29.3.04
Pourquoi réformer?
Je ne vais pas le répéter tous les lundis: la Chronique de l'économie d'Eric Le Boucher dans Le Monde est un vrai bonheur.
Celle de ce week-end traite du rythme et du contenu des réformes, et sur ce point la Suisse est pratiquement au même stade que la France: nombriliste et pleurnicheuse. La conclusion de Le Boucher:
(...) l'équilibre budgétaire n'est pas un objectif en soi. Le but est bien autre: empêcher l'Etat d'aspirer tout le capital disponible et en consacrer l'essentiel au financement des technologies et du montant de leurs risques. De même, la "flexibilité" du travail ne sert pas à punir les salariés mais à aider à la mobilité dans une phase de changements.
C'est l'intégralité de notre mode de régulation qui date de l'après-guerre et qu'il faut redéfinir. A la spécialisation industrielle sur l'industrie classique s'articulaient un Etat redistributif et des relations de travail "fordistes" (bon salaire, emploi stable). Le basculement sur Internet impose un nouvel Etat et de nouvelles relations de travail. Sans cette cohérence, les réformes apparaissent uniquement négatives, comme des reculs sans fin.
En Europe, un seul gouvernement avance en cohérence avec cette vision globale: celui de Tony Blair. Taux de chômage: 5%.
Sur l'art et la manière de réformer en démocratie, voir aussi cette autre réflexion.
Celle de ce week-end traite du rythme et du contenu des réformes, et sur ce point la Suisse est pratiquement au même stade que la France: nombriliste et pleurnicheuse. La conclusion de Le Boucher:
(...) l'équilibre budgétaire n'est pas un objectif en soi. Le but est bien autre: empêcher l'Etat d'aspirer tout le capital disponible et en consacrer l'essentiel au financement des technologies et du montant de leurs risques. De même, la "flexibilité" du travail ne sert pas à punir les salariés mais à aider à la mobilité dans une phase de changements.
C'est l'intégralité de notre mode de régulation qui date de l'après-guerre et qu'il faut redéfinir. A la spécialisation industrielle sur l'industrie classique s'articulaient un Etat redistributif et des relations de travail "fordistes" (bon salaire, emploi stable). Le basculement sur Internet impose un nouvel Etat et de nouvelles relations de travail. Sans cette cohérence, les réformes apparaissent uniquement négatives, comme des reculs sans fin.
En Europe, un seul gouvernement avance en cohérence avec cette vision globale: celui de Tony Blair. Taux de chômage: 5%.
Sur l'art et la manière de réformer en démocratie, voir aussi cette autre réflexion.
Irak: les réfugiés rentrent
L'intervention internationale a-t-elle aggravé la situation en Irak, comme le prétend le futur premier ministre socialiste espagnol? Ce n'est pas ce que l'on peut déduire des mouvements de réfugiés: l'exode de 2 millions de personnes prévu par l'ONU ne s'est pas produit, et les camps de réfugiés environnants ferment au fur et à mesure que leurs occupants votent avec leurs pieds...
Ce n'est que l'une des 10 bonnes nouvelles sur l'Irak données par Mark Steyn dans The Spectator (gratuit mais il faut s'enregistrer).
Via Norman Geras.
Ce n'est que l'une des 10 bonnes nouvelles sur l'Irak données par Mark Steyn dans The Spectator (gratuit mais il faut s'enregistrer).
Via Norman Geras.
28.3.04
Victoire de la gauche en France
21 régions métropolitaines sur 22 seront dirigées par l'opposition de gauche à Chirac: par-delà ses ambiguïtés (le résultat doit plus au mode de scrutin, au gel de l'électorat d'extrême-droite qui profite ainsi davantage à la gauche qu'à la droite, et à la manifestation ponctuelle d'opposition à l'action présidentielle et gouvernementale, qu'à l'adhésion à une autre politique -- qui n'existe pas encore vraiment), le succès des socialistes en France illustre une force des régimes politiques décentralisés: la confrontation de la relève de demain aux réalités, qui devrait l'empêcher de sombrer dans le narcissisme idéologique.
Sélection hebdomadaire du New York Times (suite)
Je le soupçonnais déjà: il n'y a pratiquement pas de différence entre celle qui était encartée dans le Daily Telegraph de jeudi et celle du Monde week-end d'aujourd'hui (d'hier en France). Seulement un article de la sélection du Monde n'est pas dans celle du Telegraph, qui, d'un plus grand format, contient 3 articles et quelques illustrations supplémentaires.
Les autres différences sont un peu curieuses: des coupes non signalées dans les articles, des titres modifiés... Ajouté au défaut que je relevais précédemment de ne pas mentionner la date de parution de l'article originel, ces caractéristiques témoignent que ces publications sont surtout une "vitrine" publicitaire (au demeurant fort agréable à lire).
Les autres différences sont un peu curieuses: des coupes non signalées dans les articles, des titres modifiés... Ajouté au défaut que je relevais précédemment de ne pas mentionner la date de parution de l'article originel, ces caractéristiques témoignent que ces publications sont surtout une "vitrine" publicitaire (au demeurant fort agréable à lire).
La baudruche Richard Clarke
Toujours cette réticence à publier sur ce blog la simple adaptation française de ce que je peux lire dans le monde anglo-saxon et qui ne trouve pas sa place dans les médias romands ou français (mais peut-être serait-ce utile et devrais-je avoir l'humilité de le faire?): je n'ai donc pas blogué sur l'"affaire" des investigations sur la situation pré-11 septembre 2001 d'une commission parlementaire américaine (et c'est évidemment tout à son honneur), évidemment montée en épingle par des médias comme Le Temps: la simultanéité d'un témoignage public (dans le rôle usé jusqu'à la corde du chevalier blanc) avec la campagne promotionnelle d'un livre par son auteur ne l'effraie pas. Reste à savoir s'il fera aussi connaître à ses lecteurs que la baudruche s'est dégonflée...
Il est vrai qu'en terme de tension, c'est encore aux Etats-Unis même que ça chauffe le plus: les anti-Bush en sont réduits à casser la figure à ses partisans...
Il est vrai qu'en terme de tension, c'est encore aux Etats-Unis même que ça chauffe le plus: les anti-Bush en sont réduits à casser la figure à ses partisans...
Cheikh Yassine: la paille et la poutre
Comme ça il s'est trouvé quelques centaines de personnes (des musulmans, nous dit-on, comme si cela devait atténuer la chose) pour manifester à Genève contre la liquidation par l'armée israélienne du chef du mouvement terroriste Hamas.
On attend en revanche toujours les manifestations à l'égard de la manipulation d'êtres humains par les Cheikh Ahmad Yassine du genre pour les transformer en bombes humaines: après la femme adultère envoyée se racheter en tuant un maximum de juifs, il y eut l'enfant qui transportait une bombe à son insu puis tout dernièrement l'ado un peu simple à qui l'on a fait miroiter les fameuses vierges qui l'attendaient au ciel... Qu'en disent celles et ceux toujours prêts à invoquer la Charte des droits de l'enfant à tout bout de champ, quand l'adversaire peut être Israël, les Etats-Unis ou un autre Etat démocratique?
On attend en revanche toujours les manifestations à l'égard de la manipulation d'êtres humains par les Cheikh Ahmad Yassine du genre pour les transformer en bombes humaines: après la femme adultère envoyée se racheter en tuant un maximum de juifs, il y eut l'enfant qui transportait une bombe à son insu puis tout dernièrement l'ado un peu simple à qui l'on a fait miroiter les fameuses vierges qui l'attendaient au ciel... Qu'en disent celles et ceux toujours prêts à invoquer la Charte des droits de l'enfant à tout bout de champ, quand l'adversaire peut être Israël, les Etats-Unis ou un autre Etat démocratique?
Des marginaux très bien implantés...
Les grands médias découvrent la diversification de l'info et du commentaire que permet le web, et à faible coût: ici et là...
Il est seulement dommage que l'illustration donnée relève surtout du "spécial copinage": des collègues journalistes qui complètent leurs prestations dans la presse traditionnelle par des sites Internet. Le phénomène du blog, lui, n'est pas encore perçu!
Il est seulement dommage que l'illustration donnée relève surtout du "spécial copinage": des collègues journalistes qui complètent leurs prestations dans la presse traditionnelle par des sites Internet. Le phénomène du blog, lui, n'est pas encore perçu!
25.3.04
Des clous pour la Passion du Christ
Le film de Mel Gibson est sorti en Grande-Bretagne, et l'Eglise anglicane trouve de mauvais goût les clous commémoratifs (deux formats différents) mis en vente à cette occasion.
Le Daily Telegraph s'en fait l'écho dans sa rubrique de potins, et précise que pour ce prochain dimanche des Rameaux(également appelé dimanche de la Passion) il est de tradition que les fidèles apportent des clous à l'église afin qu'ils soient bénis en signe de commémoration.
Quand l'animisme répond au mercantilisme...
Le Daily Telegraph s'en fait l'écho dans sa rubrique de potins, et précise que pour ce prochain dimanche des Rameaux(également appelé dimanche de la Passion) il est de tradition que les fidèles apportent des clous à l'église afin qu'ils soient bénis en signe de commémoration.
Quand l'animisme répond au mercantilisme...
Encore Madrid
En anglais je lis à droite, mais en français je ne lis pas Le Figaro... qui confirme cependant ma théorie que tout grand journal publie des articles intéressants, sur la masse, si j'en crois l'ami Vincent Bénard... Grâce à lui, je peux donc vous signaler un texte d'Alexandre Adler et un autre d'André Glucksmann qui méritent le détour.
NYT: après Le Monde, le Daily Telegraph
Une sélection hebdomadaire du New York Times, en 8 pages, est encartée aujourd'hui dans le Daily Telegraph de Londres. Présentation identique à celle du Le Monde du week-end, y compris l'agaçante absence de toute date pour les articles repris...
20.3.04
Mariage gay: au tour du Québec
Le Québec connaissait déjà depuis juillet 2002 une loi sur l'union civile des conjoints de même sexe (adoptée à l'unanimité de l'assemblée nationale).
Eh bien depuis hier c'est le mariage lui-même qui est ouvert aux gays et aux lesbiennes, par décision judiciaire, comme déjà de la même manière dans les provinces de Colombie Britannique et Ontario (cf. aussi l'Etat américain voisin du Massachusetts). Je l'apprends par Padawan, et me réjouis pour Laurent Gloaguen et son lapin...
Détail intéressant: les unions civiles devront préalablement être dissoutes pour que les couples concernés puissent se marier, en attendant une hypothétique abrogation de la loi québecoise. Existe-t-il quelque chose d'équivalent pour les hétéros, ou est-ce pour une fois les couples de même sexe qui sont avantagés: ils auraient le choix entre l'union libre (sans statut juridique), l'union civile ou le mariage...
En début d'après-midi à Londres j'écoutais la reprise d'une émission phare de débat sur les questions d'actualité sur BBC4 [lien audio probablement valable jusqu'à vendredi prochain, 44 min. -- je n'ai pas le courage de réécouter pour préciser où se trouvent les 10 minutes consacrées à ce sujet...]; on a assisté à l'union contre nature (je ne résiste pas) de Norman Tebbit, archéo-conservateur homophobe, et Peter Tatchell, activiste gay, pour critiquer le partenariat pour les couples de même sexe qui va entrer en vigueur ici en voulant l'élargir à toutes les formes de "partenariat": père-fille, frères vivant ensemble, etc. (tous deux ramenaient d'ailleurs l'affaire à une question de déduction fiscale). Du premier, je comprends bien le désir de gommer la visibilité des couples de même sexe pour eux-mêmes, mais de l'autre je ne vois que la frustration du militant pathologique incapable de se trouver du côté de la majorité, de ce "pouvoir" honni...
Eh bien depuis hier c'est le mariage lui-même qui est ouvert aux gays et aux lesbiennes, par décision judiciaire, comme déjà de la même manière dans les provinces de Colombie Britannique et Ontario (cf. aussi l'Etat américain voisin du Massachusetts). Je l'apprends par Padawan, et me réjouis pour Laurent Gloaguen et son lapin...
Détail intéressant: les unions civiles devront préalablement être dissoutes pour que les couples concernés puissent se marier, en attendant une hypothétique abrogation de la loi québecoise. Existe-t-il quelque chose d'équivalent pour les hétéros, ou est-ce pour une fois les couples de même sexe qui sont avantagés: ils auraient le choix entre l'union libre (sans statut juridique), l'union civile ou le mariage...
En début d'après-midi à Londres j'écoutais la reprise d'une émission phare de débat sur les questions d'actualité sur BBC4 [lien audio probablement valable jusqu'à vendredi prochain, 44 min. -- je n'ai pas le courage de réécouter pour préciser où se trouvent les 10 minutes consacrées à ce sujet...]; on a assisté à l'union contre nature (je ne résiste pas) de Norman Tebbit, archéo-conservateur homophobe, et Peter Tatchell, activiste gay, pour critiquer le partenariat pour les couples de même sexe qui va entrer en vigueur ici en voulant l'élargir à toutes les formes de "partenariat": père-fille, frères vivant ensemble, etc. (tous deux ramenaient d'ailleurs l'affaire à une question de déduction fiscale). Du premier, je comprends bien le désir de gommer la visibilité des couples de même sexe pour eux-mêmes, mais de l'autre je ne vois que la frustration du militant pathologique incapable de se trouver du côté de la majorité, de ce "pouvoir" honni...
Percée du blog en terre francophone
Enfin ça change! C'était un de mes grands sujets de perplexité: en anglais le blog attire aussi les universitaires, journalistes ou hommes politiques, en français il paraissait surtout contenu dans le mode informatique, marginal ou nombriliste.
Eh bien c'est fini: même si je ne le découvre qu'aujourd'hui (et grâce au blog libéral de Vincent Bénard!), Dominique Strauss-Kahn blogue depuis le 20 février. C'est l'une des grosses pointures de la politique française: ancien ministre de l'économie et des finances, et, ce qui ne gâte rien de mon point de vue, l'un des rares socialistes français qui paraît avoir une réflexion réformiste originale (même si la Troisième Voie paraît encore un tabou insurmontable...). Bienvenue au club!
Eh bien c'est fini: même si je ne le découvre qu'aujourd'hui (et grâce au blog libéral de Vincent Bénard!), Dominique Strauss-Kahn blogue depuis le 20 février. C'est l'une des grosses pointures de la politique française: ancien ministre de l'économie et des finances, et, ce qui ne gâte rien de mon point de vue, l'un des rares socialistes français qui paraît avoir une réflexion réformiste originale (même si la Troisième Voie paraît encore un tabou insurmontable...). Bienvenue au club!
19.3.04
Manif globale, marketing local
La variante suisse de la manif de la mouvance pacifiste - gauchiste - altermondialiste - antiaméricaine contre l'intervention en Irak fait fort: "Liberté et autodétermination pour l'Irak et la Palestine - Troupes d'occupation dehors". Il fallait oser.
En Grande-Bretagne, l'un des blogs de gauche qui a soutenu l'intervention, Harry's Place, propose une riposte qui présente en même temps un autre message aux Irakiens: "Faites quelque chose de concret pour l'Irak", en répertoriant différentes initiatives auxquelles on peut s'associer.
En Grande-Bretagne, l'un des blogs de gauche qui a soutenu l'intervention, Harry's Place, propose une riposte qui présente en même temps un autre message aux Irakiens: "Faites quelque chose de concret pour l'Irak", en répertoriant différentes initiatives auxquelles on peut s'associer.
15.3.04
Démocratie espagnole
Il y a quand même, dans les événements de ces derniers jours, des points dont il faut se féliciter, pour qui se souvient que la transition du franquisme n'a qu'une trentaine d'années:
- la maturité et le professionnalisme avec lesquels les institutions ont réagi aux attentats, sans état d'urgence ou appel à l'armée,
- le déroulement sans problème des élections,
- l'acceptation sereine de leurs résultats, aussi inattendus voire injustes puissent-ils paraître, par la majorité sortante.
Ce qui fait tache, c'est le contraste entre les deux 11: 9/11 à New York, l'union sacrée et la riposte contre l'ennemi, 3/11 à Madrid, la division et la débandade. C'est l'image d'ensemble (la seule qui reste) d'une victoire du défaitisme résultant, en définitive, du glissement d'un segment finalement faible, mais décisif, de l'électorat, qui a voulu sanctionner le gouvernement sortant coupable au fond d'attirer le malheur, dans une conception plus magique que politique de la vie en société: c'est évidemment ce qu'en retiendront les terroristes de tout poil, ETA et Al-Quaida confondus. Les polémiques nées de l'événement sont en elles-mêmes indéfendables, qu'il s'agisse de la position d'autruche consistant à croire que l'on peut échapper à la menace terroriste (alors qu'elle frappe toutes les démocraties, depuis bien avant l'intervention en Irak, et aussi celles qui s'y sont opposées) ou de la soi-disant manipulation autour des auteurs des attentats: ce qui frappe, c'est plutôt la rapidité et la transparence avec laquelle l'enquête a avancé; quand j'ai entendu l'annonce des manifestations du samedi contre les "mensonges" du gouvernement Aznar, je me suis dit qu'elles étaient l'habituelle agitation trotskyste attirant les naïfs dépolitisés, qui aurait eu lieu quoi qu'il dise (c'est forcément faux et biaisé) ou ne dise pas (il cache l'information).
C'est évidemment politiquement incorrect de penser cela, mais parfois une belle chorégraphie électorale a du bon: les résultats des premières élections démocratiques en Afrique du Sud n'avaient été connus qu'après plusieurs jours, donnant à l'ANC le score idéal d'une majorité absolue mais sans la majorité qualifiée qui lui aurait permis (l'aurait contrainte?) d'amender la Constitution pour supprimer les garanties données à la minorité blanche. En Espagne, je ne dis évidemment pas que l'électorat socialiste aurait dû se faire hara-kiri; mais il aurait été préférable (cela n'aurait choqué personne) que le Parti populaire reste au pouvoir.
Que le gouvernement PSOE retire ses troupes d'Irak, conformément à son programme, c'est maintenant dans l'ordre des choses (même si c'est ironique au moment où l'Allemagne, elle, paraît chercher comment elle pourrait accepter d'en mettre à disposition). Mais les socialistes espagnols doivent aussi se demander comment faire en sorte que cette victoire inattendue ne devienne pas leur honte: de quelle autre manière marquer leur solidarité et leur appartenance au camp des démocraties, plutôt que de retrouver l'isolement auquel le franquisme avait condamné l'Espagne.
COMPLEMENT DE 23H50: cela ne doit pas vous dissuader de revenir sur ce blog, mais c'est à nouveau à la lecture d'un de ces admirables et roboratifs textes d' Oliver Kamm que je dois vous convier!
- la maturité et le professionnalisme avec lesquels les institutions ont réagi aux attentats, sans état d'urgence ou appel à l'armée,
- le déroulement sans problème des élections,
- l'acceptation sereine de leurs résultats, aussi inattendus voire injustes puissent-ils paraître, par la majorité sortante.
Ce qui fait tache, c'est le contraste entre les deux 11: 9/11 à New York, l'union sacrée et la riposte contre l'ennemi, 3/11 à Madrid, la division et la débandade. C'est l'image d'ensemble (la seule qui reste) d'une victoire du défaitisme résultant, en définitive, du glissement d'un segment finalement faible, mais décisif, de l'électorat, qui a voulu sanctionner le gouvernement sortant coupable au fond d'attirer le malheur, dans une conception plus magique que politique de la vie en société: c'est évidemment ce qu'en retiendront les terroristes de tout poil, ETA et Al-Quaida confondus. Les polémiques nées de l'événement sont en elles-mêmes indéfendables, qu'il s'agisse de la position d'autruche consistant à croire que l'on peut échapper à la menace terroriste (alors qu'elle frappe toutes les démocraties, depuis bien avant l'intervention en Irak, et aussi celles qui s'y sont opposées) ou de la soi-disant manipulation autour des auteurs des attentats: ce qui frappe, c'est plutôt la rapidité et la transparence avec laquelle l'enquête a avancé; quand j'ai entendu l'annonce des manifestations du samedi contre les "mensonges" du gouvernement Aznar, je me suis dit qu'elles étaient l'habituelle agitation trotskyste attirant les naïfs dépolitisés, qui aurait eu lieu quoi qu'il dise (c'est forcément faux et biaisé) ou ne dise pas (il cache l'information).
C'est évidemment politiquement incorrect de penser cela, mais parfois une belle chorégraphie électorale a du bon: les résultats des premières élections démocratiques en Afrique du Sud n'avaient été connus qu'après plusieurs jours, donnant à l'ANC le score idéal d'une majorité absolue mais sans la majorité qualifiée qui lui aurait permis (l'aurait contrainte?) d'amender la Constitution pour supprimer les garanties données à la minorité blanche. En Espagne, je ne dis évidemment pas que l'électorat socialiste aurait dû se faire hara-kiri; mais il aurait été préférable (cela n'aurait choqué personne) que le Parti populaire reste au pouvoir.
Que le gouvernement PSOE retire ses troupes d'Irak, conformément à son programme, c'est maintenant dans l'ordre des choses (même si c'est ironique au moment où l'Allemagne, elle, paraît chercher comment elle pourrait accepter d'en mettre à disposition). Mais les socialistes espagnols doivent aussi se demander comment faire en sorte que cette victoire inattendue ne devienne pas leur honte: de quelle autre manière marquer leur solidarité et leur appartenance au camp des démocraties, plutôt que de retrouver l'isolement auquel le franquisme avait condamné l'Espagne.
COMPLEMENT DE 23H50: cela ne doit pas vous dissuader de revenir sur ce blog, mais c'est à nouveau à la lecture d'un de ces admirables et roboratifs textes d' Oliver Kamm que je dois vous convier!
Mariage, gays et discrimination
Ajouté hier mon grain de sel, en anglais, sous forme de commentaire (le 22e) à la suite d'un billet d'Oliver Kamm sur le thème du mariage gay. Et bavardé aujourd'hui à ce propos avec un Américain, de retour d'un séjour à San Francisco: j'ai soudain mesuré le traumatisme que représente, pour la mémoire collective aux Etats-Unis, la discrimination raciale dans les Etats du sud, qui n'a été définitivement éradiquée que dans les années 1960 par une action résolue de l'Etat fédéral appuyé par la Cour suprême. Dès lors, toute référence à un partenariat (civil union) pour les couples de même sexe parallèle au mariage pour les couples hétéros n'évoque que le spectre du "separate but equal" (je me suis épuisé en pure perte à démontrer qu'en l'occurrence l'élément de l'exploitation d'un groupe dominé par un groupe dominant fait défaut, comme l'explique Laurent le Polyscopique -- mais il est justement Canadien!).
Ce n'est donc en définitive pas un hasard si c'est au Danemark qu'est née en 1989 l'institution du partenariat, si elle se répand sans grand problème en Europe (dont la mémoire collective trimbale bien d'autres cicatrices -- guerres de religion, Terreur, guerres napoléoniennes, colonisation, totalitarismes communiste et fasciste, deux guerres mondiales, Holocauste, purification ethnique, et j'en oublie sûrement -- mais pas celle de l'esclavage et de discrimination légale à l'égard des Noirs) et si elle (ne) s'est acclimatée outre-Atlantique (qu')au Vermont (qui est un peu le Danemark de l'Amérique, non?). Nos esprits souples et pragmatiques, pour ne pas dire retors, sont prêts à admettre, selon la formule jurisprudentielle en usage en Suisse, que l'on peut traiter de manière différente des choses différentes, sans en faire un fromage.
Et puis il y a toujours la figure qui ne colle pas dans un tableau rationnel et harmonieux: c'est un Anglais catholique, Andrew Sullivan, qui est le héraut le plus achevé du fondamentalisme anti-discriminatoire américain...
Ce n'est donc en définitive pas un hasard si c'est au Danemark qu'est née en 1989 l'institution du partenariat, si elle se répand sans grand problème en Europe (dont la mémoire collective trimbale bien d'autres cicatrices -- guerres de religion, Terreur, guerres napoléoniennes, colonisation, totalitarismes communiste et fasciste, deux guerres mondiales, Holocauste, purification ethnique, et j'en oublie sûrement -- mais pas celle de l'esclavage et de discrimination légale à l'égard des Noirs) et si elle (ne) s'est acclimatée outre-Atlantique (qu')au Vermont (qui est un peu le Danemark de l'Amérique, non?). Nos esprits souples et pragmatiques, pour ne pas dire retors, sont prêts à admettre, selon la formule jurisprudentielle en usage en Suisse, que l'on peut traiter de manière différente des choses différentes, sans en faire un fromage.
Et puis il y a toujours la figure qui ne colle pas dans un tableau rationnel et harmonieux: c'est un Anglais catholique, Andrew Sullivan, qui est le héraut le plus achevé du fondamentalisme anti-discriminatoire américain...
Et la Suisse dans tout ça?
Une nouvelle analyse pertinente de Ludovic Monnerat sur CheckPoint après les bombes de Madrid, qui souligne en particulier combien la Suisse aurait tort de se croire non concernée.
Terrorisme: et si l'on essayait la négociation?
Il n'y a plus qu'à se réfugier dans l'humour... et à prendre au sérieux le type de raisonnement illustré par une lettre de lecteur au Times de Londres, samedi: les bombes de Madrid ne doivent pas conduire à reprendre de plus belle la guerre à outrance contre le terrorisme, mais illustrent au contraire l'échec d'une approche exclusivement fondée sur la confrontation, qui ne laisse pas place au dialogue et au compromis.
Touché par la grâce, Scott Burgess a développé cette idée sur son blog The Daily Ablution en esquissant comment ce dialogue pourrait s'ouvrir, dans une lettre des puissances occidentales à "Cher Oussama". Si vous lisez l'anglais, précipitez-vous!
Pour les autres, je résume:
Il semble que vous êtes fâché contre nous parce que notre culture est corrompue et décadente... Dans un esprit de compromis, nous serions disposés à prendre les mesures suivantes:
- l'homosexualité et l'adultère seront punissables par lapidation
- les femmes devront toujours être accompagnées par un parent de sexe masculin
- l'enseignement du christianisme encourrera la peine de mort
- la musique sera interdite
- les filles n'auront plus accès à l'éducation
Une négociation suppose des concessions de part et d'autre. Dans cet esprit, nous vous demandons de réduire vos ambitions de 50%: au lieu de faire exploser 10 bombes dans le métro, limitez-vous à cinq...
Nous nous rendons compte que nous demandons beaucoup... A titre de geste de bonne volonté, nous supprimons d'ores et déjà, sans obligation de votre part, le droit de vote des femmes. Merci de bien vouloir considérer notre proposition, faites-nous savoir ce que vous en pensez en envoyant une cassette à Al Jazzira.
(Via Laurent Le Polyscopique)
Touché par la grâce, Scott Burgess a développé cette idée sur son blog The Daily Ablution en esquissant comment ce dialogue pourrait s'ouvrir, dans une lettre des puissances occidentales à "Cher Oussama". Si vous lisez l'anglais, précipitez-vous!
Pour les autres, je résume:
Il semble que vous êtes fâché contre nous parce que notre culture est corrompue et décadente... Dans un esprit de compromis, nous serions disposés à prendre les mesures suivantes:
- l'homosexualité et l'adultère seront punissables par lapidation
- les femmes devront toujours être accompagnées par un parent de sexe masculin
- l'enseignement du christianisme encourrera la peine de mort
- la musique sera interdite
- les filles n'auront plus accès à l'éducation
Une négociation suppose des concessions de part et d'autre. Dans cet esprit, nous vous demandons de réduire vos ambitions de 50%: au lieu de faire exploser 10 bombes dans le métro, limitez-vous à cinq...
Nous nous rendons compte que nous demandons beaucoup... A titre de geste de bonne volonté, nous supprimons d'ores et déjà, sans obligation de votre part, le droit de vote des femmes. Merci de bien vouloir considérer notre proposition, faites-nous savoir ce que vous en pensez en envoyant une cassette à Al Jazzira.
(Via Laurent Le Polyscopique)
14.3.04
Elections espagnoles: victoire du défaitisme?
S'il se confirme que le résultat des élections a été inversé par l'effet des bombes de Madrid, c'est un jour tragique pour la défense de la société ouverte face au totalitarisme: après des manifestations grandioses marquant non seulement le deuil mais la colère à l'égard des assassins, on leur donnerait la satisfaction d'avoir fait tomber le parti gouvernemental! Les socialistes espagnols ont la responsabilité de ne pas offrir une telle victoire aux terroristes, soit en proclamant une politique de continuité intransigeante dans ce domaine, soit en recherchant un gouvernement de coalition.
13.3.04
Madrid: Le Temps... égal à lui-même
Hier, l'unique quotidien suisse de référence en langue française publiait un éditorial de Serge Enderlin sous le titre "L'abstraction de la terreur" dans lequel me frappe l'oblitération des victimes (à New York, à Washington, en Pennsylvanie) des attentats du 11 septembre 2001 -- comme d'ailleurs, en réalité, celles des attentats du 11 mars 2004.
"Al Quaida ou ETA?" L'auteur commence par regretter le bon temps où les attentats étaient fièrement revendiqués, les cibles faisaient sens (un juge ou une caserne, s'agissant de l'ETA). "De la même manière, l'attaque ignoble d'une base militaire italienne en Irak par des djihadistes sunnites répond à une logique militaire." L' "ignoble" ici paraît surtout avoir pour fonction d'atténuer la légitimité conférée à l'attaque, imputée, de manière rassurante, au sunnisme supposé de ses auteurs; mais quid alors des attaques contre l'ONU, contre une procession chiite, puis contre une procession sunnite?
"L'attentat, le geste terroriste, est devenu sa propre motivation, sa cause et son effet. La notion d'"auteur" du crime s'efface ainsi presque entièrement derrière le vertigineux spectacle de l'effroi. (...) L'ampleur inédite du carnage, la paralysie d'une métropole européenne par l'absolue violence représente une forme d'abstraction de l'horreur, ce qui la rend plus terrifiante encore (...) Mais à Madrid, comme avant à Bali ou à Casablanca, le terrorisme semble être devenu un mode d'expression en soi, la revanche du nihilisme sur la politique."
"Ampleur inédite" + absence de New York (plus de 3000 morts) dans l'énumération des précédents: évidemment c'était en Amérique, cible sans doute légitime...
"Cette motivation sans motifs débouche sur une impossibilité psychologique à intégrer la permanence de la menace autour de nous sans sombrer dans la psychose. (...)
La société démocratique est ainsi piégée dans l'intimité de son fonctionnement. Répondre à la terreur par le durcissement policier des Etats, "terroriser les terroristes"? C'est ce que font la plupart des démocraties occidentales depuis trois ans, avec peu de résultats. Le carnage de Madrid est là pour le prouver. Avec peu de résultat, mais aussi avec des dérives sécuritaires comme la chasse au faciès, comme la prison illégale de Guantanamo. Alors? Alors il faut intégrer le risque, c'est la seule façon de l'appréhender. Le terrorisme est devenu un accident de la route des démocraties. Il n'arrive pas seulement aux autres."
Telle est la conclusion du Temps: appeler "crime" (sans la précision qu'il s'agit, techniquement, d'un crime contre l'humanité, mais pour lui seuls sans doute les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou Israël peuvent être accolés à un tel vocable) puis banaliser au nombre des "choses de la vie" le terrorisme, et donner finalement plus d'importance aux "dérives" possibles qu'aux victimes d'un attentat réussi (présenté bien sûr comme un échec des autorités qui en partagent ainsi, en quelque sorte, la responsabilité avec les auteurs, mais sans mentionner tous les attentats déjoués depuis 2001 et même, en réalité, avant -- y compris, à Madrid, les trois bombes qu'une approche remarquablement professionnelle a désarmorcées alors qu'elles devaient exploser dans un deuxième temps, au milieu des sauveteurs). Décidément, Le Temps ne comprend toujours pas que c'est une guerre, et de longue haleine -- et pas une simple affaire pénale, entre policiers, juges, avocats et assurances, qui doit pour le surplus déranger le moins possible le reste de la société.
Et aujourd'hui c'est un éditorial de Luis Lema qui contient une analyse pour le moins curieuse:
"Que les attentats soient le fait d'ETA, et c'est toute la politique de José Maria Aznar – sa défense à outrance de "l'unité de l'Espagne et de son peuple" – qui serait en quelque sorte renforcée, au risque d'aggraver les tensions entre Madrid, la Catalogne et le Pays basque.
Qu'il s'agisse de la mouvance d'Al-Qaida, et ce serait au contraire un sérieux revers pour celui qui a voulu, seul contre tous, lier le destin de son pays à celui des Etats-Unis dans leurs menées guerrières en Irak."
En quoi le renforcement de la lutte contre le terrorisme basque (dénoncé massivement par ceux-là mêmes au nom duquel il est prétendûment mené) est-il de nature à menacer l'identité basque ou catalane, démocratiquement exprimée et jouissant, en Espagne, de toutes les garanties politiques et juridiques? Et quel fascinant renversement que de faire d'Aznar le responsable, en somme, d'un attentat d'Al-Quaida à Madrid!
COMPLEMENT DE 19H: Les voies du blog... C'est par Andrew Sullivan, qui le cite en anglais, que j'ai la satisfaction d'apprendre que Le Monde, lui, n'a pas perdu tout sens commun. Je n'ai fait que le commencer: la moitié du journal est consacrée à l'affaire!
"Al Quaida ou ETA?" L'auteur commence par regretter le bon temps où les attentats étaient fièrement revendiqués, les cibles faisaient sens (un juge ou une caserne, s'agissant de l'ETA). "De la même manière, l'attaque ignoble d'une base militaire italienne en Irak par des djihadistes sunnites répond à une logique militaire." L' "ignoble" ici paraît surtout avoir pour fonction d'atténuer la légitimité conférée à l'attaque, imputée, de manière rassurante, au sunnisme supposé de ses auteurs; mais quid alors des attaques contre l'ONU, contre une procession chiite, puis contre une procession sunnite?
"L'attentat, le geste terroriste, est devenu sa propre motivation, sa cause et son effet. La notion d'"auteur" du crime s'efface ainsi presque entièrement derrière le vertigineux spectacle de l'effroi. (...) L'ampleur inédite du carnage, la paralysie d'une métropole européenne par l'absolue violence représente une forme d'abstraction de l'horreur, ce qui la rend plus terrifiante encore (...) Mais à Madrid, comme avant à Bali ou à Casablanca, le terrorisme semble être devenu un mode d'expression en soi, la revanche du nihilisme sur la politique."
"Ampleur inédite" + absence de New York (plus de 3000 morts) dans l'énumération des précédents: évidemment c'était en Amérique, cible sans doute légitime...
"Cette motivation sans motifs débouche sur une impossibilité psychologique à intégrer la permanence de la menace autour de nous sans sombrer dans la psychose. (...)
La société démocratique est ainsi piégée dans l'intimité de son fonctionnement. Répondre à la terreur par le durcissement policier des Etats, "terroriser les terroristes"? C'est ce que font la plupart des démocraties occidentales depuis trois ans, avec peu de résultats. Le carnage de Madrid est là pour le prouver. Avec peu de résultat, mais aussi avec des dérives sécuritaires comme la chasse au faciès, comme la prison illégale de Guantanamo. Alors? Alors il faut intégrer le risque, c'est la seule façon de l'appréhender. Le terrorisme est devenu un accident de la route des démocraties. Il n'arrive pas seulement aux autres."
Telle est la conclusion du Temps: appeler "crime" (sans la précision qu'il s'agit, techniquement, d'un crime contre l'humanité, mais pour lui seuls sans doute les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou Israël peuvent être accolés à un tel vocable) puis banaliser au nombre des "choses de la vie" le terrorisme, et donner finalement plus d'importance aux "dérives" possibles qu'aux victimes d'un attentat réussi (présenté bien sûr comme un échec des autorités qui en partagent ainsi, en quelque sorte, la responsabilité avec les auteurs, mais sans mentionner tous les attentats déjoués depuis 2001 et même, en réalité, avant -- y compris, à Madrid, les trois bombes qu'une approche remarquablement professionnelle a désarmorcées alors qu'elles devaient exploser dans un deuxième temps, au milieu des sauveteurs). Décidément, Le Temps ne comprend toujours pas que c'est une guerre, et de longue haleine -- et pas une simple affaire pénale, entre policiers, juges, avocats et assurances, qui doit pour le surplus déranger le moins possible le reste de la société.
Et aujourd'hui c'est un éditorial de Luis Lema qui contient une analyse pour le moins curieuse:
"Que les attentats soient le fait d'ETA, et c'est toute la politique de José Maria Aznar – sa défense à outrance de "l'unité de l'Espagne et de son peuple" – qui serait en quelque sorte renforcée, au risque d'aggraver les tensions entre Madrid, la Catalogne et le Pays basque.
Qu'il s'agisse de la mouvance d'Al-Qaida, et ce serait au contraire un sérieux revers pour celui qui a voulu, seul contre tous, lier le destin de son pays à celui des Etats-Unis dans leurs menées guerrières en Irak."
En quoi le renforcement de la lutte contre le terrorisme basque (dénoncé massivement par ceux-là mêmes au nom duquel il est prétendûment mené) est-il de nature à menacer l'identité basque ou catalane, démocratiquement exprimée et jouissant, en Espagne, de toutes les garanties politiques et juridiques? Et quel fascinant renversement que de faire d'Aznar le responsable, en somme, d'un attentat d'Al-Quaida à Madrid!
COMPLEMENT DE 19H: Les voies du blog... C'est par Andrew Sullivan, qui le cite en anglais, que j'ai la satisfaction d'apprendre que Le Monde, lui, n'a pas perdu tout sens commun. Je n'ai fait que le commencer: la moitié du journal est consacrée à l'affaire!
12.3.04
Après Madrid
Je me permets de renvoyer sans autre à l'analyse d'Oliver Kamm sous ce titre, qui fait le lien avec d'autres occurences du terrorisme et de la manière d'y répondre telles que l'Irlande du Nord et le Moyen-Orient.
D'Aznar, pour qui je partage son admiration, on a pu lire il y a quelques jours dans Le Monde une intéressante interview.
D'Aznar, pour qui je partage son admiration, on a pu lire il y a quelques jours dans Le Monde une intéressante interview.
11.3.04
Constitution transitoire irakienne
Socialism in an Age of Waiting, le blog de Marxist.org.uk, met en perspective la loi fondamentale adoptée le 8 mars par les 25 membres du Conseil intérimaire de gouvernement (via Norman Geras).
10.3.04
La nouvelle gauche antifasciste
Au travers d'un article en première page du Monde d'aujourd'hui, le public francophone devrait voir sa bonne conscience pacifiste sérieusement perturbée: il y est question de ces intellectuels de gauche américains qui soutiennent sans concession la guerre contre la terreur menée par le président Bush, au nom de l'internationalisme et de l'universalisme des idées démocratiques. Il est toutefois regrettable que, pour faire pendant aux néoconservateurs, l'auteur ait joué sur le mot néolibéraux qui a, en français, un sens avant tout de politique économique alors qu'il désigne en anglais un courant de la gauche.
La compromission défaitiste de la plus grande partie de la gauche, de l'élite intellectuelle et politique jusqu'à la base, avec le fascisme islamiste et baassiste ne me paraît avoir qu'un parallèle historique: la compromission de la droite française sous Vichy (Blair est notre de Gaulle!). Reste à savoir si et comment elle s'en relèvera (ou si cela donnera lieu au même type de névrose collective nourrie par l'amnésie et le déni: c'est à craindre).
La compromission défaitiste de la plus grande partie de la gauche, de l'élite intellectuelle et politique jusqu'à la base, avec le fascisme islamiste et baassiste ne me paraît avoir qu'un parallèle historique: la compromission de la droite française sous Vichy (Blair est notre de Gaulle!). Reste à savoir si et comment elle s'en relèvera (ou si cela donnera lieu au même type de névrose collective nourrie par l'amnésie et le déni: c'est à craindre).
6.3.04
Guerre contre la terreur: Blair s'explique
Pardon pour le silence de ce blog ces derniers jours! C'est la combinaison d'une surcharge professionnelle et d'un souhait de ne pas parler que de l'Irak et du partenariat gay (tout en ne trouvant pas vraiment grand chose d'autre sur quoi écrire...).
Mais là il faut quand même que je signale l'admirable discours prononcé hier par Tony Blair, qui confirme et le caractère inébranlable, et pour tout dire churchillien, de sa résolution, et la largeur, la hauteur et la profondeur de son analyse.
A lire aussi chez Harry's Place une revue de blogs à ce propos, outre les commentaires des auteurs maison.
Mais là il faut quand même que je signale l'admirable discours prononcé hier par Tony Blair, qui confirme et le caractère inébranlable, et pour tout dire churchillien, de sa résolution, et la largeur, la hauteur et la profondeur de son analyse.
A lire aussi chez Harry's Place une revue de blogs à ce propos, outre les commentaires des auteurs maison.