19.12.04
Nouvelle adresse: http://swissroll.info/
Il y avait une explication à l'accalmie sur ce blog: nous déménagions! Ce n'est pas encore fini, mais retrouvez Un swissroll dorénavant, dans ses meubles, à swissroll.info!
16.12.04
Temps de travail
Permettre à tous d'accéder à l'autonomie financière et à l'activité économique... Mais ne pas perdre sa vie à la gagner... Et tenir compte de trois changements majeurs: 1) le pluralisme des aspirations individuelles, 2) l'allongement de la vie en bonne santé, et 3) la discontinuité de son déroulement , entre famille recomposée, congé sabbatique, retour aux études et changement d'activité (et d'abord pourquoi cesser totalement de travailler?!)...
Bref, c'est un sujet passionnant, je ne crois pas non plus être encore arrivé à placer sur ce blog un autre de mes dadas qui n'est pas sans rapport, l'allocation universelle (basic income), mais je n'ai pas le temps de m'y atteler en ce moment et deux blogueurs ont commencé à en poser les termes de manière prometteuse; je me contente donc de vous y renvoyer (et je compléterai ultérieurement ce billet avec les suites qu'ils annoncent):
Bref, c'est un sujet passionnant, je ne crois pas non plus être encore arrivé à placer sur ce blog un autre de mes dadas qui n'est pas sans rapport, l'allocation universelle (basic income), mais je n'ai pas le temps de m'y atteler en ce moment et deux blogueurs ont commencé à en poser les termes de manière prometteuse; je me contente donc de vous y renvoyer (et je compléterai ultérieurement ce billet avec les suites qu'ils annoncent):
- Emmanuel, de Ceteris Paribus (avec un prologue ici),
- Alexandre Delaigue, l'Econoclaste.
15.12.04
Un, dix, cent Hirschhorn...
En Suisse, la polémique sur la liberté d'expression artistique fait rage autour de l'exposition "Swiss-Swiss Democracy" de Thomas Hirschhorn au Centre culturel suisse de Poussepin (Paris) et des représailles de la droite parlementaire qui veut couper dans le budget de la Fondation Pro Helvetia.
L'Irak est maintenant libre de découvrir l'art iconoclaste, ou simplement critique. Cette statue de Saddam Hussein par Zerak Mera, en souliers militaires (ce qui a un contenu particulièrement fort dans la culture arabe), est le symbole retenu par les blogueurs réunis sous la fière étiquette de Pajamahdeen (moudjahidins en pyjama) pour faire appel à la générosité de leurs lecteurs en faveur d'un projet d'hébergement gratuit et d'outil d'édition à l'intention des blogueurs en langue arabe. Par avance merci de votre don -- c'est le dernier jour!
COMPLEMENT DE 19H30: Si cela peut vous rassurer, votre don reste entièrement anonyme vis-à-vis de moi: je ne saurai ni qui a donné, ni combien... Donnez donc 5, 10 ou 50 ou 500 $ -- votre générosité profite de la faiblesse du dollar!
L'Irak est maintenant libre de découvrir l'art iconoclaste, ou simplement critique. Cette statue de Saddam Hussein par Zerak Mera, en souliers militaires (ce qui a un contenu particulièrement fort dans la culture arabe), est le symbole retenu par les blogueurs réunis sous la fière étiquette de Pajamahdeen (moudjahidins en pyjama) pour faire appel à la générosité de leurs lecteurs en faveur d'un projet d'hébergement gratuit et d'outil d'édition à l'intention des blogueurs en langue arabe. Par avance merci de votre don -- c'est le dernier jour!
COMPLEMENT DE 19H30: Si cela peut vous rassurer, votre don reste entièrement anonyme vis-à-vis de moi: je ne saurai ni qui a donné, ni combien... Donnez donc 5, 10 ou 50 ou 500 $ -- votre générosité profite de la faiblesse du dollar!
14.12.04
Omar c'est Marat
Il vous reste un peu plus de 24 heures (compte tenu du décalage horaire) pour participer à la compétition des blogs qui auront réunis les souscriptions les plus généreuses pour des projets humanitaires et de développement initiés en Irak et en Afghanistan. Plus spécifiquement, Un swissroll vous invite à contribuer par votre don, quel qu'en soit le montant, à la mise à disposition d'un hébergement gratuit et d'un outil d'édition de blogs en langue arabe pour répondre à un besoin d'expression et de débat qui est criant. Les blogs jouent aujourd'hui le rôle des gazettes au temps de la Révolution française: Iraq The Model c'est L'Ami du Peuple, Omar et ses frères c'est Marat.
Si vous n'êtes pas encore convaincu, permettez-moi de tenter d'autres arguments:
Si vous n'êtes pas encore convaincu, permettez-moi de tenter d'autres arguments:
- Vous étiez, vous êtes toujours vigoureusement opposé à l'intervention militaire en Irak, vous haïssez peut-être le président Bush? Mais vous n'en êtes pas moins viscéralement opposé au totalitarisme, qu'il prenne la forme d'une dictature corrompue ou d'un théocratie fanatique. Démarquez-vous d'une dangereuse complaisance à l'égard de ceux qui sabotent aujourd'hui les futures élections en Irak comme ils ont tenté, en vain, de saboter celle qui vient d'avoir lieu en Afghanistan: manifestez par un acte que vous êtes plus proche de la gauche internationaliste que de la gauche protectionniste. Le blog est l'instrument de la liberté, de la contradiction, pas de la propagande américaine: lisez Riverbend ou Zeyad pour vous en convaincre.
- Faites d'une pierre deux coups: versez un don et présentez-le comme un cadeau de Noël original et "politiquement correct" (ou non!) à l'un de vos proches...
- Et si seul un appel plus trivial peut vous motiver: j'apprends aujourd'hui que je gagne un T-Shirt si nous recueillons une somme suffisante...
A lire
Du passé au présent, de l'Europe à l'Afghanistan en passant par l'Australie: Arthur Chrenkoff a une série de billets qui valent le détour:
- ses souvenirs (il avait 9 ans et demi), de la loi martiale proclamée en Pologne par le général Jaruzelski le 13 décembre 1981;
- son commentaire de ce sondage selon lequel 51% des Allemands estiment qu'il n'y a guère de différence entre ce qu'Israël fait subir aux Palestiniens et ce que les Nazis ont fait subir aux Juifs;
- fort heureusement il y a aussi les bonnes nouvelles d'Afghanistan (7)!
Le blog de Ludovic Monnerat
Les lecteurs réguliers de ce blog connaissent Ludovic Monnerat, officier de l'armée suisse qui anime le site d'analyse stratégique CheckPoint et que l'on retrouve également dans les médias. Eh bien il vient de franchir le pas: son blog s'est ouvert aujourd'hui! Au menu: stratégie, prospective et infosphère.
13.12.04
La gauche, la droite et l'intervention en Irak
Sur le blog collectif de gauche Harry's Place (qui soutient l'intervention en Irak), Gene commente un récent billet d'Omar de Iraq The Model qui raconte sa confusion, lorsque leur blog s'est fait connaître, sur les notions de gauche et de droite par rapport à son pays: les blogs qui faisaient un lien, les visiteurs qui affluaient et les internautes qui commentaient semblaient venir uniquement de la droite! Où était la gauche internationaliste et démocratique?
Et c'est vrai que le réalignement opéré par l'intervention créé des confusions. Lorsque nous avons virtuellement fait connaissance, Emmanuel de Ceteris Paribus m'écrivait: "Certes nous ne sommes pas du même bord, mais...". Sur quoi j'ai répliqué: "Ah bon? Il faudra que je te lise plus attentivement: je croyais que tu étais aussi de gauche" pour qu'il fasse la distinction entre notre désaccord sur l'intervention (voir en particulier les commentaires à la suite de ce billet) et un positionnement idéologique plus général.
C'était en particulier cette difficulté, à gauche, à assumer de se trouver en face de mêmes adversaires que la droite (au point d'en perdre de vue que, par ses origines, la gauche devrait en réalité avoir davantage de titre à se mobiliser contre l'oppression) qui avait conduit, en réponse aux appels de la Charte 77 de Vaclav Havel puis de Solidarnosc, à la création en Suisse d'un comité dont j'étais, rassemblant spécifiquement des socialistes, des trotskystes et des indépendants de gauche pour manifester notre solidarité active avec les opposants des pays de l'Est; il a fêté sa dissolution 14 ans plus tard, en 1991. Sur l'Irak et les suites du 11 septembre 2001, toutefois, il n'y a même pas matière à comité face à la pensée unique antiaméricaine et défaitiste qui, dans la "Vieille Europe", réunit la gauche et la plus grande partie de la droite (sans créer de malaise cette fois): il m'a fallu la blogosphère pour découvrir ces autres voix dissidentes de gauche que sont Oliver Kamm, Norman Geras ou Harry's Place en Grande-Bretagne, Frederick en Suède, Jeff Jarvis ou Roger L. Simon aux Etats-Unis. Et cela m'a bien sûr confirmé dans la constatation qu'il y a aussi des esprits humains, ouverts et généreux à droite (Arthur Chrenkoff pour n'en citer qu'un).
Il y a en réalité au moins quatre camps, dorénavant:
La droite souverainiste et la gauche protectionniste s'abritent ensemble derrière une approche pusillanime tournée vers l'intérieur et le court terme, mythifiant le "droit international" (qui est un domaine d'analyse, par un code édicté, contrôlé et sanctionné) et privilégiant en toutes circonstances le statu quo: ce sont les nouveaux conservateurs. La droite interventionniste et la gauche internationaliste se retrouvent désormais unis pour s'attaquer à long terme aux "causes profondes" des conflits et du terrorisme, en soutenant activement les forces démocratiques et le développement d'une économie de marché dans le tiers-monde: ce sont les nouveaux progressistes. Quelle époque!
COMPLEMENT DE 17H: Les grands esprits... Arthur Chrenkoff (qui me fait l'honneur d'une citation) avait un billet voisin tout récemment!
Et c'est vrai que le réalignement opéré par l'intervention créé des confusions. Lorsque nous avons virtuellement fait connaissance, Emmanuel de Ceteris Paribus m'écrivait: "Certes nous ne sommes pas du même bord, mais...". Sur quoi j'ai répliqué: "Ah bon? Il faudra que je te lise plus attentivement: je croyais que tu étais aussi de gauche" pour qu'il fasse la distinction entre notre désaccord sur l'intervention (voir en particulier les commentaires à la suite de ce billet) et un positionnement idéologique plus général.
C'était en particulier cette difficulté, à gauche, à assumer de se trouver en face de mêmes adversaires que la droite (au point d'en perdre de vue que, par ses origines, la gauche devrait en réalité avoir davantage de titre à se mobiliser contre l'oppression) qui avait conduit, en réponse aux appels de la Charte 77 de Vaclav Havel puis de Solidarnosc, à la création en Suisse d'un comité dont j'étais, rassemblant spécifiquement des socialistes, des trotskystes et des indépendants de gauche pour manifester notre solidarité active avec les opposants des pays de l'Est; il a fêté sa dissolution 14 ans plus tard, en 1991. Sur l'Irak et les suites du 11 septembre 2001, toutefois, il n'y a même pas matière à comité face à la pensée unique antiaméricaine et défaitiste qui, dans la "Vieille Europe", réunit la gauche et la plus grande partie de la droite (sans créer de malaise cette fois): il m'a fallu la blogosphère pour découvrir ces autres voix dissidentes de gauche que sont Oliver Kamm, Norman Geras ou Harry's Place en Grande-Bretagne, Frederick en Suède, Jeff Jarvis ou Roger L. Simon aux Etats-Unis. Et cela m'a bien sûr confirmé dans la constatation qu'il y a aussi des esprits humains, ouverts et généreux à droite (Arthur Chrenkoff pour n'en citer qu'un).
Il y a en réalité au moins quatre camps, dorénavant:
- la droite interventionniste (celle de Bush, Aznar, Howard l'Australien, qui en France n'est guère représentée que par Madelin, Pierre Lellouche, et peut-être Sarkozy -- et en Suisse par personne, pratiquement);
- la droite souverainiste voire isolationniste (celle de Chirac, minoritaire en Grande-Bretagne mais personnifiée notamment par les anciens ministres des affaires étrangères conservateurs et l'establishment diplomatique, qui aux Etats-Unis est occultée par Bush mais n'en existe pas moins);
- la gauche protectionniste de ses acquis, antiaméricaine et "culturaliste", qui en oublie ses racines de solidarité et d'universalité du combat démocratique;
- la gauche internationaliste (le parti travailliste britannique emmené par Blair, contre une partie de sa base même, mais en conformité avec une tradition honorable qui l'avait aussi conduit à combattre le stalinisme dès le début de la guerre froide, et des individualités telles que Kouchner et quelques intellectuels en France et ailleurs).
La droite souverainiste et la gauche protectionniste s'abritent ensemble derrière une approche pusillanime tournée vers l'intérieur et le court terme, mythifiant le "droit international" (qui est un domaine d'analyse, par un code édicté, contrôlé et sanctionné) et privilégiant en toutes circonstances le statu quo: ce sont les nouveaux conservateurs. La droite interventionniste et la gauche internationaliste se retrouvent désormais unis pour s'attaquer à long terme aux "causes profondes" des conflits et du terrorisme, en soutenant activement les forces démocratiques et le développement d'une économie de marché dans le tiers-monde: ce sont les nouveaux progressistes. Quelle époque!
COMPLEMENT DE 17H: Les grands esprits... Arthur Chrenkoff (qui me fait l'honneur d'une citation) avait un billet voisin tout récemment!
12.12.04
Le blog fait la Une
Celle de Libération de ce week-end: un copieux dossier dont les différents éléments sont en ligne.
C'est peut-être l'occasion aussi de signaler à ceux qui apprécient -- notamment -- ce blog qu'un First European Weblog Award est organisé par A Fistful of Euros, avec en particulier une catégorie Best French Weblog: n'hésitez pas à recommander vos blogs favoris!... [Complément de 15h30: une lecture plus attentive -- ou les organisateurs ont-ils précisé leurs règles? -- restreint cette catégorie aux blogs "de France" (merci quand même à ceux qui nous avaient "nominés" avant même ce billet!). Il ne me reste plus qu'à suggérer de vous rabattre sur les catégories Satin Pajama Award for Best European Weblog ou Best Political Weblog; mais c'est franchement gonflé et peut-être devrions-nous plutôt viser (combinant fausse modestie et prétention) la catégorie du Most Underappreciated Weblog...]
D'autres ne connaissent pas encore le fun, l'intérêt voire la force militante du blog (dont témoignent par exemple les blogueurs Iraniens victimes de la répression): alors faites un don pour le projet soutenu par Un swissroll dans le cadre du Friends of Iraq Blogger Challenge. Il s'agit de développer et mettre à disposition un hébergement gratuit et un outil en langue arabe pour tous les blogueurs potentiels qui ne demandent qu'à l'utiliser. [Complément de 21h30: lisez ce billet de Jeff Jarvis (et ceux cités ou qui précèdent immédiatement) sur les déclations d'Omar d' Iraq The Model et de l'Iranien "Hoder" Hossein Derakshshan aux Etats-Unis: émouvant et enthousiasmant.]
A ce jour, le Blogger Challenge a déjà réuni plus de 61'000 dollars. Dans la "compétition", l'équipe de blogs dont fait partie Jeff Jarvis et Un swissroll est la première avec un projet dédié, avec déjà plus de 1000 dollars (les autres laissent Spirit of America libre d'attribuer les fonds récoltés, cette organisation remarquable a d'ailleurs bien d'autres excellents projets en cours) . Le challenge prend fin le 15 décembre: c'est à vous!
C'est peut-être l'occasion aussi de signaler à ceux qui apprécient -- notamment -- ce blog qu'un First European Weblog Award est organisé par A Fistful of Euros, avec en particulier une catégorie Best French Weblog: n'hésitez pas à recommander vos blogs favoris!... [Complément de 15h30: une lecture plus attentive -- ou les organisateurs ont-ils précisé leurs règles? -- restreint cette catégorie aux blogs "de France" (merci quand même à ceux qui nous avaient "nominés" avant même ce billet!). Il ne me reste plus qu'à suggérer de vous rabattre sur les catégories Satin Pajama Award for Best European Weblog ou Best Political Weblog; mais c'est franchement gonflé et peut-être devrions-nous plutôt viser (combinant fausse modestie et prétention) la catégorie du Most Underappreciated Weblog...]
D'autres ne connaissent pas encore le fun, l'intérêt voire la force militante du blog (dont témoignent par exemple les blogueurs Iraniens victimes de la répression): alors faites un don pour le projet soutenu par Un swissroll dans le cadre du Friends of Iraq Blogger Challenge. Il s'agit de développer et mettre à disposition un hébergement gratuit et un outil en langue arabe pour tous les blogueurs potentiels qui ne demandent qu'à l'utiliser. [Complément de 21h30: lisez ce billet de Jeff Jarvis (et ceux cités ou qui précèdent immédiatement) sur les déclations d'Omar d' Iraq The Model et de l'Iranien "Hoder" Hossein Derakshshan aux Etats-Unis: émouvant et enthousiasmant.]
A ce jour, le Blogger Challenge a déjà réuni plus de 61'000 dollars. Dans la "compétition", l'équipe de blogs dont fait partie Jeff Jarvis et Un swissroll est la première avec un projet dédié, avec déjà plus de 1000 dollars (les autres laissent Spirit of America libre d'attribuer les fonds récoltés, cette organisation remarquable a d'ailleurs bien d'autres excellents projets en cours) . Le challenge prend fin le 15 décembre: c'est à vous!
10.12.04
Les dessous de la révolution démocratique non-violente
Sous le titre L'Internationale secrète qui ébranle les dictatures de l'Est (PDF), une passionnante enquête d'un dénommé Laurent Rouy est publiée par le quotidien Le Temps: courez-y, moi je viens de la lire sur mon PalmOne Tréo 600 dans l'édition mobile (pour AvantGo, mais personnellement j'utilise Plucker / JPluck X).
Il y a tous les ingrédients d'un conte de fées: un vieux sage qui a correspondu avec Einstein, de belles jeunes filles, des militants romantiques mais pragmatiques, du drame, de l'espoir... Il ne manque qu'une référence à Saul Alinsky à cette saga née de l'alliance entre Solidarnosc, le mouvement étudiant serbe, George Soros et l'Amérique (guère de mention de l'Europe occidentale, hélas) qui se déploie actuellement en Ukraine, après la Géorgie -- et avant l'Iran?
Je vous laisse, mon bus arrive à destination. Vive Vagablog!
Il y a tous les ingrédients d'un conte de fées: un vieux sage qui a correspondu avec Einstein, de belles jeunes filles, des militants romantiques mais pragmatiques, du drame, de l'espoir... Il ne manque qu'une référence à Saul Alinsky à cette saga née de l'alliance entre Solidarnosc, le mouvement étudiant serbe, George Soros et l'Amérique (guère de mention de l'Europe occidentale, hélas) qui se déploie actuellement en Ukraine, après la Géorgie -- et avant l'Iran?
Je vous laisse, mon bus arrive à destination. Vive Vagablog!
9.12.04
«Parle avec lui»
Titre facile, et en réalité particulièrement inapproprié, mais tout de même plus allusif que l'affichette du Matin en vue aujourd'hui dans toute la Suisse romande (que Guillaume Barry se fait un devoir de me signaler en imaginant les questions dans les familles: il n'y a décidément plus d'enfance). La Grande-Bretagne, qui a davantage que la Suisse une tradition humoristique n'hésitant pas à mêler le grave et le graveleux, en ferait ses choux gras. Mais c'est bien le genre d'info qui peut faire le tour du monde : sera-t-elle déjà vendredi au News Quiz de BBC Radio4?
Passé le temps de la franche rigolade ou de la commisération amusée (tant cet épisode est le revers hors norme de fantasmes communs), le pisse-froid de service se doit de souligner que les abus sexuels dans les établissements hospitaliers sont une réalité endémique (à basse intensité, quand même). Mais les situations, bien plus fréquentes, d'actes (hétéro)sexuels sur des patientes se prêtent moins à la médiatisation populiste -- et quand ça arrive, c'est alors vraiment sur le registre de la peur. Pour un cas où la victime sous anesthésie se réveille trop vite...
Si j’en crois un vieux feuilleton d'été du Monde, Harmonie ou les horreurs de la guerre, de Jean Freustié, où une équipe médicale est confrontée au phénomène, la narcose n’est pas moins propice que le sommeil naturel à l’érection; j’ignore si la scène figure dans le film qui en a été tiré, selon la recherche que je viens de faire (avec Alain Delon, mais pas comme patient!). Et j’ai un autre souvenir hospitalier, celui d’un réveil matinal douloureux alors que j’étais équipé, si c’est le mot qui convient, d’une sonde urinaire, qui témoigne (pour apporter un élément de réponse à une question que Guillaume Barry ne doit pas être le seul à se poser) que l’éjaculation reste possible dans les situations les plus inattendues -- c’est d’ailleurs une fantaisie qui a ses amateurs, apparemment, mais pas de ceci sur ce blog, tout de même.
Certains trouveront l'affirmation du patient qu’une telle expérience aurait pu détruire sa vie quelque peu excessive (on peut en tout cas douter que l'article du Matin, qui n’a certainement pas été sollicité par les principaux protagonistes et résulte plus vraisemblablement de l’exploitation habile et forcée d’une confidence par personnes interposées, contribue à la consolidation / reconstruction). Mais c'est certainement vrai, tant la réaction individuelle à toute forme de traumatisme peut varier, de l'hypersensibilité dévastatrice à la résilience la plus extraordinaire. Il n'est malheureusement pas donné à tout le monde de voir un côté humoristique ou flatteur dans un événement objectivement humiliant, dégradant, ou de savoir comment l’affronter directement. Les conflits portant sur le comportement sexuel sont une galerie de situations dans lesquelles ce sont surtout des éléments de psychologie comportementale qui font défaut: l’estime de soi, la juste évaluation de la personnalité de l’autre -- et une réplique adéquate, un coup de genou bien placé. A défaut, en parler à son médecin n'était vraiment pas la plus mauvaise manière d'avancer, il reste à espérer qu'il était formé à l'écoute active, ce qui n'est nullement évident; il paraît avoir au moins évité l’ironie ou l’incrédulité, c’est déjà ça.
Dans un film (et faute de l’indice matériel irréfutable que proposait Almodovar), on rêverait que l'Hôpital place l'infirmier sous observation sans le lui dire, voire parvienne à le faire avouer dans un entretien manipulateur: tout serait réglé. Mais c’est oublier que la plainte peut aussi avoir été inventée, bien sûr. La responsabilité de l'employeur n'est donc pas de payer un avocat au patient (ça c'est plutôt une interprétation audacieuse de sa responsabilité comme entreprise prestataire de services), mais bien d'informer ouvertement le collaborateur soupçonné de la plainte reçue, voire de le défendre vis-à-vis de l'extérieur, tout en investiguant en interne... Ici aussi (plus encore si l'affaire est portée devant la justice) la juridification n’est pas garante d’efficacité ni exempte d'éventuels dommages collatéraux.
Celui qui saura proposer une synthèse des garanties procédurales pour les parties et des connaissances de la psychologie humaine méritera un prix: on commence seulement d'en voir une ébauche avec les approches de médiation civile ou pénale.
COMPLEMENT DU 11.12: Sur le site du Matin on peut aussi consulter la statistique des articles les plus envoyés / sauvés / imprimés par les internautes. Fellation sous narcose est actuellement No 1 du mois dans les trois catégories; suivent de près: Le sexe des Suisses: 14,48 cm... (les points de suspension sont du Matin, je ne me permettrais pas!) et Guérir l'homosexualité par la prière.
Passé le temps de la franche rigolade ou de la commisération amusée (tant cet épisode est le revers hors norme de fantasmes communs), le pisse-froid de service se doit de souligner que les abus sexuels dans les établissements hospitaliers sont une réalité endémique (à basse intensité, quand même). Mais les situations, bien plus fréquentes, d'actes (hétéro)sexuels sur des patientes se prêtent moins à la médiatisation populiste -- et quand ça arrive, c'est alors vraiment sur le registre de la peur. Pour un cas où la victime sous anesthésie se réveille trop vite...
Si j’en crois un vieux feuilleton d'été du Monde, Harmonie ou les horreurs de la guerre, de Jean Freustié, où une équipe médicale est confrontée au phénomène, la narcose n’est pas moins propice que le sommeil naturel à l’érection; j’ignore si la scène figure dans le film qui en a été tiré, selon la recherche que je viens de faire (avec Alain Delon, mais pas comme patient!). Et j’ai un autre souvenir hospitalier, celui d’un réveil matinal douloureux alors que j’étais équipé, si c’est le mot qui convient, d’une sonde urinaire, qui témoigne (pour apporter un élément de réponse à une question que Guillaume Barry ne doit pas être le seul à se poser) que l’éjaculation reste possible dans les situations les plus inattendues -- c’est d’ailleurs une fantaisie qui a ses amateurs, apparemment, mais pas de ceci sur ce blog, tout de même.
Certains trouveront l'affirmation du patient qu’une telle expérience aurait pu détruire sa vie quelque peu excessive (on peut en tout cas douter que l'article du Matin, qui n’a certainement pas été sollicité par les principaux protagonistes et résulte plus vraisemblablement de l’exploitation habile et forcée d’une confidence par personnes interposées, contribue à la consolidation / reconstruction). Mais c'est certainement vrai, tant la réaction individuelle à toute forme de traumatisme peut varier, de l'hypersensibilité dévastatrice à la résilience la plus extraordinaire. Il n'est malheureusement pas donné à tout le monde de voir un côté humoristique ou flatteur dans un événement objectivement humiliant, dégradant, ou de savoir comment l’affronter directement. Les conflits portant sur le comportement sexuel sont une galerie de situations dans lesquelles ce sont surtout des éléments de psychologie comportementale qui font défaut: l’estime de soi, la juste évaluation de la personnalité de l’autre -- et une réplique adéquate, un coup de genou bien placé. A défaut, en parler à son médecin n'était vraiment pas la plus mauvaise manière d'avancer, il reste à espérer qu'il était formé à l'écoute active, ce qui n'est nullement évident; il paraît avoir au moins évité l’ironie ou l’incrédulité, c’est déjà ça.
Dans un film (et faute de l’indice matériel irréfutable que proposait Almodovar), on rêverait que l'Hôpital place l'infirmier sous observation sans le lui dire, voire parvienne à le faire avouer dans un entretien manipulateur: tout serait réglé. Mais c’est oublier que la plainte peut aussi avoir été inventée, bien sûr. La responsabilité de l'employeur n'est donc pas de payer un avocat au patient (ça c'est plutôt une interprétation audacieuse de sa responsabilité comme entreprise prestataire de services), mais bien d'informer ouvertement le collaborateur soupçonné de la plainte reçue, voire de le défendre vis-à-vis de l'extérieur, tout en investiguant en interne... Ici aussi (plus encore si l'affaire est portée devant la justice) la juridification n’est pas garante d’efficacité ni exempte d'éventuels dommages collatéraux.
Celui qui saura proposer une synthèse des garanties procédurales pour les parties et des connaissances de la psychologie humaine méritera un prix: on commence seulement d'en voir une ébauche avec les approches de médiation civile ou pénale.
COMPLEMENT DU 11.12: Sur le site du Matin on peut aussi consulter la statistique des articles les plus envoyés / sauvés / imprimés par les internautes. Fellation sous narcose est actuellement No 1 du mois dans les trois catégories; suivent de près: Le sexe des Suisses: 14,48 cm... (les points de suspension sont du Matin, je ne me permettrais pas!) et Guérir l'homosexualité par la prière.
Mariage gay et égalité de traitement
La Cour suprême du Canada vient de répondre à une question inverse de celle qui est posée d'ordinaire: est-il bien conforme aux droits fondamentaux d'autoriser le mariage de deux personnes de même sexe? La réponse est oui, bien sûr (texte intégral en français -- merci Paxatagore).
Et je trouve cette procédure, initiée par le gouvernement canadien avant de saisir le Parlement d'un projet de loi dans ce sens, beaucoup plus satisfaisante que l'activisme tendant à courcircuiter le législateur pour imposer par voie jurisprudentielle une redéfinition du mariage.
Une législation sur le mariage peut certes être modifiée pour s'appliquer indifféremment à un couple homme-femme, un couple d'hommes ou un couple de femmes. Mais les droits fondamentaux de tous sont aussi pleinement respectés si l'on institue, à côté d'un régime appelé mariage pour les couples hétéros (qui, comme le faisait remarquer la représentante du gouvernement britannique à la Chambre des lords en réponse à Lord Tebbit, peut contenir des particularités techniques telles que la nullité en cas d'incapacité de l'homme à pénétrer son épouse; elles devront inévitablement être modifiées si l'on préfère l'option du mariage dématrimonialisé) et un autre régime déployant des effets pour l'essentiel similaires à l'intention des couples de même sexe, appelé partenariat enregistré (civil union, civil partenership): contrairement au cliché, c'est le mariage traditionnel qui souligne dans sa définition même un contenu sexuel, pas son analogue (ou homologue).
L'égalité peut être atteinte en traitant deux choses similaires mais différentes de manière similaire mais différente -- comme elle peut aussi être atteinte en gommant ces différences dans un même traitement si le résultat reste satisfaisant pour tous: quand ce choix existe, la démocratie voudrait qu'il relève du politique (Vermont) et non du seul juge (Massachusetts). En Europe c'est aux politiques que les partisans de la reconnaissance des couples de même sexe se sont adressés, beaucoup plus qu'aux juges; et en Suisse, pays de démocratie directe, c'est au peuple: d'abord en sollicitant des signatures pour une pétition afin de faire bouger les politiques, puis l'an prochain à l'occasion de la votation populaire sur la loi fédérale sur le partenariat enregistré entre personnes de même sexe.
Et je trouve cette procédure, initiée par le gouvernement canadien avant de saisir le Parlement d'un projet de loi dans ce sens, beaucoup plus satisfaisante que l'activisme tendant à courcircuiter le législateur pour imposer par voie jurisprudentielle une redéfinition du mariage.
Une législation sur le mariage peut certes être modifiée pour s'appliquer indifféremment à un couple homme-femme, un couple d'hommes ou un couple de femmes. Mais les droits fondamentaux de tous sont aussi pleinement respectés si l'on institue, à côté d'un régime appelé mariage pour les couples hétéros (qui, comme le faisait remarquer la représentante du gouvernement britannique à la Chambre des lords en réponse à Lord Tebbit, peut contenir des particularités techniques telles que la nullité en cas d'incapacité de l'homme à pénétrer son épouse; elles devront inévitablement être modifiées si l'on préfère l'option du mariage dématrimonialisé) et un autre régime déployant des effets pour l'essentiel similaires à l'intention des couples de même sexe, appelé partenariat enregistré (civil union, civil partenership): contrairement au cliché, c'est le mariage traditionnel qui souligne dans sa définition même un contenu sexuel, pas son analogue (ou homologue).
L'égalité peut être atteinte en traitant deux choses similaires mais différentes de manière similaire mais différente -- comme elle peut aussi être atteinte en gommant ces différences dans un même traitement si le résultat reste satisfaisant pour tous: quand ce choix existe, la démocratie voudrait qu'il relève du politique (Vermont) et non du seul juge (Massachusetts). En Europe c'est aux politiques que les partisans de la reconnaissance des couples de même sexe se sont adressés, beaucoup plus qu'aux juges; et en Suisse, pays de démocratie directe, c'est au peuple: d'abord en sollicitant des signatures pour une pétition afin de faire bouger les politiques, puis l'an prochain à l'occasion de la votation populaire sur la loi fédérale sur le partenariat enregistré entre personnes de même sexe.
Rome, département français
Fascinante carte des départements sous l'Empire, dénichée par Ceteris Paribus.
Apparemment le département du Léman dont Genève était la préfecture trouvait sa limite au Rhône, la rive droite étant curieusement rattachée au département de l'Ain.
Apparemment le département du Léman dont Genève était la préfecture trouvait sa limite au Rhône, la rive droite étant curieusement rattachée au département de l'Ain.
7.12.04
Quelle réforme de l'ONU?
Ce qui est inquiétant, c'est l'absence complète de débat en Europe. Il faut donc à nouveau recourir au Wall Street Journal pour découvrir un point de vue radicalement différent de celui du New York Times...
COMPLEMENT DU 9.12: Une chronique de Fareed Zakaria parue dans Newsweek (via Ceteris Paribus).
COMPLEMENT DU 9.12: Une chronique de Fareed Zakaria parue dans Newsweek (via Ceteris Paribus).
6.12.04
Bonnes nouvelles d'Irak (16)
Pour comprendre ce qui se passe réellement en Irak, lisez la compilation d'informations rassemblées par Arthur Chrenkoff et retrouvez le sens de la perspective...
Et découvrez comment vous pouvez, de votre clavier, apporter votre contribution personnelle à la reconstruction de l'Irak, et plus généralement du Moyen-Orient, et à l'expansion de la démocratie et du développement économique comme véritable antidote à l'islamofascisme...
Et découvrez comment vous pouvez, de votre clavier, apporter votre contribution personnelle à la reconstruction de l'Irak, et plus généralement du Moyen-Orient, et à l'expansion de la démocratie et du développement économique comme véritable antidote à l'islamofascisme...
4.12.04
Révolution orange en Ukraine
3.12.04
Les Républicains ont même de l'humour
Je m'y suis laissé prendre une fois, emporté par l'humour sarcastique de James Taranto du Best of the Web (Wall Street Journal), mais pas deux: le Boca Raton News est manifestement un journal satirique, de la même manière que The Onion, et non le quotidien local de province dont il revêt la forme. Il faut reconnaître que les avis mortuaires ou la rubrique sportive font parfaitement illusion.
Envie de bloguer? Le Monde vous attend!
Ai-je déjà chanté ici les louanges de l'abonnement électronique au Monde (59 € par an, que je paie joyeusement en sus de l'achat du quotidien tous les jours)? En musardant ce matin je tombe sur une nouveauté: il y avait déjà les blogs maison (qui se sont récemment diversifiés), mais désormais Le Monde héberge aussi gratuitement les blogs de ses abonnés sur une plateforme TypePad. Ca vient vraiment de débuter, c'est donc encore un peu balbutiant: aucun des blogs auquel j'ai jeté un coup d'oeil n'a de blogroll (mais il est prévu dans l'installation); ce sont pourtant de vrais blogs, avec leur propre adresse (du type nom.blog.lemonde.fr), des permaliens pour les billets et des commentaires que l'on peut gérer, pas la version Jardin d'enfants que propose le site du Nouvel Observateur (sorte de bâtard entre un forum et un blog dont on est à peu près assuré que ce qui s'y écrit est immédiatement perdu). Dans les deux cas, toutefois, l'éditeur se réserve un droit de regard sur le contenu... Pas sûr que Le Monde Watch soit le bienvenu!
On a ainsi en quelque sorte les stades piagétiens du blog:
On a ainsi en quelque sorte les stades piagétiens du blog:
- les premiers pas sous l'oeil du grand frère, dans l'univers familier de son journal habituel;
- puis les joies de l'autonomie avec l'utilisation d'outils et d'hébergeurs spécialisés comme Blogger, TypePad, U-Blog etc.;
- et enfin l'âge adulte du bidouillage de programmes que l'on télécharge, comme DotClear ou WordPress, pour gérer en toute liberté son blog chez l'hébergeur de son choix avec une adresse Internet spécifique... (Un swissroll s'y hâte lentement!).
P.S. Pour Le Monde, c'est du neuf vraiment nouveau: je vois que Jean-Pierre Cloutier le signale aussi. J'en profite pour attirer votre attention sur l'adjonction au blogroll du prophète francophone (et un peu Mgr Ratzinger, mais c'est pour notre bien!) de l'Internet, vétéran chroniqueur de la Cybérie, pour ceux qui ont connu ces temps héroïques où l'information passait par des listes de diffusion...
2.12.04
Réforme de l'ONU
Il commençait de filtrer depuis quelques jours, il est désormais officiellement en ligne: le rapport Un monde plus sûr: notre affaire à tous du Groupe de personnalités de haut niveau (Badinter, Brundtland, notamment) sur les menaces, les défis et le changement nommé l'an dernier par Kofi Annan. Au menu: des propos pleins de bon sens sur l'interdépendance et les nouvelles menaces, une définition sans compromission du terrorisme, des propositions institutionnelles touchant le Conseil de sécurité et d'autres organes...
Reste à voir si cela va assez loin, et surtout si Kofi Annan a encore la crédibilité personnelle nécessaire pour faire quoi que ce soit, alors que la corruption et l'incompétence dans la gestion des sanctions contre l'Irak (programme Pétrole contre nourriture) engage sa responsabilité. Ce n'est pas que je sois réellement partisan de le remplacer par Vaclav Havel; je préférerais à tout prendre le président polonais Alexander Kwasniewski proposé par Arthur Chrenkoff.
Je pensais aussi à la Pologne à propos de cette curieuse idée de donner un siège européen supplémentaire au Conseil de sécurité à l'Allemagne (mais l'Italie le revendique aussi): il s'agit peut-être d'effacer les cicatrices de la deuxième guerre mondiale, mais franchement c'est un peu dépassé, le rapport est censé adapter la structure de 1945 à 2005, que diable! Avec la Pologne, on aurait au moins un grand pays européen qui a autre expérience historique et géopolitique à apporter (on le voit à l'oeuvre ces jours en Ukraine) -- et que la Françallemagne se partage un siège plutôt que d'avoir deux voix...
COMPLEMENT DU 4.12: Dans un éditorial, le Financial Times d'aujourd'hui offre un autre éclairage. Il relativise trop à mon goût le scandale du détournement du programme Pétrole contre nourriture (qui, comme le relève ce billet de Jeff Weintraub sur Normblog, retire tout fondement à la critique des sanctions en raison de leurs prétendues conséquences néfastes pour le peuple irakien et confirme que l'intervention était indispensable) mais souligne l'importance de ne pas briser l'ONU; c'est une leçon que Chirac devrait aussi assimiler: comme je ne me lasse pas de le répéter, on n'en serait pas là s'il n'avait pas saboté le travail du Conseil de sécurité avant et après la résolution 1441.
Reste à voir si cela va assez loin, et surtout si Kofi Annan a encore la crédibilité personnelle nécessaire pour faire quoi que ce soit, alors que la corruption et l'incompétence dans la gestion des sanctions contre l'Irak (programme Pétrole contre nourriture) engage sa responsabilité. Ce n'est pas que je sois réellement partisan de le remplacer par Vaclav Havel; je préférerais à tout prendre le président polonais Alexander Kwasniewski proposé par Arthur Chrenkoff.
Je pensais aussi à la Pologne à propos de cette curieuse idée de donner un siège européen supplémentaire au Conseil de sécurité à l'Allemagne (mais l'Italie le revendique aussi): il s'agit peut-être d'effacer les cicatrices de la deuxième guerre mondiale, mais franchement c'est un peu dépassé, le rapport est censé adapter la structure de 1945 à 2005, que diable! Avec la Pologne, on aurait au moins un grand pays européen qui a autre expérience historique et géopolitique à apporter (on le voit à l'oeuvre ces jours en Ukraine) -- et que la Françallemagne se partage un siège plutôt que d'avoir deux voix...
COMPLEMENT DU 4.12: Dans un éditorial, le Financial Times d'aujourd'hui offre un autre éclairage. Il relativise trop à mon goût le scandale du détournement du programme Pétrole contre nourriture (qui, comme le relève ce billet de Jeff Weintraub sur Normblog, retire tout fondement à la critique des sanctions en raison de leurs prétendues conséquences néfastes pour le peuple irakien et confirme que l'intervention était indispensable) mais souligne l'importance de ne pas briser l'ONU; c'est une leçon que Chirac devrait aussi assimiler: comme je ne me lasse pas de le répéter, on n'en serait pas là s'il n'avait pas saboté le travail du Conseil de sécurité avant et après la résolution 1441.
Débat: la réponse du CICR
La Tribune de Genève d'aujourd'hui publie une réponse à mon article paru le 25 novembre (fondé sur ce billet du 21 novembre):
Je ne dénie bien sûr pas aux combattants irakiens de la guerilla le droit d’être protégés, ni ne suggère leur élimination sans autre forme de procès. «Tous des terroristes!» n'est pas une citation de mon article, ni même de ce blog. En revanche la citation de Camus aurait bien convenu au fait d'appeler «assassinat» deux actes aussi dissemblables que la mort d'un combattant blessé et celle d'une otage civile...
Les Conventions de Genève ne peuvent tolérer les «bavures»
Genève, 30 novembre. — Dans un article publié par la Tribune de Genève du 25 novembre 2004 sous le titre «Irak, quand le CICR discrédite l’humanitaire», M. François Brutsch brocarde la réaction du CICR appelant «à un meilleur respect des normes fondamentales de l’humanité» par la voix de son directeur des opérations, M. Pierre Krähenbühl. M. Brutsch s’offusque notamment du passage suivant, relatif à la guerre en Irak: «Le monde entier a été choqué, cette semaine, par deux assassinats, celui d’un combattant blessé et, à nouveau, celui d’une personne retenue en otage, la responsable humanitaire, Margaret Hassan.»
Il faut le répéter: la guerre est un paroxysme. Un paroxysme qui génère la mort, l’horreur et l’abjection, en Irak comme ailleurs. Toutefois, nul combattant— quelle que soit son origine et ses objectifs — ne peut se soustraire, être dispensé ou se voir privé du devoir d’humanité. Transiger sur cette exigence conduit immanquablement à se prévaloir d’une légitimité qui confine pour ceux qui s’en réclament au ralliement à une «guerre juste». C’est là un terrain délicat, celui du manichéisme, où l’on se fourvoie plus souvent qu’à son tour, car toute violence autolégitimée ne fait qu’envenimer une situation de conflit. En octroyant un certificat de bonne conduite aux forces armées de la coalition en Irak, votre invité fait un choix partisan qui est son affaire. Mais là où il s’égare, c’est lorsqu’il dénie aux combattants irakiens de la guerilla le droit d’être protégés et suggère du même coup leur élimination sans autre forme de procès. «Tous des terroristes!» ça vous rappelle quelque chose? En s’appuyant sur la logique simplificatrice des «bons et des méchants», tout abus commis par «les bons» se justifie moralement et en général on le taxe au pire de «bavure», à l’instar de votre invité.
Les Conventions de Genève ne sont pas un menu dans lequel on fait son choix en fonction de l’inspiration du moment. Elles constituent une synthèse universelle des limites à la violence en temps de guerre. Elles doivent être appliquées par tous et en toutes circonstances. Elles prévoient que ceux qui violent le droit humanitaire soient poursuivis et sanctionnés, sans préalable de réciprocité. Rappeler ces quelques éléments fondamentaux à tous les belligérants fait partie du devoir d’humanité. Et relève du devoir de clarté en ces temps brumeux propices aux rumeurs et aux insinuations, car comme le souligne Albert Camus: «Mal nommer les choses, c’est ajouter de la souffrance au monde.»
Jean-François Berger, rédacteur en chef au CICR du magazine «Croix-Rouge Croissant-Rouge»
Je ne dénie bien sûr pas aux combattants irakiens de la guerilla le droit d’être protégés, ni ne suggère leur élimination sans autre forme de procès. «Tous des terroristes!» n'est pas une citation de mon article, ni même de ce blog. En revanche la citation de Camus aurait bien convenu au fait d'appeler «assassinat» deux actes aussi dissemblables que la mort d'un combattant blessé et celle d'une otage civile...
Pas forcément mauvais pour Fabius, hélas
Ouf! Le référendum interne des socialistes français donne une confortable majorité au "oui" au traité constitutionnel de l'UE, et dans des conditions de légitimité indiscutable. Dans le monde retors de la politique partidaire (selon le mot venu du portuguais qui s'était popularisé après la révolution des oeillets du 25 avril 1974), ce n'était toutefois pas la seule question...
François Hollande a-t-il acquis une stature de présidentiable? Bof, je ne trouve pas, non: il est toujours le "bébé Cadum" dont une amie à moi l'accable (les sourcils d'Emmanuelli, en revanche, la font chavirer...). Dans ce camp-là, c'est clairement Strauss-Kahn le meilleur. Fabius a-t-il ruiné ses chances? Certainement pas, je dirais même au contraire. J'étais dès le début convaincu que c'est par opportunisme qu'il s'est positionné en faveur du "non"; avec ce résultat, il acquiert l'épaisseur de celui qui a pris un vrai risque, de celui qui a même perdu (corrigeant son image de premier de classe). Il n'a même pas à assumer les conséquences désastreuses d'une victoire, et c'est un écart qu'il peut faire oublier comme les précédents, d'ici 2007, pour se positionner en rassembleur efficace d'un réformisme (il rassure) de gauche (il peut prendre l'accent) et, bien sûr, pro-européen...
François Hollande a-t-il acquis une stature de présidentiable? Bof, je ne trouve pas, non: il est toujours le "bébé Cadum" dont une amie à moi l'accable (les sourcils d'Emmanuelli, en revanche, la font chavirer...). Dans ce camp-là, c'est clairement Strauss-Kahn le meilleur. Fabius a-t-il ruiné ses chances? Certainement pas, je dirais même au contraire. J'étais dès le début convaincu que c'est par opportunisme qu'il s'est positionné en faveur du "non"; avec ce résultat, il acquiert l'épaisseur de celui qui a pris un vrai risque, de celui qui a même perdu (corrigeant son image de premier de classe). Il n'a même pas à assumer les conséquences désastreuses d'une victoire, et c'est un écart qu'il peut faire oublier comme les précédents, d'ici 2007, pour se positionner en rassembleur efficace d'un réformisme (il rassure) de gauche (il peut prendre l'accent) et, bien sûr, pro-européen...
1.12.04
Traitement des détenus de Guantanamo
Selon une fuite dont a bénéficié le New York Times, le Comité international de la Croix-Rouge, qui a accès aux détenus de Guantanamo, aurait adressé aux autorités américaines compétentes un rapport dénonçant des mesures de coercition psychologique et parfois physique équivalentes à de la torture et des actes contraires à l'éthique médicale. C'est bien sûr grave, et c'est précisément pourquoi il serait important que le CICR n'ait pas galvaudé sa crédibilité...
L'accès au site du NYT est gratuit après enregistrement: voir l'article d'hier, une suite et un éditorial dans l'édition d'aujourd'hui. Voir une adaptation française dans Le Monde d'aujourd'hui. Voir aussi un communiqué du CICR d'hier qui, c'est intéressant, en revient à sa politique traditionnelle de confidentialité. [COMPLEMENT DU 2.12: réponse musclée au CICR dans un éditorial du Wall Street Journal.]
Et voici un index des précédents billets publiés sur ce blog à propos de la problématique des détenus, du droit humanitaire et de l'usage de la torture:
05.09.03 L'école française de la torture
01.05.04 Torture en Irak
08.05.04 Génération Jackass
09.05.04 Philippe Morillon sur la torture en Irak
09.05.04 S'il est permis d'envisager l'hypothèse d'un complot
09.05.04 Torture en Suisse
09.05.04 A lire sur CheckPoint
14.05.04 Le CICR en question
15.05.04 "Tous des Lynndie England?"
18.05.04 Une guerre sans justice
22.05.04 Soldats suisses tortionnaires
07.06.04 Vers une nouvelle étape du droit international
07.06.04 Torture
16.06.04 Torture, morale et politique
25.09.04 Respect du droit humanitaire
21.11.04 Encore une organisation qui se discrédite
L'accès au site du NYT est gratuit après enregistrement: voir l'article d'hier, une suite et un éditorial dans l'édition d'aujourd'hui. Voir une adaptation française dans Le Monde d'aujourd'hui. Voir aussi un communiqué du CICR d'hier qui, c'est intéressant, en revient à sa politique traditionnelle de confidentialité. [COMPLEMENT DU 2.12: réponse musclée au CICR dans un éditorial du Wall Street Journal.]
Et voici un index des précédents billets publiés sur ce blog à propos de la problématique des détenus, du droit humanitaire et de l'usage de la torture:
05.09.03 L'école française de la torture
01.05.04 Torture en Irak
08.05.04 Génération Jackass
09.05.04 Philippe Morillon sur la torture en Irak
09.05.04 S'il est permis d'envisager l'hypothèse d'un complot
09.05.04 Torture en Suisse
09.05.04 A lire sur CheckPoint
14.05.04 Le CICR en question
15.05.04 "Tous des Lynndie England?"
18.05.04 Une guerre sans justice
22.05.04 Soldats suisses tortionnaires
07.06.04 Vers une nouvelle étape du droit international
07.06.04 Torture
16.06.04 Torture, morale et politique
25.09.04 Respect du droit humanitaire
21.11.04 Encore une organisation qui se discrédite