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30.6.04

Et l'Afghanistan?

Avant l'Irak libéré de Saddam, il y eut l'Afghanistan libéré des Talibans (avec là aussi nombre de beaux esprits pour s'y opposer). On n'en parle plus beaucoup, ou alors lorsqu'il a un problème. Mais Arthur Chrenkoff veille, down under: voici donc une brassée de "bonnes nouvelles d'Afghanistan".

25.6.04

Le partenariat gay britannique détourné?

J'avais écrit ici, pour illustrer le poids spécifique de la démocratie directe, que le partenariat suisse entrerait certainement en vigueur après le britannique, quand bien même les deux projets ont été présentés par les gouvernements à leur parlement respectif à la même époque. Eh bien ce n'est plus si sûr.

Le partenariat "à la suisse" a effectué un parcours parlementaire pratiquement record pour un projet qui, s'il est bien délimité, est néanmoins sensible. Alors que le projet britannique n'en est encore qu'à son examen devant la première chambre, qui était en l'occurrence celle des Lords. Et la droite homophobe vient de réussir un joli coup pour dévier la balle en corner, si je puis me permettre une métaphore usée mais de saison: par 148 voix à 130, un partenariat destiné aux couples de même sexe est dilué en un régime juridique couvrant également d'autres formes de communautés domestiques, telles que celles de soeurs célibataires vivant ensemble, ou de la personne proche qui se consacre entièrement à l'assistance à une personne malade.

Le plus ironique est évidemment que, sans le réaliser, ces milieux précipitent avec une telle formule (qui rejoint un des axes de la discussion américaine contre le mariage gay) ce qu'ils redoutent plus encore que l'officialisation honnie des couples de gays et de lesbiennes: la "dématrimonialisation" du mariage pour en faire la forme reconnue des couples qui s'aiment, qu'ils soient hétéros ou homos, qui ne sera jamais que l'achèvement de la sécularisation de cette institution.

Je ne doute pas que le gouvernement, et la majorité écrasante des Communes, redresseront la barre, mais cela prendra encore plus de temps...

Déconstruire Guignol

Ce qu'il y a de bien avec un film comme le Fahrenheit 9/11 de Michael Moore, c'est que tout le monde y trouve son compte: les bushophobes y sont confirmés, avec quel entrain, dans leur haine grégaire, et les partisans de l'intervention en Irak dans leur mépris à l'égard de la bassesse morale et politique qu'incarne ce monument de propagande présenté comme un documentaire (et couronné par l'élite mondiale du cinéma -- c'est Lyssenko).

Pour les adversaires de l'intervention qui accepteraient d'être confrontés à des faits et pas seulement des émotions, et pour les adversaires de Moore qui souhaiteraient nourrir concrètement leur critique globale, Christopher Hitchens s'est donné la peine de dévoiler les omissions et manipulations du film. Edifiant.

Irak: ce que les médias taisent par bushophobie

Semaine difficile pour le blog en ce qui me concerne. En l'état, je dois me contenter de vous renvoyer à la nouvelle compilation par Arthur Chrenkoff des nouvelles d'Irak que vous n'aurez pas vues à la télévision ni lues dans les journaux. Une version condensée en français viendra plus tard.

18.6.04

La loi sur le partenariat est adoptée

Pas de surprise, au contraire la démonstration que la question fait désormais l'objet d'un large consensus: la loi fédérale sur le partenariat enregistré entre personnes de même sexe (loi sur le partenariat; LPart) [fichier PDF] a été définitivement adoptée:
- au Conseil national par 112 voix contre 51 et 16 abstentions,
- au Conseil des Etats par 33 voix contre 5 et 4 abstentions (après qu'une ultime tentative de renvoyer le vote a été rejetée par 28 voix contre 10).

Dernière étape à franchir: la confirmation de la loi par le peuple en votation populaire (déjà en décembre? plutôt l'an prochain), si comme c'est vraisemblable le dernier quarteron de fondamentalistes homophobes réunit les 50'000 signatures nécessaires à l'organisation d'un référendum. Le site de la campagne du OUI est ouvert et attend déjà les dons...

16.6.04

Torture, morale et politique

A vrai dire, le titre est trompeur! J'essaie simplement de prendre date par rapport à la sortie prochaine de nouvelles photos et vidéos d'exactions à Abou Ghraib et, en réalité bien plus dommageable, à la confirmation de l'étendue de la compromission envers l'inacceptable au sein des autorités civiles et militaires américaines.

Cela remet-il en cause le bien-fondé de l'intervention? Non. Elle reste juste aussi bien stratégiquement, dans le cadre de la contre-offensive à l'islamofascisme, qu'humanitairement, pour libérer le peuple irakien otage de Saddam. Mais cela la fragilise comme déjà, précédemment, l'attitude déloyale de la France (surtout), et cette fois c'est de l'intérieur qu'est sapée la cause de l'intervention par défaut d'intelligence morale.

Churchill était alcoolique, Clinton obsédé, Bush probablement sans égard pour la dignité humaine (personnellement l'épisode que je trouve le plus révélateur à cet égard est la manière dont, gouverneur du Texas, il a pu chercher à amuser en imitant la supplique d'une condamnée à mort qu'il avait reçue avant de lui refuser sa grâce): cela ne change rien à leur bilan politique.

La guerre est par définition une chose immonde mais le pacifisme défaitiste n'est pas son antidote, plutôt son terreau naturel. En ces temps de 60e anniversaire du débarquement, on nous rappelle utilement qu'il s'est accompagné de milliers de viols parmi les populations libérées (sans parler bien sûr des villes allemandes rasées ou d'Hiroshima et Nagasaki). L'important c'est de ne pas, sous le coup de l'émotion voire même d'une juste indignation, perdre de vue à la fois le contexte d'ensemble et l'objectif final. Les crimes de Saddam ne justifient en rien ceux d'aujourd'hui mais il s'agit quand même de ne pas les oublier.

Romain Goupil à Bagdad

Entre deux accès d'anti-bushisme primaire, Le Monde livre aussi une petite interview du cinéaste Romain Goupil, dont un reportage à Bagdad passe sur Arte depuis hier et jusqu'à samedi. Extrait:

"Q. Sachant que vous avez publiquement pris position, en mars 2003, pour l'engagement de la France aux côtés des forces anglo-américaines, on pouvait s'attendre à ce que vous adoptiez un ton plus militant...

R. On pouvait effectivement redouter le pire du pire, c'est-à-dire un film comme celui de Michael Moore,
Farenheit 9/11, ou celui de William Karel, Le Monde selon Bush -diffusé vendredi 18 juin à 22 h 35 sur France 2-. Ces deux réalisateurs savent à l'avance ce qu'ils veulent entendre. C'est le contraire du cinéma que je fais. Je ne cherche pas à illustrer quelque discours que ce soit ni à convaincre quiconque. Ce qui ne m'empêche pas, par ailleurs, de militer. Je souhaite qu'on arrête de dire que Bush est un crétin et qu'on aide les Irakiens à reconstruire leur pays. Mais je ne me sers pas de mon film pour dire cela. Je citerai une phrase de Milan Kundera : 'Je me méfie des gens qui sont plus intelligents que leur roman.' J'espère que mon film est plus intelligent que moi.

Q. Votre voyage là-bas, l'évolution de la situation en Irak et la révélation d'actes de torture de la part de soldats américains, ont-ils modifié votre position?

R. Non. Je continue de penser que si on y avait été tous ensemble on aurait redonné la liberté à ce peuple. Quant aux tortures, ce n'est pas une révélation. Dans toute intervention, il faut se méfier des hommes qui redeviennent des bêtes. C'est de la responsabilité de l'encadrement militaire et des politiques de surveiller cela. Là, non seulement ils n'ont pas fait leur travail, mais en plus, semble-t-il, ils ont encouragé les dérives."


13.6.04

Partenariat: la loi suisse est sous toit!

J'en oubliais de signaler que jeudi le Conseil national (chambre basse) a éliminé toute divergence entre son texte et celui adopté ultérieurement par le Conseil des Etats (chambre haute) en se ralliant à celui-ci; les modifications sont purement techniques, destinées à prendre en compte des lois modifiées dans l'intervalle, et, comme le souligne la rapporteuse de langue française, Anne-Catherine Ménetrey, "(t)outes ces adaptations, peut-être faut-il le rappeler, résultent de la décision que nous avons prise et que le Conseil des Etats a confirmée, selon laquelle le partenariat enregistré a sur ces différents points des effets comparables à ceux du mariage".

L'ultime acte parlementaire sera, le dernier jour de la session en cours, le vote d'ensemble de la loi par chacun des deux Conseils: ce sera donc la loi fédérale du 18 juin 2004 sur le partenariat enregistré entre personnes de même sexe.

Ensuite viendra pour les adversaires de la loi la récolte dans les trois prochains mois de 50'000 signatures d'électeurs pour provoquer un référendum pour ou contre la loi: je ne m'attends pas à ce qu'ils échouent, et il faudra évidemment encore gagner la votation populaire afin que la loi puisse entrer en vigueur, peut-être au milieu ou à la fin de l'année prochaine déjà.

11.6.04

Résultat des élections londoniennes

Il faut bien reconnaître que le système appliqué à l'élection du maire et de l'assemblée de 25 personnes qui gèrent l'agglomération du Grand Londres (33 communes ayant leurs propres autorités élues) n'est pas simple -- mais c'est un plaisir pour ceux comme moi que ce genre d'arithmétique passionne!

D'abord, le résultat de l'élection du maire selon le système majoritaire avec seconde préférence. Dans ce qui tient lieu de premier tour, Ken Livingstone (travailliste) obtient 36,8% des suffrages et Steve Norris (conservateur) 29,1%. Ensuite viennent le candidat libéral démocrate (15,3%), le candidat europhobe du UK Independance Party (6,2%), la candidate de l'extrême gauche islamofasciste de George Galloway (3,3%), le candidat de l'extrême droite xénophobe du British National Party (3,1%), le candidat écolo (3,1%) et trois autres candidats totalisant 3.1% (soit 10 candidats au total).

Personne n'ayant obtenu plus de de 50% des voix, on additionne pour les deux candidats arrivés en tête les suffrages de "seconde préférence" qu'ils ont recueillis sur les bulletins dont la première préférence allait aux huit autres candidats -- mais pas ceux qu'ont pu leur réserver des électeurs ayant préféré leur concurrent direct, car cela reviendrait à donner deux voix à ces électeurs. Cette opération effectuée, Livingstone est élu avec 828'380 voix (685'541 premières préférences + 142'839 secondes préférences) contre Norris 667'278 (542'423 + 124'755). A noter que l'élu pourrait parfaitement avoir moins de premières préférences, et l'emporter grâce aux secondes.

La BBC est tombée en début de soirée dans le piège d'ajouter aux deux finalistes le total de toutes les secondes préférences qu'ils ont recueillies, ce qui donnait Livingstone à 936'008 et Norris à 764'962 (en d'autres termes, 107'678 électeurs de Norris préféraient encore Livingstone si le candidat libéral avait relégué leur favori en troisième place; et 97'804 électeurs de Livingstone ont tenu le même raisonnement en faveur de Norris). A l'heure où j'écris, elle a rectifié le total mais pas encore le nombre de secondes préférences prises en compte...

Parmi les autres candidats, à noter que comme prévu le libéral démocrate est celui qui rassemble le plus de secondes préférences (24,25%), l'UKIP et le Vert en rassemblant aussi chacun 10%.

Passons ensuite à l'élection des 25 membres de l'Assemblée du Grand Londres. Le système appliqué est dérivé de de l'élection du Bundestag allemand: un bulletin avec une liste bloquée de candidats permet de calculer la répartition des sièges entre les listes selon le régime proportionnel, et un bulletin est destiné à l'élection directe dans des circonscriptions (scrutin majoritaire uninominal à un tour) d'un contingent des membres de l'assemblée.

Ici je me permets d'affirmer en toute immodestie que c'est le site officiel des élections londoniennes qui donne une présentation trompeuse des résultats! Selon une erreur que, lorsque j'étais étudiant en droit constitutionnel comparé à l'Université de Genève, nous croyions réservée aux commentateurs français lorsqu'ils parlent du "système allemand", les Britanniques pensent devoir privilégier les membres élus dans les 14 circonscriptions (9 conservateurs, 5 travaillistes). Le tableau de la répartition générale des suffrages pour le calcul de la proportionnelle est ensuite présenté de manière absurde:
- Conservateurs: 533'696 suffrages (27,84%) 0 élus
- Travaillistes: 468'247 suffrages (24,43%) 2 élus
- Libéraux démocrates: 316'218 suffrages (16,50%) 5 élus
- Verts: 160'445 suffrages (8,37%) 2 élus
- UK Independance Party: 156'780 suffrages (8,18%) 2 élus.

La présentation correcte est évidemment:
- Conservateurs: 533'696 suffrages (27,84%) = 9 sièges, soit les 9 élus dans les circonscriptions
- Travaillistes: 468'247 suffrages (24,43%) = 7 sièges, soit 5 élus dans les circonscriptions + 2 de la liste complémentaire
- Libéraux démocrates: 316'218 suffrages (16,50%) = 5 sièges, soit 5 élus de la liste complémentaire
- Verts: 160'445 suffrages (8,37%) = 2 sièges, soit 2 élus de la liste complémentaire
- UK Independance Party: 156'780 suffrages (8,18%) = 2 sièges, soit 2 élus de la liste complémentaire.

Je vous fais grâce de la méthode de calcul appliquée, qui est sauf erreur le système d'Hondt...

Ni l'extrême droite xénophobe (4,71%) ni l'extrême gauche islamofasciste (4,57%) n'obtiennent de siège. Je ne sais pas si le dispositif prévoit, comme en Allemagne, le cas où un parti gagne plus de circonscriptions que le nombre de sièges auxquels il a droit, ou celui où un parti qui n'a pas obtenu de siège selon la représentation proportionnelle gagne une circonscription (ces élus viennent en surnombre)...

Derniers détails: la participation s'est établie à 36,97% (1'921'702 électeurs pour 5'197'647 inscrits), ce qui serait assez ordinaire en Suisse... Il y a eu 56'862 suffrages de "première préférence" blancs ou nuls, et 329'090 pour la "seconde préférence"; ainsi que 118'535 bulletins blancs ou nuls pour le scrutin uninominal par circonscription et 48'536 bulletins blancs ou nuls pour la répartion proportionnelle (avec le parlement européen, cela faisait 4 bulletins par électeur!).

Ouf!

Ce qui va mieux en Irak

La dernière livraison des bonnes nouvelles qui vous auront échappées, compilée en Australie par Arthur Chrenkoff!

Un condensé en français -- mais référez-vous aux sources citées dans l'original pour en savoir plus:

SOCIETE:

Le Conseil représentatif désigné l'an dernier à Bagdad, quartier par quartier, prend de l'assurance et commence à sortir des simples questions de voisinage.

Avec l'appui d'institutions extérieures (p.ex. l'Université de Nottingham) ou d'experts sur place, plusieurs initiatives se développent: formation aux droits de l'homme, appui aux femmes qui s'engagent en politique, conversion d'un ancien local des services secrets en camp scout...

L'Irak revendique son propre domaine sur l'Internet: .iq

Depuis juillet dernier, ce sont 11'000 réfugiés qui sont rentrés dans leur pays.

L'ECONOMIE:

De nombreux pays répondent positivement à la demande de contribuer à la reconstruction de l'Irak par l'effacement de la plus grande partie de la dette. Mais la France fait de la résistance...

Une Banque centrale indépendante fonctionne depuis mai. L'inflation est en baisse, la croissance est forte. La nouvelle monnaie fonctionne, le bazar est animé et des centres de formation professionnelle ont été mis sur pied pour permettre aux Irakiens de répondre aux besoins de la reconstruction.

La production de pétrole continue d'augmenter, et cette ressource est par ailleurs entièrement sous contrôle irakien, en avance sur le calendrier prévu; les Irakiens eux-mêmes ont constitué une force de plus de 14'000 personnes pour assurer la protection contre le terrorisme qui reste une menace constante.

Au Kurdistan irakien, un nouvel aéroport, un hôtel (futur Sheraton) et de nouveaux immeubles commerciaux témoignent du développement en cours; l'offre peine à suivre la demande de cartes SIM pour téléphones portables...

RECONSTRUCTION:

Depuis une année, la coalition et les entreprises privées mandatées (Bechtel, Halliburton etc.) sont parvenus à remettre en état les infrastructures et services. Pour les 4 ans qui viennent, un programme de plus de 2300 projets est financé par l'effort sans précédent des Etats-Unis: ponts, routes, centrales de production d'électricité, lignes de télécommunications, hôpitaux, écoles, postes de police, bases militaires, aéroports, raffineries, gares, mairies, puits, canaux d'irrigation, station de traitement de l'eau, stations d'épuration, prisons, ports et réseau téléphonique. Bien qu'encore insuffisant, l'approvisionnement en électricité s'améliore et, là aussi, les Irakiens s'organisent pour se protéger contre les attaques terroristes.

A Bagdad même, les autorités locales disposent de fonds et les utilisent pour faire face aux besoins locaux et non satisfaire les caprices ou le favoritsme de Saddam; des Irakiens prennent la relève des contrôleurs aériens américains et australiens.

INFRASTRUCTURE SOCIALE:

Le défi est important: le régime de Saddam laisse un pays dans lequel un tiers des hommes de plus de 15 ans et plus de la moitié des femmes sont analphabètes, 40% des écoles nécessitent des travaux (et 10% doivent être entièrement reconstruites). Les manuels scolaires de propagande ont été remplacés et un crédit de la Banque mondiale doit permettre d'assurer l'édition du matériel scolaire nécessaire.

Le système de santé repart grâce aux efforts de la coalition, mais aussi à de nombreuses initiatives privées qui viennent en aide aux Irakiens. On ne sait pas toujours que ceux-ci sont actifs alors même qu'ils paient un lourd tribut aux attaques destinées à les intimider pour saboter la reconstruction du pays. Un groupe de chirurgiens irakiens a entrepris de s'occuper des quelques 3500 hommes qui ont eu les oreilles entièrement ou partiellement coupées sur ordre de Saddam pour désertion...

CONTACTS ENTRE LES SOLDATS DE LA COALITION ET LA POPULATION LOCALE:

Non, ils ne torturent pas tous des prisonniers quand ils ne sont pas en butte aux attaques hostiles de la "résistance"... Voyez ici des photos différentes! Les soldats multiplient les initiatives et mobilisent leurs familles et amis au pays pour récolter jouets ou outils et venir en aide de manière tangible à la population, qui leur en est reconnaissante.

SECURITE:

La menace que représentait Al Sadr est désormais conjurée: Kerbala se reconstruit et ce sont désormais des chiites eux-mêmes qui désavouent "l'armée du Mahdi". Bonnes nouvelles aussi de Tikrit ou de Falluja. Neuf milices se sont dissoutes pour rejoindre les forces régulières du gouvernement irakien. La coalition forme la nouvelle armée irakienne.

L'ami français

Dans le torrent malveillant que charrie Le Monde ces temps-ci, il y a heureusement quelques consolations. Même avec retard, je tiens à signaler la tribune d'André Glucksmann, Oui, l'ami américain, parue dans l'édition du 6-7 juin.

"On parle à tort et à travers, par les temps qui courent, de 'légitimité internationale' . La seule, la vraie, fut inaugurée sur les plages normandes. (...)

Le droit des peuples à être libérés d'un despotisme extrême - droit au Jour J - prime sur le respect ordinaire des frontières et le principe séculaire de souveraineté. Eu égard à la Déclaration universelle des droits de l'homme, expérience des totalitarismes aidant, le très essentiel droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ne doit ni garantir ni impliquer le droit des gouvernants à disposer de leurs peuples.

Le débarquement en Normandie fonde les interventions récentes au Kosovo, en Afghanistan et en Irak, même sans couverture du Conseil de sécurité. Pour une raison décisive: la légitimité inaugurale qui présida à la constitution de l'ONU l'emporte en autorité sur la jurisprudence ordinaire des institutions issues de cette légitimité fondatrice. D'autant qu'en ce dixième anniversaire du génocide des Tutsis au Rwanda le souvenir d'épouvantables fiascos dans la gestion onusienne n'échappe à personne et surtout pas à Kofi Annan, qui prêche, en vain, l'urgence d'une réforme radicale des institutions et de la législation internationales.

Les Etats-Unis peuvent-ils encore se réclamer du droit d'ingérence baptisé dans le sang versé pour libérer l'Europe? Oui. Malgré les ignominies récentes commises dans les prisons irakiennes, insupportables moralement, politiquement contre-productrices et stratégiquement absurdes dont ils portent l'entière responsabilité? Oui.

Car dans le pire comme pour le meilleur, les Etats-Unis demeurent une démocratie. Et même la plus exemplaire des démocraties. La seule à ma connaissance qui n'ait pas censuré, en pleine guerre, la publication des crimes commis par ses soldats. La seule où la presse et la télévision dévoilent en quelques semaines l'ampleur des exactions et scrutent librement les tenants et les aboutissants du désastre accompli. La seule où les commissions d'enquête parlementaires citent à comparaître un président, des ministres, des généraux, les chefs des services secrets en les interrogeant sans ménagement ni restriction.

Je rappelle que la France, si généreuse donneuse de leçons, n'a jamais en quarante ans inculpé, jugé ou condamné un seul des militaires qui torturèrent pendant la guerre d'Algérie."


Lisez tout!

9.6.04

Résolution 1546

Brillant succès pour le nouveau gouvernement irakien et la diplomatie des pays de la coalition, après deux mois difficiles où ils ont su ne pas dévier du cap (tenir le calendrier tout en matant l'insurrection putschiste d'Al Sadr): le Conseil de sécurité a approuvé à l'unanimité une résolution (fichier PDF) sur l'Irak que certains croyaient impossible et qui évite les modalités impraticables. Zapatero, qui a rapatrié précipitamment les soldats espagnols alors qu'il avait d'abord subordonné cette décision à l'échec de la transition au 30 juin, est-il maintenant prêt à les renvoyer? Et Français et Allemands vont-ils enfin cesser de jouer perdants?

Au demeurant, c'est déjà depuis la résolution 1511 que la situation en Irak évolue dans la plus explicite légalité internationale, quoi qu'en pensent les esprits chagrins.

8.6.04

Torture

Norman Geras suit implacablement l'étendue du degré de rationalisation et d'élévation dans la hiérarchie qui paraît avoir précédé et accompagné les exactions d'Abou Ghraib. Le mémo (fichier PDF) de mars 2003 qui vient de faire surface reflète un débat contraire aux idées reçues dans lequel ce sont les juristes "civils" du département de la justice qui prennent une position en flèche (carrément échevelée sur les pouvoirs du président), contre l'avis des "militaires" du département de la défense (le Pentagone).

Norman avait précédemment (je ne retrouve plus quand) signalé un long, inconfortable et passionnant article dans The Atlantic Monthly, The Dark Art of Interrogation, qui a le mérite d'être antérieur à toute l'affaire (octobre 2003) et d'aborder la question de manière globale.

Reagan, faux réac?

Selon le libertarien Cato Institute, Ronald Reagan était attaché aux valeurs conservatrices religion - famille - travail etc., mais c'était aussi un libéral (au sens français, pas américain, du terme) qui a rarement cherché à imposer ses conceptions morales par l'action étatique. En 1978 il s'est exprimé contre une initiative anti-gay soumise au vote en Californie; Nancy et lui ont été les premiers occupants de la Maison Blanche à héberger un couple de même sexe pour la nuit:

"Reagan was regarded as a social conservative, and he often spoke of 'our values of faith, family, work, and neighborhood'. But he rarely sought to use government to impose those values. In 1978 he spoke out against an antigay initiative in California. Robert Kaiser of the Washington Post, noting that the Reagans were the first White House occupants to have hosted a gay couple overnight, dubbed him in 1984 a 'closet tolerant'."

7.6.04

Reagan: un aspect émouvant et moins connu

Les lettres personnelles qu'il se donnait la peine d'envoyer.

(Cité à l'époque par Andrew Sullivan).

Plus encore que George W. Bush, Ronald Reagan est quelqu'un dont j'ai déploré l'élection avant de me rendre à ses évidentes qualités.

Quelques réactions à chaud dans la blogosphère:

- Ase's Corner (en français, si, si!)

Les autres sont en anglais:

- Oliver Kamm ici et ici
- Gene sur Harry's Place
- Arthur Chrenkoff
- Roger L. Simon
- Matthew Yglesias
- Johann Norberg (lundi 7 et dimanche 6 juin)
- OxBlog
- et bien sûr Andrew Sullivan (pratiquement sans interruption depuis dimanche): il fut le héros de son adolescence.

Vers une nouvelle étape du droit international

A chaque grand conflit a correspondu une étape de l'organisation internationale de la construction d'un droit international, qu'il s'agisse du Congrès de Vienne après les guerres napoléoniennes, de la première Convention de Genève (création de la Croix-Rouge) après la guerre de 1870, de la conférence de Versailles après la première guerre mondiale ou des conférences de San Francisco (ONU) et Bretton Woods (Banque Mondiale et FMI) après la seconde. Certaines ont eu des résultats plus heureux que d'autres... Et l'immobilisme de l'ordre international après l'achèvement de la guerre froide (à part la tentative de la Conférence de Madrid) est probablement l'exception qui confirme la règle: on en paie le prix aujourd'hui!

La guerre multiforme lancée par l'islamofascisme appellera inévitablement le monde à en tirer les conséquences après la victoire, qu'il s'agisse de la paralysie dans laquelle s'est trouvée l'ONU (sans parler de sa mauvaise gestion désormais manifeste, d'opérations de maintien de la paix désastreuses en corruption sur une large échelle révélée par le programme Pétrole contre nourriture en Irak) ou de l'inadaptation des Conventions de Genève telles qu'elles ont été revues après la seconde guerre mondiale à la réalité des conflits modernes. Il faut à cet égard savoir dépasser les péripéties: l'éditorial du Wall Street Journal critiquant l'attitude opportuniste et contraire à ses principes du CICR, que j'avais signalé précédemment, est un signal qui n'est pas simplement annulé, comme le croit Le Temps d'aujourd'hui, par une tribune inverse du sénateur John McCain louant le rôle des Conventions de Genève dans la protection des soldats américains. Les deux thèses ne s'excluent nullement.

Non, il faut voir plus haut et plus loin, sans s'effaroucher comme le fait Jakob Kellenberger, le président du CICR: il est le serviteur de Conventions de Genève qui ont évolué et évolueront encore, de la même manière que Kofi Annan est le serviteur de l'ONU et non son maître à penser. Mais c'est une tentation universelle des fonctionnaires d'abord de s'accrocher à l'acquis et ensuite de se croire plus légitimes que les politiques...

Sur le droit humanitaire, le professeur Alan Dershowitz, un juriste de Harvard, n'envoie pas dire ce qu'il pense. Son constat: les dispositions destinées à protéger les civils se retournent désormais contre eux. Ses propositions sont peut-être excessives car en réalité les terroristes ne détournent pas le droit humanitaire, ils le violent -- mais la démonstration est moins frappante que l'émotion naïve des belles âmes lorsque des civils utilisés comme boucliers par des terroristes sont victimes d'opérations militaires légitimes dirigées contre ceux-ci.

6.6.04

Francophobie

Je ne pleure pas vraiment la disparition du blog MerdeInFrance (son auteur se replie sur ¡No Pasaran!), dont la vulgarité sans humour ni finesse -- ou est-ce moi qui ne comprends pas que c'est une parodie de l'esprit beaufr' franchouillard / American redneck? -- excédait largement les quelques informations intéressantes qu'on pouvait y trouver. Il aura raté l'occasion d'étendre sa hargne à toute la francophonie, avec la triste mais passionnante page d'histoire canadienne présentée par Laurent sur Embruns (le blog le plus beau, et celui qui a l'index le plus complet) à propos de l'attitude du Québec dans la seconde guerre mondiale.

5.6.04

Un discours remarquable de Bush (ter)

Eh oui, encore!

Je ne lis qu'avec retard le discours à une promotion d'école militaire par lequel le président Bush a réaffirmé, le 2 juin, la stratégie qu'il poursuit depuis le 11 septembre 2001. Il confirme ce qui font ses qualités éminemment politiques de résolution, de continuité et de ténacité (depuis qu'il a jeté par-dessus bord -- ce dont ses critiques négligent évidemment de le féliciter -- l'approche isolationniste et unilatéraliste sur laquelle, ironie de l'histoire, il s'est fait élire). Je concède volontiers aux "bushophobes" que, politiquement, la force de conviction d'un Blair ou la spontanéité magnétique d'un Clinton ne sont pas son fort [j'aurais évidemment été à tous égards mieux inspiré de citer Reagan!]; je suis sans vraie attente à son égard, pour un peu j'attends le moment où il me décevra. C'est dire combien je suis à chaque fois soulagé de le voir ne pas faiblir, tenir le bon cap et -- trop rarement, ce qui est un défaut crucial dans la bataille des idées -- l'exprimer avec force et clarté (c'est sans doute l'attitude d'"extrémisme intellectuel" qui m'est reprochée par un lecteur anonyme dans un commentaire).

Les élites francophones (ou "vieille-europe") sourient narquoisement à tout parallèle entre la seconde guerre mondiale et l'intervention en Irak. Mais le propos de Bush est à la fois plus ample et plus subtil: la lutte contre l'idéologie totalitaire islamofasciste (il n'utilise pas le terme) s'inscrit dans le combat démocratique de tout le siècle dernier pour la liberté contre les totalitarismes fasciste et communiste, défaits respectivement en 1945 et en 1989. Et il y a bien sûr des différences:

"The terrorists of our day are, in some ways, unlike the enemies of the past. The terrorist ideology has not yet taken control of a great power like Germany or the Soviet Union. And so the terrorists have adopted a strategy different from the gathering of vast and standing armies. They seek, instead, to demoralize free nations with dramatic acts of murder. They seek to wear down our resolve and will by killing the innocent and spreading fear and anarchy. And they seek weapons of mass destruction, so they can threaten or attack even the most powerful nations.

Fighting this kind of enemy is a complex mission that will require all your skill and resourcefulness. Our enemies have no capital or nation-state to defend. They share a vision and operate as a network of dozens of violent extremist groups around the world, striking separately and in concert. Al Qaeda is the vanguard of these loosely affiliated groups, and we estimate that over the years many thousands of recruits have passed through its training camps. Al Qaeda has been wounded by losing nearly two-thirds of its known leadership, and most of its important sanctuaries. Yet many of the terrorists it trained are still active in hidden cells or in other groups. Home-grown extremists, incited by al Qaeda's example, are at work in many nations."


Et c'est sur le rôle crucial joué par l'Europe dans la guerre froide (plutôt que dans la seconde guerre mondiale) que Bush s'appuie pour définir le Moyen-Orient comme le centre du conflit actuel: qu'il soit abandonné aux dictateurs et aux terroristes ou au contraire qu'il fasse place à la démocratie et à la prospérité fera toute la différence.

Au passage, Bush n'omet pas de marquer les nuances; ce n'est pas l'Islam qui est en cause, ce n'est pas une lutte entre des civilisations mais entre des visions politiques:

"This is the great challenge of our time, the storm in which we fly. History is once again witnessing a great clash. This is not a clash of civilizations. The civilization of Islam, with its humane traditions of learning and tolerance, has no place for this violent sect of killers and aspiring tyrants. This is not a clash of religions. The faith of Islam teaches moral responsibility that enobles men and women, and forbids the shedding of innocent blood. Instead, this is a clash of political visions.

In the terrorists' vision of the world, the Middle East must fall under the rule of radical governments, moderate Arab states must be overthrown, nonbelievers must be expelled from Muslim lands, and the harshest practice of extremist rule must be universally enforced. In this vision, books are burned, terrorists are sheltered, women are whipped, and children are schooled in hatred and murder and suicide.

Our vision is completely different. We believe that every person has a right to think and pray and live in obedience to God and conscience, not in frightened submission to despots. (Applause.) We believe that societies find their greatness by encouraging the creative gifts of their people, not in controlling their lives and feeding their resentments. And we have confidence that people share this vision of dignity and freedom in every culture because liberty is not the invention of Western culture, liberty is the deepest need and hope of all humanity. The vast majority of men and women in Muslim societies reject the domination of extremists like Osama bin Laden. They're looking to the world's free nations to support them in their struggle against the violent minority who want to impose a future of darkness across the Middle East. We will not abandon them to the designs of evil men. We will stand with the people of that region as they seek their future in freedom."


Et Bush de formuler les quatre piliers de sa stratégie:

1) Mener sans relâche l'offensive pour neutraliser les terroristes par tous les moyens civils et militaires.

2) Travailler à retirer aux terroristes tout sanctuaire
-- en aidant les pays dont les gouvernements ont perdu le contrôle d'une partie de leur territoire
-- en ramenant au sein de la communauté internationale des Etats qui l'avaient quittée (comme la Lybie)
-- en tenant les Etats qui ne les combattraient pas pour responsable des actes des terroristes qu'ils abriteraient.

3) Renforcer sur le plan international la lutte contre la dissémination des capacités de créer des armes de destructions massives (atomiques, biologiques, chimiques).

4) Mener aussi le combat idéologique contre le terrorisme en lui retirant la frustration dont il nourrit son discours en soutenant la lutte multiforme et de longue haleine pour la liberté et la démocratie dans le Grand Moyen Orient:

"Fighting terror is not just a matter of killing or capturing terrorists. To stop the flow of recruits into terrorist movement, young people in the region must see a real and hopeful alternative -- a society that rewards their talent and turns their energies to constructive purpose. And here the vision of freedom has great advantages. Terrorists incite young men and women to strap bombs on their bodies and dedicate their deaths to the death of others. Free societies inspire young men and women to work, and achieve, and dedicate their lives to the life of their country. And in the long run, I have great faith that the appeal of freedom and life is stronger than the lure of hatred and death.

Freedom's advance in the Middle East will have another very practical effect. The terrorist movement feeds on the appearance of inevitability. It claims to rise on the currents of history, using past America withdrawals from Somalia and Beirut to sustain this myth and to gain new followers. The success of free and stable governments in Afghanistan and Iraq and elsewhere will shatter the myth and discredit the radicals. (Applause.) And as the entire region sees the promise of freedom in its midst, the terrorist ideology will become more and more irrelevant, until that day when it is viewed with contempt or ignored altogether. (Applause.)

For decades, free nations tolerated oppression in the Middle East for the sake of stability. In practice, this approach brought little stability, and much oppression. So I have changed this policy. In the short-term, we will work with every government in the Middle East dedicated to destroying the terrorist networks. In the longer-term, we will expect a higher standard of reform and democracy from our friends in the region. (Applause.) Democracy and reform will make those nations stronger and more stable, and make the world more secure by undermining terrorism at it source. Democratic institutions in the Middle East will not grow overnight; in America, they grew over generations. Yet the nations of the Middle East will find, as we have found, the only path to true progress is the path of freedom and justice and democracy.


Bush conclut en rappelant et le sérieux de l'engagement américain (des élections libres en Irak en 2005 sont ce que les terroristes ont le plus à craindre) et l'étendue nécessaire de celui-ci, qui va bien au-delà de l'Irak:

"As we fight the war on terror in Iraq and on other fronts, we must keep in mind the nature of the enemy. No act of America explains terrorist violence, and no concession of America could appease it. The terrorists who attacked our country on September the 11th, 2001 were not protesting our policies. They were protesting our existence. Some say that by fighting the terrorists abroad since September the 11th, we only stir up a hornet's nest. But the terrorists who struck that day were stirred up already. If America were not fighting terrorists in Iraq, and Afghanistan, and elsewhere, what would these thousands of killers do, suddenly begin leading productive lives of service and charity? Would the terrorists who beheaded an American on camera just be quiet, peaceful citizens if America had not liberated Iraq? We are dealing here with killers who have made the death of Americans the calling of their lives. And America has made a decision about these terrorists: Instead of waiting for them to strike again in our midst, we will take this fight to the enemy.

We are confident of our cause in Iraq, but the struggle we have entered will not end with success in Iraq. Overcoming terrorism, and bringing greater freedom to the nations of the Middle East, is the work of decades. To prevail, America will need the swift and able transformed military you will help to build and lead. America will need a generation of Arab linguists, and experts on Middle Eastern history and culture. America will need improved intelligence capabilities to track threats and expose the plans of unseen enemies.

Above all, America will need perseverance. This conflict will take many turns, with setbacks on the course to victory. Through it all, our confidence comes from one unshakable belief: We believe, in Ronald Reagan's words, that
'the future belongs to the free'. And we've seen the appeal of liberty with our own eyes. We have seen freedom firmly established in former enemies like Japan and Germany. We have seen freedom arrive, on waves of unstoppable progress, to nations in Latin America, and Asia, and Africa, and Eastern Europe. Now freedom is stirring in the Middle East, and no one should bet against it.

In the years immediately after World War II ended, our nation faced more adversity and danger with the rise of imperial communism. In 1947, communist forces were pressing a civil war in Greece, and threatening Turkey. More than two years after the Nazi surrender, there was still starvation in Germany, reconstruction seemed to be faltering, and the Marshall Plan had not yet begun. In 1948, Berlin was blockaded on the orders of Josef Stalin. In 1949, the Soviet Union exploded a nuclear weapon, and communists in China won their revolution.

All of this took place in the first four years of the Cold War. If that generation of Americans had lost its nerve, there would have been no
'long twilight struggle', only a long twilight. But the United States and our allies kept faith with captive peoples, and stayed true to the vision of a democratic Europe. And that perseverance gave all the world a lesson in the power of liberty.

We are now about three years into the war against terrorism. We have overcome great challenges, we face many today, and there are more ahead. This is no time for impatience and self-defeating pessimism. These times demand the kind of courage and confidence that Americans have shown before. Our enemy can only succeed if we lose our will and faith in our own values. And ladies and gentlemen, our will is strong. We know our duty. By keeping our word, and holding firm to our values, this generation will show the world the power of liberty once again."


Comme de juste, on n'aura lu sur ce discours qu'un paragraphe dans Le Monde du 4 juin, et rien dans Le Temps: c'est plus facile pour dénoncer ensuite un bourbier sans stratégie...

Le mariage selon Léon Blum

Je connaissais l'ouvrage et sa thèse mais ne l'avais jamais lu; en ces temps de mariage gay, Joëlle Kuntz l'a fait et en rend compte dans Le Temps: un délice!

Du Mariage a été publié par Léon Blum en 1907 à l'âge de 35 ans. Deux extraits:

"L'homme et la femme sont d'abord polygames puis, dans l'immense majorité des cas, parvenus à un certain degré de leur développement et de leur âge, on les voit tendre et s'achever vers la monogamie. Les unions précaires et changeantes correspondent au premier état; le mariage est la forme naturelle du second."

"On choisira librement les formes de la maternité, on en choisira le moment. On choisira l'homme avec qui l'on préfère avoir des enfants, et qui quelquefois ne sera ni l'amant qu'on aura le plus aimé, ni le mari avec qui l'on veut finir sa vie".


On trouve aujourd'hui des échos de cette pensée libertaire chez un Robert Badinter, qui défend par exemple le doit individuel et sans entrave à l'insémination artificielle.

Pas d'allusion au mariage gay chez Blum, pourtant. Mais comme l'écrit Joëlle Kuntz:

"En 1907, dans un monde mutant et rugissant, Léon Blum proclame le droit au bonheur dans la liberté. Cent ans plus tard, son mariage a gagné des parts de marché et son idée d''alliance' a si bien pénétré qu'elle ne nécessite même plus une différence des sexes mariés."

4.6.04

25 à 0

C'est le score de la loi fédérale sur le partenariat enregistré pour les couples de même sexe (selon le texte allemand, je me demande bien pourquoi la version française prétend ignorer la notion de couple et parle de "partenariat enregistré entre personnes le même sexe", comme si leur nombre n'était pas limité!) à la chambre haute du parlement helvétique, après son approbation par la chambre basse en décembre. Quelques divergences entre les deux Conseils pourraient être applanies encore cette session, ce qui gagnerait un peu de temps pour la suite:
-- la récolte de 50'000 signatures par les milieux fondamentalistes pour que la loi fasse l'objet d'un référendum;
-- la campagne qu'il faudra mener;
-- la votation populaire.

On peut lire le texte intégral du débat sur le site du parlement.

3.6.04

Deux tours en un

Je connais l'élection majoritaire à deux tours surtout par le cas français: la présidentielle, où s'affrontent 15 jours plus tard les deux candidats arrivés en tête du premier tour si personne n'a réuni plus de 50% des voix, et l'élection par circonscription des députés à l'Assemblée nationale (où les conditions d'accès aux deuxième tour sont plus larges et peuvent donc impliquer plus de deux personnes, avec les effets de bascule que cela suppose.

Il y a 4 ans, lorsque l'événement s'est produit pour la première fois, j'avais renoncé à comprendre ce qui me semblait l'extrême complexité d'un système qui, croyais-je, prétendait élire une seule personne, le maire de Londres, au scrutin proportionnel! Vu de près (on vote le 10 juin), la chose est plus simple, mais tout de même originale: c'est un système de majoritaire à deux tours, mais à jouer de manière hypothétique car tout se fait sur le même bulletin.

Celui-ci comporte la liste de tous les candidats (il y en a 12) avec deux colonnes dans lesquelles il faut marquer une croix: la première préférence et la seconde préférence (facultative, mais obligatoirement différente de la première). Si personne n'est élu en recueillant plus de 50% de "premières préférences", on ajoute aux suffrages des deux candidats arrivés en tête les "secondes préférences" qu'ils ont recueillies parmi les électeurs des candidats éliminés pour proclamer élu celui qui réunit le total le plus élevé.

Tactiquement, c'est un peu plus cérébral que le système de l'élection présidentielle française, où l'on sait vraiment qui sont les deux candidats qui restent: Chirac / Le Pen et pas Chirac / Jospin. Mais c'est en tout cas moins dramatique: Le Pen n'aurait certes arithmétiquement pas pu avoir au total un pourcentage de voix inférieur à son résultat du premier tour (comme cela s'est trouvé), mais Chirac n'aurait pas fait une élection de maréchal en trompe-l'oeil: il aurait seulement ajouté à ses quelque 20% des voix les "secondes préférences" glânées sur des bulletins pour Bayrou, Madelin, Mégret, Lepage, principalement.

Ou ce système aurait-il même permis à Jospin d'arriver parmi les deux premiers? Car il me semble qu'il souligne davantage pour l'électeur le but final: choisir l'élu. Ceux qui ont simplement voulu se faire plaisir (ou donner une tape d'encouragement) en votant pour Mamère ou le mignon Besancenot pouvaient le faire par leur seconde préférence...

2.6.04

Du ghetto de Varsovie à l'Irak via l'Australie

Arthur Chrenkoff traduit et présente en anglais, sur son blog, une interview publiée dans sa Pologne natale: Marek Edelmann, dernier survivant parmi les combattants du soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943. Il a continué d'être de tous les bons combats: Solidarnosc, la Bosnie... aujourd'hui c'est l'Irak, car comme il le dit "la lutte contre le fascisme est notre affaire".

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