29.9.03
Tribunal fédéral et naturalisations
Dans Le Temps d'aujourd'hui, le professeur Etienne Grisel revient sur les arrêts du Tribunal fédéral de juillet, sur lesquels je me suis exprimé ici. Il critique violemment les juges fédéraux -- mais à la mesure de l'abus de pouvoir qui leur est reproché.
27.9.03
Pas en notre nom!
Reprenant une idée de Harry's Place (signalée par Norman Geras), ce blog participe à la contre-manifestation virtuelle contre les défaitistes (à Séville, d'où j'écris encore, leur manif est à 18h30, donc je suis dans les temps...).
Et puisque le thème de la manifestation est le rappel des troupes, j'en profite pour relayer la dénonciation d'une évacuation qui, elle, est en cours: celle des ONG, qui a hélas commencé par le CICR dans le sillage de l'attentat contre l'ONU. Comme le relève Martin Peretz (de la revue américaine de gauche New Republic) dans cette tribune, il s'agit d'un véritable acte de sabotage à motivation idéologique: les mêmes organisations laissaient leur personnel au Libéria quand la situation y était bien plus dangereuse. Mais elles ne veulent pas d'eau potable pour les Irakiens si c'est Paul Bremer qui ouvre le robinet... (Info de David Steven, qui la tenait de l'irrépressible Instapundit).
Et puisque le thème de la manifestation est le rappel des troupes, j'en profite pour relayer la dénonciation d'une évacuation qui, elle, est en cours: celle des ONG, qui a hélas commencé par le CICR dans le sillage de l'attentat contre l'ONU. Comme le relève Martin Peretz (de la revue américaine de gauche New Republic) dans cette tribune, il s'agit d'un véritable acte de sabotage à motivation idéologique: les mêmes organisations laissaient leur personnel au Libéria quand la situation y était bien plus dangereuse. Mais elles ne veulent pas d'eau potable pour les Irakiens si c'est Paul Bremer qui ouvre le robinet... (Info de David Steven, qui la tenait de l'irrépressible Instapundit).
25.9.03
Affaire Gilligan - Kelly
Toujours en vacances. Après la visite du Real Alcazar (palais royal), à Séville, nous décidons de passer à l'hôtel les heures chaudes du début de l'après-midi... pour tomber sur la retransmission en direct par BBC World de l'audience finale de l'enquête publique conduite par Lord Hutton! Pas question de sieste (du moins pour moi...).
Lord Hutton est seul sur une estrade. Sous lui une rangée de collaborateurs et en face d'eux le public (chacun son écran digital, comme au café Internet où je suis, mais c'est pour faire apparaìtre sur l'écran un document archivé sur le site à peine est-il cité); au premier rang, debout, à tour de rôle chacun des avocats des parties reconnues dans la procédure (y compris, en dernier, celui de l'enquête elle-même), pour une présentation de leurs conclusions après les témoignages qui, eux, n'ont pas été télévisés. Occasionnellement, Hutton interrompt, ce qui confirme l'idée qu'il s'agit au fond d'une conversation avec lui... A la fin Lord Hutton remercie tout le monde et conclut non pas par "je lève l'audience" mais "je me lève". De quoi clarifier ces aberrations que j'ai lues à plusieurs reprises dans la presse francophone voyant Lord Hutton président d'une commission, voire entouré de deux assesseurs, négation de la nature profondément individuelle de la responsabilité dans le système anglo-saxon.
Lord Hutton est seul sur une estrade. Sous lui une rangée de collaborateurs et en face d'eux le public (chacun son écran digital, comme au café Internet où je suis, mais c'est pour faire apparaìtre sur l'écran un document archivé sur le site à peine est-il cité); au premier rang, debout, à tour de rôle chacun des avocats des parties reconnues dans la procédure (y compris, en dernier, celui de l'enquête elle-même), pour une présentation de leurs conclusions après les témoignages qui, eux, n'ont pas été télévisés. Occasionnellement, Hutton interrompt, ce qui confirme l'idée qu'il s'agit au fond d'une conversation avec lui... A la fin Lord Hutton remercie tout le monde et conclut non pas par "je lève l'audience" mais "je me lève". De quoi clarifier ces aberrations que j'ai lues à plusieurs reprises dans la presse francophone voyant Lord Hutton président d'une commission, voire entouré de deux assesseurs, négation de la nature profondément individuelle de la responsabilité dans le système anglo-saxon.
23.9.03
Mariage gay
22.9.03
Irak: Le Temps infâme
La résistance irakienne s'attaque aux "collabos"
C'est sous ce titre que Le Temps, le quotidien suisse de référence en langue française, rend compte de la tentative d'assassinat de Akila al-Hachemi, l'une des trois femmes membres du Conseil irakien de gouvernement provisoire.
A l'inversion orwellienne du langage, qui fait des partisans du dictateur déchu une "résistance" (sans guillemets) et des "collabos" de ceux qui participent à la mise en place d'une transition démocratique (pour la première fois, il y a en Irak une vraie liberté de la presse et des partis), Le Temps ajoute l'insensibilité politique: le journal brode sur l'éventuel rapport de cause à effet avec des appels lancés sur la nouvelle chaîne TV Al-Arabiya, sans souligner le fait que le sexe de la victime est aussi éclairant sur les valeurs défendues par les uns et les autres.
MISE A JOUR DU 25.9: Akila al-Hachemi est décédée de ses blessures aujourd'hui.
C'est sous ce titre que Le Temps, le quotidien suisse de référence en langue française, rend compte de la tentative d'assassinat de Akila al-Hachemi, l'une des trois femmes membres du Conseil irakien de gouvernement provisoire.
A l'inversion orwellienne du langage, qui fait des partisans du dictateur déchu une "résistance" (sans guillemets) et des "collabos" de ceux qui participent à la mise en place d'une transition démocratique (pour la première fois, il y a en Irak une vraie liberté de la presse et des partis), Le Temps ajoute l'insensibilité politique: le journal brode sur l'éventuel rapport de cause à effet avec des appels lancés sur la nouvelle chaîne TV Al-Arabiya, sans souligner le fait que le sexe de la victime est aussi éclairant sur les valeurs défendues par les uns et les autres.
MISE A JOUR DU 25.9: Akila al-Hachemi est décédée de ses blessures aujourd'hui.
21.9.03
UE: Michel Barnier doit être révoqué
"Lors [d'une] réunion de juillet, la Commission s'apprêtait à demander à la cour de justice de Luxembourg d'imposer à la France une astreinte de plusieurs centaines de milliers d'euros par jour pour non respect des règles environnementales, en particulier la "Directive oiseau" de 1979 et les lois "Natura 2000" dans le marais poitevin. La veille de la décision, le commissaire Français Michel Barnier, dépourvu d'arguments pour défendre Paris, prévient M. Raffarin du sort qui l'attend. Le premier ministre téléphone à M. Prodi et lui propose de venir s'expliquer devant la Commission."
Et, fin août, Raffarin rencontre discrètement, à Bruxelles, Prodi et la commissaire chargée de l'environnement, Margot Wallström.
Cela est raconté en passant dans une intéressante page du Monde du 20 septembre sur les relations difficiles entre la France et l'UE.
Peut-être bien que dans l'affaire Alstom les arguments de politique industrielle doivent finalement permettre de trouver un compromis évitant le dépôt de bilan. Mais Prodi devrait révoquer Michel Barnier. Pour signifier clairement que la règle de l'indépendance des membres de la Commission, en particulier vis-à-vis de leur pays d'origine, doit être respectée.
Et, fin août, Raffarin rencontre discrètement, à Bruxelles, Prodi et la commissaire chargée de l'environnement, Margot Wallström.
Cela est raconté en passant dans une intéressante page du Monde du 20 septembre sur les relations difficiles entre la France et l'UE.
Peut-être bien que dans l'affaire Alstom les arguments de politique industrielle doivent finalement permettre de trouver un compromis évitant le dépôt de bilan. Mais Prodi devrait révoquer Michel Barnier. Pour signifier clairement que la règle de l'indépendance des membres de la Commission, en particulier vis-à-vis de leur pays d'origine, doit être respectée.
19.9.03
New Labour
D'un café Internet à la connexion lente à San José, Andalousie: je ne suis pas dans les meilleures conditions pour blogger.
Mais je vois dans Le Monde que ce soir passe sur Arte "Les années Tony Blair", de Peter Kosminsky. C'est une sorte de docu-drame, une fiction sur des faits (et le plus souvent des personnages) réels: Gould, le spécialiste des sondages et des focus groups, Campbell, le porte-parole...
Je ne doute pas qu'il ravira un public francophone si volontiers anti-Blair. Tout ce que je peux dire, c'est que lorsque ce film en deux parties est passé à la BBC l'an dernier il a fait un flop. Il était pourtant très attendu, qui n'aime pas voir ce genre de choses? L'audience a décroché déjà au cours de la première partie, et la deuxième partie a été nettement moins regardée.
Mais je vois dans Le Monde que ce soir passe sur Arte "Les années Tony Blair", de Peter Kosminsky. C'est une sorte de docu-drame, une fiction sur des faits (et le plus souvent des personnages) réels: Gould, le spécialiste des sondages et des focus groups, Campbell, le porte-parole...
Je ne doute pas qu'il ravira un public francophone si volontiers anti-Blair. Tout ce que je peux dire, c'est que lorsque ce film en deux parties est passé à la BBC l'an dernier il a fait un flop. Il était pourtant très attendu, qui n'aime pas voir ce genre de choses? L'audience a décroché déjà au cours de la première partie, et la deuxième partie a été nettement moins regardée.
13.9.03
D'Allende à Lula
A l'heure ou trop de commentateurs ont tenté d'opposer les deux 11 septembre, ou de faire de 2001 une sorte de revanche de 1973, Le Monde, en association avec EL Pais, a marqué le trentième anniversaire du renversement de Salvador Allende d'une manière intelligente: et quel contraste, en effet, entre le temps d'Allende et le temps de Lula! Tous deux à la gauche de la social-démocratie (le parti membre de la deuxième Internationale, c'était le petit parti radical au Chili, et c'est le parti de Henrique Cardoso, prédécesseur de Lula, au Brésil), tous deux valant beaucoup mieux que nombre de ceux qui se réclament d'eux. Je me souviens avoir suivi avec espoir et inquiétude l'expérience chilienne, comme précédemment le Printemps de Prague, avec la même fin... Le monde évolue, Lula est à la fois plus réaliste, plus habile et mieux accepté.
Ce supplément "L'autre Amérique - le continent latino de A à Z", qui avec un peu de chance restera disponible en accès gratuit sur le site, contient même un bilan nuancé du gouvernement de l'Unité populaire qui a dû faire grincer bien des dents politiquement correctes.
Cela me fournit une bonne transition pour annoncer que je pars 15 jours en vacances en Espagne... On verra si je trouve des cafés Internet et suis d'humeur à blogger!
Ce supplément "L'autre Amérique - le continent latino de A à Z", qui avec un peu de chance restera disponible en accès gratuit sur le site, contient même un bilan nuancé du gouvernement de l'Unité populaire qui a dû faire grincer bien des dents politiquement correctes.
Cela me fournit une bonne transition pour annoncer que je pars 15 jours en vacances en Espagne... On verra si je trouve des cafés Internet et suis d'humeur à blogger!
11.9.03
9/11
Moi je ne suis pas vraiment de l'école sentimentalo-commémorative. Plutôt à penser, avec Christopher Hitchens (cité par Harry's Place), qu'en ce jour il faut se barder d'une résolution de fer pour ignorer les défaitistes et autres masochistes culpabilisés et poursuivre, contre la terreur liberticide, la contre-offensive démocratique: elle ne fait que commencer.
Mais Norman Geras a quand même une brillante entrée sur son blog: "What a fucking great country".
Mais Norman Geras a quand même une brillante entrée sur son blog: "What a fucking great country".
10.9.03
Libre-échange et développement (suite)
J'avais mentionné cette étude qui dénonce le protectionnisme l'UE comme un obstacle au développement du tiers-monde. Oliver Kamm relance le débat, et comme toujours son argumentation est solide et ne fait pas de compromis. Lisez tout si vous savez l'anglais!
Deux conclusions inconfortables:
- Le protectionnisme des pays pauvres eux-mêmes est un obstacle bien plus grand à leur développement que le protectionnisme des pays riches.
- C'est donc le libre-échange lui-même qu'il faut défendre, partout, sans chercher une vaine alliance avec les tiers-mondistes autour d'un ennemi commun qui serait le protectionnisme des riches. "L'ennemi principal", pour qui se soucie de développement, ce sont bien les altermondialistes qui attaquent l'OMC.
Crumb trail, un blog consacré aux questions d'écologie et de développement (en anglais), qui critique également l'étude du Centre for a New Europe, a un complément ici.
Deux conclusions inconfortables:
- Le protectionnisme des pays pauvres eux-mêmes est un obstacle bien plus grand à leur développement que le protectionnisme des pays riches.
- C'est donc le libre-échange lui-même qu'il faut défendre, partout, sans chercher une vaine alliance avec les tiers-mondistes autour d'un ennemi commun qui serait le protectionnisme des riches. "L'ennemi principal", pour qui se soucie de développement, ce sont bien les altermondialistes qui attaquent l'OMC.
Crumb trail, un blog consacré aux questions d'écologie et de développement (en anglais), qui critique également l'étude du Centre for a New Europe, a un complément ici.
9.9.03
Revel
A signaler: le tour d'horizon politique toujours roboratif de Jean-François Revel, dans une interview publiée hier par Le Figaro. Elle est même disponible en traduction anglaise sur le blog Europundit où j'ai trouvé cette info!
6.9.03
David Kelly n'est pas Daniel Ellsberg
Un héros mort pour avoir dénoncé la guerre en Irak? L’image a probablement cours dans certains milieux qui ne suivent l’affaire que de loin; ils croient peut-être que le Dr Kelly a tenu à faire connaître au monde un secret dont il était le dépositaire: la manière dont le gouvernement britannique est parti en guerre en agitant un faux prétexte (la menace d’armes de destruction massives susceptibles d’être activées en 45 minutes). Ce serait au fond Daniel Ellsberg, ce collaborateur du Pentagone communiquant au New York Times, en 1971, des documents révélateurs sur la guerre du Vietnam.
Mais l’image ne tient pas. On connaît maintenant suffisamment bien l’état d’esprit de David Kelly avant le déclenchement de la guerre: les membres de sa famille ont témoigné devant Lord Hutton avoir réalisé, après sa mort, qu’il les avait chacun individuellement convaincus qu’il n’y avait pas d’autre issue! Et The Observer a publié dimanche dernier un article posthume (mais d’avant-guerre) du Dr Kelly qui dit précisément qu’après 12 ans d'échec des sanctions et des inspections, seul un changement de régime est de nature à écarter la menace à plus long terme que représente Saddam Hussein.
A plus long terme... Le Dr Kelly, et d’autres avec lui parmi les spécialistes, n’accordaient pas grand crédit à l’information parvenue aux services secrets britanniques par une source en Irak selon laquelle la menace pourrait même être plus pressante que cela. C’est à partir de ce genre de divergence (dont les esprits de formation scientifique ou technique sont plus particulièrement portés à exagérer l’importance, et à se sentir dépossédés dès lors que leur cher objet d’étude entre dans le domaine public) que la BBC et les adversaires de l’intervention en Irak ont bâti la rumeur du mensonge délibéré là où il n’y a, au pire, qu’une exagération destinée à convaincre – ou tout simplement la conviction que, face à une telle information, on ne peut pas prendre le risque qu’elle se révèle exacte!
La suite est connue: la manière dont Kelly s’est senti utilisé par la BBC pour attaquer le gouvernement et par le gouvernement pour attaquer la BBC et défendre sa crédibilité, la perte d’estime de soi qu’il a pu en ressentir, les craintes (fondées ou non) sur sa pension de retraite alors que sa femme est malade... Les Daniel Ellsberg, eux, sont des militants qui, confrontés à des monstres froids, ne se suicident pas: 32 ans plus tard, ils en font encore un livre.
Mais l’image ne tient pas. On connaît maintenant suffisamment bien l’état d’esprit de David Kelly avant le déclenchement de la guerre: les membres de sa famille ont témoigné devant Lord Hutton avoir réalisé, après sa mort, qu’il les avait chacun individuellement convaincus qu’il n’y avait pas d’autre issue! Et The Observer a publié dimanche dernier un article posthume (mais d’avant-guerre) du Dr Kelly qui dit précisément qu’après 12 ans d'échec des sanctions et des inspections, seul un changement de régime est de nature à écarter la menace à plus long terme que représente Saddam Hussein.
A plus long terme... Le Dr Kelly, et d’autres avec lui parmi les spécialistes, n’accordaient pas grand crédit à l’information parvenue aux services secrets britanniques par une source en Irak selon laquelle la menace pourrait même être plus pressante que cela. C’est à partir de ce genre de divergence (dont les esprits de formation scientifique ou technique sont plus particulièrement portés à exagérer l’importance, et à se sentir dépossédés dès lors que leur cher objet d’étude entre dans le domaine public) que la BBC et les adversaires de l’intervention en Irak ont bâti la rumeur du mensonge délibéré là où il n’y a, au pire, qu’une exagération destinée à convaincre – ou tout simplement la conviction que, face à une telle information, on ne peut pas prendre le risque qu’elle se révèle exacte!
La suite est connue: la manière dont Kelly s’est senti utilisé par la BBC pour attaquer le gouvernement et par le gouvernement pour attaquer la BBC et défendre sa crédibilité, la perte d’estime de soi qu’il a pu en ressentir, les craintes (fondées ou non) sur sa pension de retraite alors que sa femme est malade... Les Daniel Ellsberg, eux, sont des militants qui, confrontés à des monstres froids, ne se suicident pas: 32 ans plus tard, ils en font encore un livre.
Juges et politique
En marge de l'exécution de Paul Hill (assassin d'un médecin pratiquant des avortements et de son garde du corps), Oliver Kamm formule une intéressante réflexion sur la manière dont l'intervention de la Cour suprême des Etats-Unis aurait nui au développement normal du débat, et serait responsable de la tension actuelle entre les camps des pro-vie (quoique...) et des pro-choix.
Sa thèse est que l'arrêt de 1973 par lequel la Cour suprême a estimé que le droit individuel à l'avortement était protégé par la Constitution fédérale a empêché un débat politique Etat par Etat, avec des législations différentes, tel qu'on la connu en Europe (où, au final, les législations sont proches les unes des autres). L'absolu judiciaire a empêché tout mûrissement politique de la question.
Food for thought. La tension entre les niveaux du fédéralisme, d'une part (quand faut-il qu'une question soit réglée à l'échelon fédéral plutôt qu'à celui des unités constitutives? la réponse "lorsque j'ai la majorité" n'est pas admise...) et entre pouvoir judiciaire et autorités politiques, d'autre part, sont une des grandes joies de la vie intellectuelle américaine, allemande ou suisse... et va prendre une importance grandissante en Europe.
Sa thèse est que l'arrêt de 1973 par lequel la Cour suprême a estimé que le droit individuel à l'avortement était protégé par la Constitution fédérale a empêché un débat politique Etat par Etat, avec des législations différentes, tel qu'on la connu en Europe (où, au final, les législations sont proches les unes des autres). L'absolu judiciaire a empêché tout mûrissement politique de la question.
Food for thought. La tension entre les niveaux du fédéralisme, d'une part (quand faut-il qu'une question soit réglée à l'échelon fédéral plutôt qu'à celui des unités constitutives? la réponse "lorsque j'ai la majorité" n'est pas admise...) et entre pouvoir judiciaire et autorités politiques, d'autre part, sont une des grandes joies de la vie intellectuelle américaine, allemande ou suisse... et va prendre une importance grandissante en Europe.
Un blog européen
La blogosphère compte désormais un blog à plusieurs mains consacré aux questions européennes. Anglophone.
Globalisation : l'UE tue des bébés
En prévision du sommet de Cancun de l’OMC, les altermondialistes se déchaînent; l’UE est dorénavant une de leurs cibles parce qu’elle participerait au grand complot libre-échangiste. Et pourtant: un think tank européen dénonce l’inverse en publiant (en anglais, communiqué complet déjà en italien) une étude provocante: "Les barrières commerciales de l’Union européenne tuent". Précisément 6'600 personnes par jour, soit 275 par heure ou une toute les 13,5 secondes, principalement en Afrique. Car tel est le résultat direct de l’enrichissement dénié aux pays du tiers-monde par la politique protectionniste de l’Union européenne.
L’info est relayée par l’un des auteurs, Stephen Pollard, sur son excellent blog (en anglais). Mon opinion sur le sujet n’est pas véritablement fixée: mon réflexe est libre-échangiste; en même temps je ne peux m’empêcher d’en voir les effets pervers sur le plan environnemental tant que les externalités écologiques ne sont pas prises en compte. Je n’aime pas trop la notion de souveraineté alimentaire, au relent vert-brun d’autarcie et de méfiance vis-à-vis de l’étranger, mais j’ai de la sympathie pour le mouvement "slow food" et l'idée de "manger local" ...
Mais ce qui me paraît mériter d’être mieux connu, c’est que, contrairement au monde francophone, le monde anglo-saxon compte une vigoureuse phalange libre-échangiste de gauche et tiers-mondiste, à côté du protectionnisme écolo/de gauche, du libre-échangisme de droite et du protectionnisme de droite. C’est ainsi que l’un des ministres du gouvernement Blair a démissionné il y a quelques semaines pour lancer une campagne en vue de la réforme de la politique agricole commune dans une perspective tiers-mondiste.
L’info est relayée par l’un des auteurs, Stephen Pollard, sur son excellent blog (en anglais). Mon opinion sur le sujet n’est pas véritablement fixée: mon réflexe est libre-échangiste; en même temps je ne peux m’empêcher d’en voir les effets pervers sur le plan environnemental tant que les externalités écologiques ne sont pas prises en compte. Je n’aime pas trop la notion de souveraineté alimentaire, au relent vert-brun d’autarcie et de méfiance vis-à-vis de l’étranger, mais j’ai de la sympathie pour le mouvement "slow food" et l'idée de "manger local" ...
Mais ce qui me paraît mériter d’être mieux connu, c’est que, contrairement au monde francophone, le monde anglo-saxon compte une vigoureuse phalange libre-échangiste de gauche et tiers-mondiste, à côté du protectionnisme écolo/de gauche, du libre-échangisme de droite et du protectionnisme de droite. C’est ainsi que l’un des ministres du gouvernement Blair a démissionné il y a quelques semaines pour lancer une campagne en vue de la réforme de la politique agricole commune dans une perspective tiers-mondiste.
4.9.03
Affaire Gilligan-Kelly
La presse britannique d'aujourd'hui est pleine des "révélations explosives" de la veille, lors de l'enquête publique conduite par Lord Hutton sur les circonstances de la mort du Dr David Kelly, et je ne doute pas que les médias francophones vont suivre: deux fonctionnaires du ministère de la défense (l'un d'entre-eux, par surcroît d'intensité dramatique, demeurant anonyme) ont fait part de leurs états d'âme au moment de la compilation du fameux dossier de septembre 2002, notamment à propos des célèbres "45 minutes". Mais si l'on veut bien s'en tenir à l'essentiel, ces témoignages ne font que confirmer a contrario la fausseté du "reportage" qu'Andrew Gilligan prétend fonder sur le témoignage du Dr Kelly: si tant de monde avait un avis sur la question, c'est donc bien que ce n'était pas une adjonction externe de dernière minute comme Gilligan le prétendait sur l'antenne de la BBC (pour préciser dans une première version, plus reproduite directement ensuite mais jamais corrigée non plus, que le gouvernement en connaissait la probable fausseté, puis, dans un article de presse ultérieur, que son auteur était Alastair Campbell, responsable de la communication de Tony Blair). Un chef d'oeuvre de manipulation dégoupillé, comme par hasard (une semaine après la rencontre Gilligan - Kelly), à l'aube du jour où Blair débutait (accompagné de Campbell!) une tournée en Irak et qui lui a volé la vedette.
L'école française de la torture
Etonnant comme les médias sont discrets sur la révélation d'un documentaire présenté lundi soir (à 23h) sur Canal+: Les Escadrons de la mort: l'école française, de Marie-Monique Robin. Dans le supplément TV du Monde, le week-end précédent, un article de présentation (par Jacques Isnard, le chroniqueur militaire, tout de même), puis le lendemain la chronique de Dominique Dhombres. Pas envie d'en remettre une couche avec le général Aussaresses que Le Monde avait si bien et utilement su faire parler de sa pratique de la torture en Algérie? Mais là il s'agit d'autre chose: le rôle de conseillers techniques et instructeurs qu'Aussaresses et d'autres ont joué auprès des Etats-Unis et, surtout, en Amérique latine, entre la fin des années 50 et des années 70, préconisant d'y rejouer la bataille d'Alger (tortures et disparitions).
Jacques Isnard écrit (l'article est payant):
"Cette face-là, plutôt honteuse, de l'histoire d'une partie de l'armée française n'était pas inconnue. Le mérite de Marie-Monique Robin est double. La réalisatrice a retrouvé les témoins français et étrangers de cette aventure, et ceux-ci en parlent, à l'aise, devant sa caméra. Mais, surtout, elle montre que l'Etat français, à l'époque, savait que son armée, avec son accord tacite via les missions militaires officielles dont il disposait en Amérique latine, avait fait école chez les tortionnaires argentins et chiliens, par exemple."
"Plutôt honteuse"? "N'était pas inconnue"? On connaît surtout la fameuse Ecole des Amériques et ses instructeurs US, dans le canal de Panama, beaucoup moins cet aspect du rayonnement français.
Jacques Isnard écrit (l'article est payant):
"Cette face-là, plutôt honteuse, de l'histoire d'une partie de l'armée française n'était pas inconnue. Le mérite de Marie-Monique Robin est double. La réalisatrice a retrouvé les témoins français et étrangers de cette aventure, et ceux-ci en parlent, à l'aise, devant sa caméra. Mais, surtout, elle montre que l'Etat français, à l'époque, savait que son armée, avec son accord tacite via les missions militaires officielles dont il disposait en Amérique latine, avait fait école chez les tortionnaires argentins et chiliens, par exemple."
"Plutôt honteuse"? "N'était pas inconnue"? On connaît surtout la fameuse Ecole des Amériques et ses instructeurs US, dans le canal de Panama, beaucoup moins cet aspect du rayonnement français.
Couples de même sexe (mariage gay)
Une nouvelle étape est franchie en Suisse: une commission du Conseil national (chambre basse) approuve le projet de "loi fédérale sur le partenariat enregistré pour les couples de même sexe" présenté par le gouvernement. J'ai l'honneur d'avoir participé au comité qui a lancé, en 1994, la pétition à l'origine du processus, et d'avoir publié dans Domaine Public (mais il n'est pas en ligne) l'un des premiers articles sur le sujet dans la presse suisse, le 3 août 1989 -- c'était au moment de l'adoption, en première mondiale, d'un statut de partenariat enregisté au Danemark (fin de l'auto-congratulation). Mon site perso présente une chronologie générale du sujet.
Depuis lors, bien du chemin a été parcouru. Et la Suisse est cette fois moins en retard que lorsqu'il s'est agi de reconnaître les droits politiques aux femmes (à l'échelon local, entre la fin des années 50 et les années 80, à l'échelon fédéral en 1971 seulement). Mais ici, pour le meilleur et pour le pire, la décision n'appartient ni à un tribunal (comme au Canada, deux amies viennent ainsi de s'y marier, les veinardes) ni à une classe politique éclairée (comme la France de Mitterrand et Badinter, supprimant la peine de mort en pleine connaissance du fait que le peuple souverain était majoritairement favorable à son maintien), mais au corps électoral se prononçant lors d'une votation. C'est un surmoi toujours présent, particulièrement nocif à l'épanouissement, si naturel à coup d'alternance dans les démocraties parlementaires, de celles et ceux qui vivent de politique... Aujourd'hui, le soutien des élites est acquis (hommage soit rendu à la conseillère fédérale Ruth Metzler, démocrate-chrétienne!), la majorité dans l'opinion publique paraît solide: quel progrès le bon sens a-t-il fait en peu d'années pour reconnaître que gays et lesbiennes n'y peuvent davantage et ne sont pas plus contagieux que les hétéros, qu'ils et elles sont des êtres comme les autres et ont autant droit à la poursuite du bonheur, y compris dans le couple si ça leur chante!
Restent au fond deux questions en débat: le mariage et l'adoption.
C'est pour moi un constant sujet d'étonnement que de suivre les termes de la discussion en cours aux Etats-Unis: non pas tant sur les couples de même sexe mais sur un amendement à la Constitution visant, si j'ai bien compris, à proclamer que le mariage est réservé aux couples formés d'un homme et d'une femme (c'est la jurisprudence constante en France ou en Suisse, le législateur n'ayant pas songé alors à le préciser). Il s'agit d'interdire aux Etats (dont relève là-bas le droit civil) d'étendre simplement le mariage aux gays et aux lesbiennes. Cet amendement, s'il était adopté, supprimerait-t-il aussi les statuts de partenariat tel que le Vermont (en anglais), par exemple, l'a institué? J'avoue trouver passablement byzantine la querelle entre mariage ou partenariat, et d'une géométrie excessive la revendication du mariage en tant que tel. D'un autre côté, la campagne de l'Eglise catholique romaine qui prétend protéger le caractère spécifique du mariage entre un homme et une femme attaque en réalité tout autant le partenariat pour les gays et les lesbiennes...
Il est vrai que je n'ai pas encore lu Virtually Normal, d'Andrew Sullivan, auquel Oliver Kamm adresse le plus bel hommage: celui de l'avoir convaincu que rien moins que le mariage n'était acceptable. Mais il fait lui-même la confusion en citant en exemple le pays d'origine de sa femme: or le Danemark a, justement, adopté un statut de partenariat distinct du mariage. A ma connaissance, seuls à ce jour les Pays-Bas, la Belgique et, par voie judiciaire, le Canada ont étendu le mariage aux gays et aux lesbiennes. Les autres pays qui ont légiféré ont adopté un statut de partenariat. Comme de juste, la France se distingue avec une solution particulièrement hypocrite: un statut de partenariat moins étendu que dans les autres pays et ouvert aux hétéros rétifs au mariage comme aux couple de même sexe; cela ne satisfait pas les besoins réels de ces derniers tout en maintenant l'inégalité de choix, entre deux statuts -- l'union libre ou le partenariat -- plutôt que trois -- le mariage en plus.
Quant à l'adoption par des gays ou des lesbiennes, seuls ou en couple, cela reste un sujet chaud: le Danemark l'avait expressément exclue dans sa loi pionnière de 89 (la question a-t-elle été revue depuis?). Les anglo-saxons sont plus pragmatiques, qui la connaissent de cas en cas depuis longtemps (et la Grande-Bretagne, qui ne fait rien comme tout le monde, a même légiféré pour reconnaître l'adoption par un couple de même sexe avant même d'avoir un statut de partenariat -- il est en cours au parlement). Pour la Suisse, la commission du Conseil national a maintenu par 12 voix contre 9 l'interdiction stipulée dans le projet de loi. En séance plénière, deux propositions de minorité seront présentées: permettre l'adoption seulement dans des situations spécifiques (enfant de la ou du partenaire, p.ex.), ou ne rien stipuler à ce propos et laisser la décision, de cas en cas, aux autorités compétentes; après tout, l'adoption n'est pas le droit d'adultes à adopter un enfant, mais le droit d'enfants à se voir attribuer un ou des parents adoptifs lorsque les parents naturels font défaut.
Peut-être bien qu'un débat de société sur l'adoption par des couples de même sexe serait utile. Et peut-être bien qu'il ne suffirait même pas à faire dérailler la loi en votation populaire. Mais j'avoue ne pas avoir envie de prendre le risque, et préférer la politique des "petits pas", à la suisse. Que la minorité parlementaire soit la plus élevée possible, bien sûr. Que les organisations de gays et de lesbiennes revendiquent, c'est dans leur rôle (mais attention, pas au point de laisser penser qu'un échec sur ce point rendrait la loi moins digne de soutien!). Mais je préfère une interdiction dans la loi, qui limitera le débat au partenariat lui-même. Elle n'empêchera pas de revenir spécifiquement sur la question, d'ici quelques années, à l'occasion d'une révision générale des dispositions sur l'adoption. Ce genre de position, c'est le confort du commentateur sur son blog, qui n'a pas (ou plus, du moins pas en ce moment, dans mon cas) de mandat électif...
MISE A JOUR DU 22.09.03: Andrew Sullivan indique que l'amendement en discussion aux Etats-Unis annullerait également les statuts de partenariat. Cet amendement a au demeurant fort peu de chances de succès (outre le vote du Congrès, il faut un vote d'une majorité de législatifs des Etats). Mais personne ne l'aurait imaginé si la revendication des gays et des lesbiennes était un statut de partenariat et non le mariage lui-même.
Depuis lors, bien du chemin a été parcouru. Et la Suisse est cette fois moins en retard que lorsqu'il s'est agi de reconnaître les droits politiques aux femmes (à l'échelon local, entre la fin des années 50 et les années 80, à l'échelon fédéral en 1971 seulement). Mais ici, pour le meilleur et pour le pire, la décision n'appartient ni à un tribunal (comme au Canada, deux amies viennent ainsi de s'y marier, les veinardes) ni à une classe politique éclairée (comme la France de Mitterrand et Badinter, supprimant la peine de mort en pleine connaissance du fait que le peuple souverain était majoritairement favorable à son maintien), mais au corps électoral se prononçant lors d'une votation. C'est un surmoi toujours présent, particulièrement nocif à l'épanouissement, si naturel à coup d'alternance dans les démocraties parlementaires, de celles et ceux qui vivent de politique... Aujourd'hui, le soutien des élites est acquis (hommage soit rendu à la conseillère fédérale Ruth Metzler, démocrate-chrétienne!), la majorité dans l'opinion publique paraît solide: quel progrès le bon sens a-t-il fait en peu d'années pour reconnaître que gays et lesbiennes n'y peuvent davantage et ne sont pas plus contagieux que les hétéros, qu'ils et elles sont des êtres comme les autres et ont autant droit à la poursuite du bonheur, y compris dans le couple si ça leur chante!
Restent au fond deux questions en débat: le mariage et l'adoption.
C'est pour moi un constant sujet d'étonnement que de suivre les termes de la discussion en cours aux Etats-Unis: non pas tant sur les couples de même sexe mais sur un amendement à la Constitution visant, si j'ai bien compris, à proclamer que le mariage est réservé aux couples formés d'un homme et d'une femme (c'est la jurisprudence constante en France ou en Suisse, le législateur n'ayant pas songé alors à le préciser). Il s'agit d'interdire aux Etats (dont relève là-bas le droit civil) d'étendre simplement le mariage aux gays et aux lesbiennes. Cet amendement, s'il était adopté, supprimerait-t-il aussi les statuts de partenariat tel que le Vermont (en anglais), par exemple, l'a institué? J'avoue trouver passablement byzantine la querelle entre mariage ou partenariat, et d'une géométrie excessive la revendication du mariage en tant que tel. D'un autre côté, la campagne de l'Eglise catholique romaine qui prétend protéger le caractère spécifique du mariage entre un homme et une femme attaque en réalité tout autant le partenariat pour les gays et les lesbiennes...
Il est vrai que je n'ai pas encore lu Virtually Normal, d'Andrew Sullivan, auquel Oliver Kamm adresse le plus bel hommage: celui de l'avoir convaincu que rien moins que le mariage n'était acceptable. Mais il fait lui-même la confusion en citant en exemple le pays d'origine de sa femme: or le Danemark a, justement, adopté un statut de partenariat distinct du mariage. A ma connaissance, seuls à ce jour les Pays-Bas, la Belgique et, par voie judiciaire, le Canada ont étendu le mariage aux gays et aux lesbiennes. Les autres pays qui ont légiféré ont adopté un statut de partenariat. Comme de juste, la France se distingue avec une solution particulièrement hypocrite: un statut de partenariat moins étendu que dans les autres pays et ouvert aux hétéros rétifs au mariage comme aux couple de même sexe; cela ne satisfait pas les besoins réels de ces derniers tout en maintenant l'inégalité de choix, entre deux statuts -- l'union libre ou le partenariat -- plutôt que trois -- le mariage en plus.
Quant à l'adoption par des gays ou des lesbiennes, seuls ou en couple, cela reste un sujet chaud: le Danemark l'avait expressément exclue dans sa loi pionnière de 89 (la question a-t-elle été revue depuis?). Les anglo-saxons sont plus pragmatiques, qui la connaissent de cas en cas depuis longtemps (et la Grande-Bretagne, qui ne fait rien comme tout le monde, a même légiféré pour reconnaître l'adoption par un couple de même sexe avant même d'avoir un statut de partenariat -- il est en cours au parlement). Pour la Suisse, la commission du Conseil national a maintenu par 12 voix contre 9 l'interdiction stipulée dans le projet de loi. En séance plénière, deux propositions de minorité seront présentées: permettre l'adoption seulement dans des situations spécifiques (enfant de la ou du partenaire, p.ex.), ou ne rien stipuler à ce propos et laisser la décision, de cas en cas, aux autorités compétentes; après tout, l'adoption n'est pas le droit d'adultes à adopter un enfant, mais le droit d'enfants à se voir attribuer un ou des parents adoptifs lorsque les parents naturels font défaut.
Peut-être bien qu'un débat de société sur l'adoption par des couples de même sexe serait utile. Et peut-être bien qu'il ne suffirait même pas à faire dérailler la loi en votation populaire. Mais j'avoue ne pas avoir envie de prendre le risque, et préférer la politique des "petits pas", à la suisse. Que la minorité parlementaire soit la plus élevée possible, bien sûr. Que les organisations de gays et de lesbiennes revendiquent, c'est dans leur rôle (mais attention, pas au point de laisser penser qu'un échec sur ce point rendrait la loi moins digne de soutien!). Mais je préfère une interdiction dans la loi, qui limitera le débat au partenariat lui-même. Elle n'empêchera pas de revenir spécifiquement sur la question, d'ici quelques années, à l'occasion d'une révision générale des dispositions sur l'adoption. Ce genre de position, c'est le confort du commentateur sur son blog, qui n'a pas (ou plus, du moins pas en ce moment, dans mon cas) de mandat électif...
MISE A JOUR DU 22.09.03: Andrew Sullivan indique que l'amendement en discussion aux Etats-Unis annullerait également les statuts de partenariat. Cet amendement a au demeurant fort peu de chances de succès (outre le vote du Congrès, il faut un vote d'une majorité de législatifs des Etats). Mais personne ne l'aurait imaginé si la revendication des gays et des lesbiennes était un statut de partenariat et non le mariage lui-même.
3.9.03
L'anniversaire de Sullivan
De retour au clavier, Andrew Sullivan révèle que son Shangri-la s'appelle Provincetown. Une petite recherche Internet de ce mot couplé à "Chomsky" nous apprend ainsi qu'il a fêté ses 40 ans le 10 août... CQFD.
Trotsky, Juif universaliste
Norman Geras donne sur son blog l'original anglais inédit d'un texte passionnant qu'il a publié en français dans Les Juifs et le XXe siècle: Dictionnaire critique (sous la direction d'Elie Barnavi et Saul Friedländer, 816p., Calmann-Lévy, Paris 2000). Il n'y est toutefois pas question du rôle de Trotsky comme praticien et justificateur de la terreur (évidemment ce n'était pas le sujet), puissamment évoqué par la philosophe française Monique Canto-Sperber dans la foulée du 11 septembre 2001.
2.9.03
Continuité de Schwarzenegger
Pour une fois que je lis dans un journal francophone quelque chose susceptible d'intéresser le public anglophone, plutôt que l'inverse! Le Monde d'hier:
"(...) En 1966, ce couple de culturistes domine la scène du body-building londonien. Wag est un des juges du concours de M. Universe, auquel participe un Autrichien de 19 ans, mal dégrossi, beau gosse à l'anglais rudimentaire.
Instinctivement, Wag sent qu'il tient là une star en puissance. "Schwarzie" s'installe dans la maison de Romford Road où les Bennett vivent avec leurs six enfants. "Arnold avait tous les attributs pour devenir un champion. Son assiduité à l'entraînement était incroyable", se souvient notre interlocutrice.
Pendant deux ans, le natif de Graz dort sur le canapé des Bennett. Il sort peu, évite les pubs et courtise les jeunes filles qui s'entraînent dans la salle de musculation. (...)
En 1968, sur les conseils des Bennett, Arnold émigre aux Etats-Unis. (...)"
Schwarzenegger continue d'appeler tous les mois Mme Bennett, qui à son mariage était à la table de Jackie Kennedy.
J'en profite pour donner mon avis sur la sulfureuse interview donnée à Oui en 1977: le futur politicien y apparaît déjà à la fois ouvert (aux gays, au sexe, à l'usage récréatif de drogue...) et de droite (travaillant dur -- et s'étonnant que certains de ses concurrents touchent des allocations de chômage...).
"(...) En 1966, ce couple de culturistes domine la scène du body-building londonien. Wag est un des juges du concours de M. Universe, auquel participe un Autrichien de 19 ans, mal dégrossi, beau gosse à l'anglais rudimentaire.
Instinctivement, Wag sent qu'il tient là une star en puissance. "Schwarzie" s'installe dans la maison de Romford Road où les Bennett vivent avec leurs six enfants. "Arnold avait tous les attributs pour devenir un champion. Son assiduité à l'entraînement était incroyable", se souvient notre interlocutrice.
Pendant deux ans, le natif de Graz dort sur le canapé des Bennett. Il sort peu, évite les pubs et courtise les jeunes filles qui s'entraînent dans la salle de musculation. (...)
En 1968, sur les conseils des Bennett, Arnold émigre aux Etats-Unis. (...)"
Schwarzenegger continue d'appeler tous les mois Mme Bennett, qui à son mariage était à la table de Jackie Kennedy.
J'en profite pour donner mon avis sur la sulfureuse interview donnée à Oui en 1977: le futur politicien y apparaît déjà à la fois ouvert (aux gays, au sexe, à l'usage récréatif de drogue...) et de droite (travaillant dur -- et s'étonnant que certains de ses concurrents touchent des allocations de chômage...).
Globalisation
Dans mon quartier de Londres, il y a un traiteur portuguais où j'aime bien boire un expresso; manifestation triomphante du cosmopolitisme... Mais qu'est-ce qui peut pousser des expatriés à venir y acheter leur brique de lait chocolaté Nesquik by Nestlé - imprimé en portuguais?