obsolète et insupportable l'attentisme face à son régime. Il pouvait éviter l'intervention en reconnaissant son bluff, ce qui aurait entraîné sa chute et permis alors une transition plus pacifique pour laquelle l'appui de la communauté internationale n'aurait alors pas soulevé autant d'opposition... On ne refait pas l'histoire, mais il ne faut pas non plus inverser les responsabilités.
COMPLEMENT DE 18H: Décidément c'est pire que je le pensais. Que Pasqua ait touché ne surprendra personne, mais le janséniste (s'il n'était calviniste) Pierre Joxe! Ultérieurement premier président de la Cour des comptes, actuellement membre du Conseil constitutionnel, il aurait reçu en 1992, alors qu'il était ministre de la défense de Mitterrand, un million de dollars à l'intention du PS de la part de l'ambassadeur irakien à Paris, selon des documents des services secrets irakiens inclus dans le rapport de l'ISG (Daily Telegraph, gratuit mais il faut s'inscrire).
MISE A JOUR: "La France dément les accusations de corruption du rapport Duelfer" (Le Monde daté du 9.10, mais je ne trouve pas de lien), Pasqua et Joxe démentent pour ce qui les concerne. Mais c'est un peu court.